Tous les articles par Claude Carpentier

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Le rythme du spectacle le rêve de Djembé

 

Le rytme de Djembé 

2- Le Roger’s style.

·1- 2- 3- 4- 5- 6- 7……… 1- 2…………3- 4

( 7 fois sur le djembé une main à la fois ; 2 fois en suivant à 2 mains sur son djembé ; 2 fois en suivant sur le djembé de celui qui est à gauche.) (      fois).

·1- 2 -3 4- 5- 6- 7…….. 1- 2 …………3- 4

(7 : grave, aigu à 2 mains ; 2 fois à deux mains sur son djembé ; 2 fois à deux mains sur le

djembé de celui qui est à gauche). (     fois).

·1- 2- 3- 4- 5…………….  1- 2- 3………………… 1- 2

(5 fois sur le djembé une main à la fois ; 3 fois à deux mains sur son djembé ; 2 fois à deux

mains sur le djembé de celui qui est à gauche). (    fois).

A nouveau, reprise du premier rythme.

Enfin:taper un petit bruit sur le djembé comme la pluie qui tombe.

3- Autres rythmes.

Les enfants comptent en africain de 1 à 4 ; puis ils font des rythmes, après que Marcel ait compté jusqu’à 2.

·Mama : la berceuse : 1-2 : aigu ; 3 : grave. (       fois).

·1- 2- 3- 4-5 -6 : aigu ; 7 : grave. (     fois).

·Banane : 1- 2- 3 / 4- 5 / 6- 7 / 8- 9 (bis) banane.

4- Danses avec les trois groupes.

·La danse Nkoyi (la danse du lion).

·La danse Mboma (la danse du boa).

·La danse Mpakassa (la danse du buffle).

5- Les mains en l’air qui se balancent de droite à gauche, et au moment où Marcel donne le signal, les enfants tapent vite et fort sur le djembé.

Une deuxième fois doucement.

Une troisième fois : fort.

6- Rythmes et chants.

  • ·Agui agui nawa one two three (en claquant des doigts)

sur le djembé : grave, grave, aigu, aigu, grave, grave, aigu. (        fois).

A la fin, on tape deux fois sur le djembé.

·Olé lé

7- Reprise du numéro 5.

8- Mako today to nanana.

9- Rythme de djembé.

·1- 2- 3- 4- 5 (aigu : 2 mains)// 1- 2- 3- 4 (grave : 1 main),

·1- 2- 3- 4 sur le djembé ; puis, taper quatre fois dans les mains (bis) : 1- 2- 3- 4- 5 sur le djembé (     fois).

10- Danses collectives.

·La danse du gorille.

·On va faire tous faire un saut.

11- Chant collectif .

Kende Kolouka Mayi.

12- Avec les parents que Marcel va solliciter : On prend, on ramène, on met dans le panier…

Ce sera le final.

←Retour vers le spectacle 

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Projet Djembé en CE1

Ce projet permet par un travail transdisciplinaire et ludique de confronter les élèves aux valeurs humanistes de partage et de fraternité.

Partie intégrante de la séquence « L’homme a t-il une couleur ? Construire un itnéraire humaniste en CE1 », il  fait suite à l’exposé sur le film Sur le Chemin de l’école.

Présentation du projet :

Durée du projet : 6 mois en raison d’1 séance par semaine d’environ 1h15.

Ce projet requiert la participation de  Marcel Bimbeni, professeur de djembé, originaire du Congo.

Description de la démarche  et des phases d’apprentissage :

 Découverte de l’instrument : chaque enfant dispose d’un djembé. Les enfants avec Marcel et l’enseignante se placent en rond. Marcel explique aux enfants les différents sons du djembé, en particulier les sons « aigu »  (au bord du djembé) et « grave » (au milieu du djembé).

Apprentissage de chansons et rythmes, ainsi que de « comptines »: 

 Premier rythme appris : grave, grave, aigu, aigu, grave, grave, aigu. Les enfants apprennent ce rythme, tantôt tous ensemble, tantôt par groupe afin d’apprendre à s’écouter.

D’autres rythmes succéderont au cours des séances, qui sont répétés en classe en tapant sur les jambes (aigu : les cuisses ; grave : les genoux). Rythmes expliqués dans le déroulement du spectacle. 

Les « comptines » et chansons :

 « Bonjour lundi » : chaque enfant dit une phrase en s’adressant au suivant….

–               Bonjour lundi

–               Bonjour mardi

–               Où vas-tu mercredi ?

–               Je vais voir jeudi.

–               Tu diras à vendredi

–               Que la fête de samedi

–               Aura lieu dimanche.

Puis, cette « comptine est reprise ensemble.

Chanson apprise en classe : Kendé kolouka mayy (les enfantastiques) : chanson qui parle de l’importance de l’eau dans la vie de tous les jours et de cette quête de l’eau  dont nous n’avons pas conscience puisqu’il suffit d’ouvrir un robinet pour avoir de l’eau.

Petite pièce de théâtre (elle dure une heure en tout).  Chaque enfant a une phrase ou un morceau de phrase afin d’expliquer l’importance d’apprendre et donc d’aller à l’école .

Toute une gestuelle est travaillée pour accompagner l’intervention de chaque enfant.

Au départ, les enfants dorment. Marcel tape un rythme ; 3 enfants, l’un après l’autre, puis, tous ensemble font le cri du coq. Marcel refait le cri du coq ; les enfants se réveillent et disent en congolais : Boussi bou kieri. La pièce commence. Adam est allongé au milieu, et tout au long de la pièce, les enfants vont venir vers lui dire leur phrase en accompagnant celle-ci d’un geste.

Création de danses avec les enfants : 3 danses car les enfants sont nombreux (29 au début du projet, 30 à la fin). Une partie de ces danses est basée sur l’improvisation des enfants (Marcel jouant au djembé) ; le reste est une chorégraphie réalisée en partenariat entre Marcel et les enfants.

Danses collectives : « la danse du gorille » ; « un p’tit saut » ; « on prend, on ramène, on met dans le panier, on passe là-bas ».

Tout au long des séances le projet s’est étoffé, sans jamais être figé, c’est à dire que Marcel a toujours tenu compte de ce qui était vécu en classe pour l’intégrer dans le spectacle.

Les costumes ont été prêtés par Marcel, pour le jour du spectacle:

« Le rêve de djembé »  est représenté le 29 Mars 2014  à Notre Dame de Lourdes 

 Le spectacle retrace en fait le parcours d’un petit garçon, Jean-Baptiste, qui doit aller à l’école. Les voix des enfants lui demandent de se préparer, de prendre l’école au sérieux, et de croire en son avenir. Au début du spectacle, les enfants sont installés en rond avec les djembés devant eux. Ils sont courbés vers l’avant et ont sur le dos une feuille de couleur attachée.

 début

 

Puis, les rythmes  qui caractérisent le spectacle Djembe commencent en même temps que se fait l’accueil des parents qui s’installent.

→Rythmes et chants  du spectacle 

 

 

Tout le monde dort. Adam est déjà installé au milieu de la pièce et , lui, ne se réveille pas.

Trois coqs se mettent à chanter : Aurélien, Jean-Baptiste et Siméon.

Tout le monde se réveille et à ce moment là, les enfants commencent : « Bonjour lundi, bonjour mardi, où vas-tu mercredi ? Je vais voir jeudi. Tu diras à vendredi que la fête de samedi aura lieu dimanche ».

D’abord un enfant à la fois en suivant ; puis, tous ensemble. (avec les gestes).

ACER ACER

Ensuite  intervient la pièce de théâtre avec Adam.

C’est Pauline qui commence la piècePauline (arrive  et lui dit en le secouant) : Ecolier, écolier, réveille-toi !

Yvan : Ne crains pas le froid !

Marthe : Vois le soleil qui s’est levé !

On entend la cloche sonner : ding, dong ; ding, dong !!!

Loan : Et la cloche a sonné.

Jean-Baptiste s’étire, se brosse les dents, se lave accroupi, s’essuie, se regarde dans le miroir, s’habille.

Manon : Ecolier, cours vite à l’école !

Jean-Baptiste continue de se préparer, prend ses cahiers, son cartable.

Louis J (avec l’index levé) : Car le temps s’envole !

Eva : Il faut marcher vite !

Adam : Oui, car le temps perdu ne se rattrape pas.

Carla : Il faut regarder à gauche et à droite avant de regarder les rues.

Loïc : Ecolier, écoute ma voix !

Elise : Ne t’amuse pas !

Maxime : Si tu ne travailles pas bien à l’école, tu seras ignorant.

Océane : Et l’ignorance est un danger.

Matthieu : Que tout être humain doit éviter !

Jean-Baptiste se lève.

Jean-Baptiste : L’an passé, cela va sans dire

Siméon : j’étais petit !

Arthur : Mais à présent

Louis G. : que je sais compter

Aurélien : lire et écrire,

Louise : c’est bien certain

Anaïs : que je suis devenue grande !

Gabriel (tournant) :Aujourd’hui et demain

Matt : le temps se fera.

Alex : Car c’est en apprenant

Enzo : de nouvelles choses

Charles : que l’on évolue.

Hugo : Eh oui, nous sommes tous des apprentis ;

Anna : toute la vie.

Claire : Voilà pourquoi, chaque jour, j’apprendrai davantage.

 

 

 

 BILAN 

 Ce projet vise à développer plusieurs compétences 

Compétence  5 : La culture humaniste/ Pratiques artistiques et histoire des arts. Découverte du temps et de l’espace 

 Ce projet permet de découvrir les éléments culturels d’un autre pays, et de se repérer dans le temps, avec l’alternance des jours par exemple. L’enfant se réveille aussi le matin, et doit se rendre à l’école, ce qui l’inscrit bien dans une temporalité.   

Il est  recommandé  en classe de CP et de CE1, de connaître une dizaine de comptines, de chansons, et de s’exercer à « l’expression musicale collective » et de chanter en faisant attention à l ‘« exactitude rythmique ».

Le projet  Djembé s’inscrit bien dans ces recommandations en développant la capacité à s’exprimer par le chant, la danse En effet Le langage oral est particulièrement exploité dans le cadre du spectacle : il initie les élèves de CE1 à la culture africaine par le biais d’un instrument de musique. Les élèves doivent non seulement mémoriser leur texte, mais aussi le rythme musical.  le spectacle alterne partie de djembé, danse des enfants et chants.  

 Ce spectacle permet  enfin aux élèves de travailler en collaboration, de mémoriser et de prononcer sa phrase en l’interprétant  de manière expressive.

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Mes cinq mots pour défendre les valeurs humanistes

 

Rappel :

 

Dans le cadre de l’étude du Slam « ça c’est du lourd  » et après avoir dialogué spontanément autour de ces valeurs humanistes fondamentales que dont le respect, le rejet du racisme ou encore l’acceptation des différences, il s’agit de produire un oral plus raisonné .

 Les élèves reviennent alors au texte pour construire le bilan personnel de leur lecture. Aidés de la vidéo qui leur permet de mieux percevoir les mots que le slameur a voulu faire « claquer », sonner entre eux, chacun réfléchit aux propres mots qu’ils souhaiteraient extraire de ce slam : les 5 mots qu’il juge les plus pertinents pour rendre compte du projet de l’artiste. Au terme de cette première heure, chaque élève enregistre sa prestation via le logiciel Audacity.

En voici 5 exemples : les prestations de Brice, Fanny, Bryan, Calvin , Kelvin 

←Retour vers débattre des valeurs humanistes au collège 

 

 

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Mon récit de vie à partir du Journal de Zlata

Une production  d’élève 

Rappel du sujet : 

Sujet proposé Zlata qui a maintenant trente ans décide d’écrire son autobiographie. Vous transposerez la page de son journal intime en un récit rétrospectif.

Vous veillerez à exprimer les sentiments de Zlata enfant mais aussi de la narratrice adulte qu’elle est devenue.

Cela fait vingt ans de cela mais je me souviens encore parfaitement de cette journée. Je parlais avec Emina et ma mère quand nous entendîmes de nombreux coups de canon suivis d’une effroyable détonation qui nous déchira les tympans, laissant présager le pire. La panique s’empara de nous quand les vitres furent pulvérisées. Nous étions affolées, terrorisées, épouvantées comme dans un cauchemar.

Je pensais qu’un obus était tombé sur notre maison. Nous n’avions qu’une solution : nous réfugier dans la cave des Bobar. J’entends encore les sanglots de ma mère qui s’inquiétait pour mon père qui était sorti. Je ne pourrai jamais oublier ce moment d’angoisse insupportable.   

Nous avions frôlé la mort ce jour-là et nous fûmes soulagées d’apprendre que  l’obus n’ pas tombé chez nous mais à côté. Lorsque nous sommes retournées dans l’appartement tout était sale et poussiéreux mais nous étions vivantes tout comme mon père qui était rentré sain et sauf.

 

 

Retour vers l’activité d’écriture 

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Améliorer son brouillon en salle informatique

 

Sujet proposé Zlata qui a maintenant trente ans décide d’écrire son autobiographie. Vous transposerez la page de son journal intime en un récit rétrospectif.

Vous veillerez à exprimer les sentiments de Zlata enfant mais aussi de la narratrice adulte qu’elle est devenue.

Hélène Lentieul

Collège Albert Ball Annoeullin

 

Utilisation des TICE : quelques pistes au TBI, video projecteur ou en salle informatique.

Après avoir laissé les élèves travailler quelques minutes individuellement, le professeur pourra faire lire un brouillon choisi en fonction des conseils qu’il juge utilise de donner à sa classe. Selon le matériel dont il dispose -TBI, videoprojecteur ou salle informatique équipée d’un logiciel de pilotage de type Net Support School –  le professeur projettera la copie au tableau ou affichera le travail d’un élève sur tous les écrans de la classe.

L’observation collective de ce brouillon suscitera une réflexion sur l’écriture, les élèves s’interrogeant sur les choix opérés par leur camarade et lui proposant de possibles enrichissements. Cette phase collaborative ne manquera pas de stimuler les jeunes qui éprouvent des difficultés à se lancer dans l’écriture.

Il sera alors intéressant de faire annoter l’écran ou la copie par les élèves en utilisant le stylet du TBI ou les outils d’annotation du logiciel Net Support School (surligneur, flèches etc.) afin de mettre en évidence les modifications à effectuer.

 Un début affiché à la classe :

 Cela fait vingt ans de cela mais je me souviens encore parfaitement de cette journéeJe parlais avec Emina et ma mère quand il y a eu une détonation. Papa n’était pas là et nous sommes tous partis nous réfugier dans la cave des Bobar.  

 La mutualisation : 

La phrase initiale retient l’attention de la classe : l’élève choisit en effet  de situer l’événement par rapport au moment de l’écriture, évoquant ainsi la distance qui sépare le présent de l’énonciation de l’événement raconté, distance qui ne nuit pourtant pas à la netteté du souvenir resté très présent dans son esprit. La narratrice semble indiquer qu’elle est en mesure de faire vivre avec intensité un temps fort de son enfance à ses lecteurs.  Le  style parataxique du journal ne convient donc plus : la narratrice adulte emploiera une syntaxe plus élaborée que celle d’un enfant. Elle cherchera également à souligner ses impressions et ses sensations en employant un vocabulaire plus précis et plus soutenu.

Les élèves remarquent que la seconde phrase n’insiste pas suffisamment sur le bombardement ni sur les réactions de la narratrice enfant. Ils rappellent que la  sensation auditive doit être soulignée car c’est le bruit qui déclenche aussitôt la peur panique.

Une recherche de vocabulaire sera amorcée collectivement à partir des propositions des élèves et de la consultation d’un dictionnaire en ligne comme le TLF.

 

 Fiche outil :

VOCA BRUIT
Suivra une seconde phase d’écriture individuelle
 où chaque élève veillera à exprimer les  sensations auditives de la narratrice. On pourra alors demander aux élèves de justifier les améliorations apportées sous la forme de commentaires, ce qui les incitera à adopter une posture réflexive par rapport à leur production.

La fiche-outil  commencée sera mise à la disposition de tous dans l’espace collaboratif de la classe ou affichée au TBI.

Copie-eleve-zlata
Le travail se poursuivra en alternant phases individuelles d’écriture et phases orales d’échange et de mutualisation. On pourra ainsi améliorer l’expression de la peur de l’enfant dans la troisième phrase de la production initiale  et préciser quel est  le regard de la narratrice adulte sur l’événement.

 

 Une production  d’élève 

Cela fait vingt ans de cela mais je me souviens encore parfaitement de cette journée. Je parlais avec Emina et ma mère quand nous entendîmes de nombreux coups de canon suivis d’une effroyable détonation qui nous déchira les tympans, laissant présager le pire. La panique s’empara de nous quand les vitres furent pulvérisées. Nous étions affolées, terrorisées, épouvantées comme dans un cauchemar.

Je pensais qu’un obus était tombé sur notre maison. Nous n’avions qu’une solution : nous réfugier dans la cave des Bobar. J’entends encore les sanglots de ma mère qui s’inquiétait pour mon père qui était sorti. Je ne pourrai jamais oublier ce moment d’angoisse insupportable.   

Nous avions frôlé la mort ce jour-là et nous fûmes soulagées d’apprendre que  l’obus n’ pas tombé chez nous mais à côté. Lorsque nous sommes retournées dans l’appartement tout était sale et poussiéreux mais nous étions vivantes tout comme mon père qui était rentré sain et sauf.

 

 

 Bilan : compétences mobilisées au cours des différentes activités du projet

Les élèves ont compris les spécificités du récit autobiographique rétrospectif et du journal intime.

Ils ont amélioré leur production écrite par le biais d’une collaboration favorisant l’émergence d’une  réflexion sur la langue.

Ils ont également pris conscience de l’utilité du brouillon et ont appris à utiliser efficacement des dictionnaires numériques.

Enfin, ils ont pris l’habitude de travailler ensemble dans un esprit de collaboration.

←Retour vers l’activité d’écriture : du journal intime de Zlata  au récit de vie

 

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Exploiter « La grande roue » de Vàclav Havel

En prolongement de la séquence « Comment rester homme?  » ou en cours de séquence et selon le projet du professeur on convoquera un texte de l’anthologie p: 137 : VÁCLAV  HAVEL :  « La grande  Roue ».

En effet dans cette pièce où règnent le mensonge, la trahison, le double langage  on proposera aux élèves de lire le texte puis en s’interrogeant sur la situation des protagonistes  de répondre à la question suivante:

Comment comprenez vous les paroles de Max et la décision qu’il prend face à Tourmakoff :

Max:

 « Autrement dit : la seule solution correcte , digne d’un homme vrai , c’est de regrader la vie en face , d’affronter avec courage les tempêtes et les vagues, de ne pas craindre de se salir les mains ni de s’avilir en déjouant les pièges tendus sur les chemins de l’humanité, de se jeter corps et âme dans la lutte finale pour une vie meilleure! »

Tourmakoff:

« Vous êtes  un homme , Max , un vrai! Bravo ! Je suis extrémement touché ….

Tourmakoff tend la main à maxence, ce qui n’est pas chose facile parce que Max a toujours les menottes . ils se serrent les mains . puis Tourmakoff sort du tiroir une feuille , une plume et les dispose solennellement devant Max 

Signez là s’il vous plaît….

←Retour vers « comment rester Homme?

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Lecture analytique du slam d’Abd Al Malik

  •  séance de lecture analytique 

 

Les valeurs défendues par le slameur, fait chevalier des Arts et des Lettres en 2008, à l’aide de ses mots qu’il fait sonner, claquer ou résonner pour éveiller les consciences, sont-elles si différentes de celles défendues par les chevaliers médiévaux ?

C’est à la lumière de cette interrogation que les élèves sont invités à découvrir l’œuvre d’Abd Al Malik à partir de la vidéo dans un premier temps afin de les sensibiliser à l’écriture singulière du slam. Chacun est ainsi invité à noter ses premières impressions au brouillon et plus particulièrement les mots qui lui semblent être plus en relief.

Les élèves comprennent ainsi qu’il s’agit avant tout d’un discours, un discours qui leur est destiné. De nombreux mots sont ainsi empruntés au langage familier, mais aussi à leur langage, sans que le slam se réduise à cela. Ils comprennent surtout qu’il s’agit d’un discours de combat.

Une seconde écoute est alors proposée, mais appuyée par le texte désormais. Aux élèves de retrouver les raisons qui poussent le slameur au combat. Ce dernier entend en effet éveiller les esprits, dénoncer les errances, la traitrise et la honte et souligner au contraire la bravoure des gens ordinaires. Le débat permet ainsi de distinguer, sous la forme d’un tableau en deux colonnes ce qui est « du lourd », et ce qui ne n’est pas :

tableau slamUn bilan intermédiaire de lecture est alors dressé. Il s’agit de traduire avec autant de mots que possible l’expression employée au sens figuré par le slameur « ça, c’est du lourd » afin de mettre en valeur l’ensemble des éléments mis en lumière dans le tableau. Aidés de dictionnaires papier et électroniques, les élèves proposent : ça c’est formidable, extraordinaire, essentiel, important….Ce travail de traduction et d’enrichissement de la langue permet donc de poursuivre le débat. Les élèves dialoguent spontanément autour de ces valeurs humanistes fondamentales que dont le respect, le rejet du racisme ou encore l’acceptation des différences.

 Les élèves reviennent ensuite au texte pour construire le bilan personnel de leur lecture. Aidés de la vidéo qui leur permet de mieux percevoir les mots que le slameur a voulu faire « claquer », sonner entre eux, chacun réfléchit aux propres mots qu’ils souhaiteraient extraire de ce slam : les 5 mots qu’il juge les plus pertinents pour rendre compte du projet de l’artiste. Au terme de cette première heure, chaque élève enregistre sa prestation via le logiciel Audacity. En voici 5 exemples : les prestations de Calvin, Fanny, Bryan, Brice et Kevin.

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→retour vers la séance  : « débattre des valeurs humanistes au collège »

 

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Quels mots pour mener le combat pour les valeurs?

 

Rappel 

A l’occasion de l’étude du Slam d’ab Al Malik, il s’agit d’enrichir le vocabulaire des élèves

L’objectif est de faire   expliciter les thématiques de l’anthologie  et de débattre des valeurs humanistes

Plusieurs lectures du Slam ont été effectuées  

Cette activité vient clore la séance  qui est à dominante orale pour permettre aux élèves de prendre du recul et de véritablement prendre conscience de l’importance des valeurs défendues par Abd Al Malik.

Chaque enregistrement est diffusé et les élèves sont invités à noter tous les mots retenus, qui sont ensuite notés au tableau. Un premier débat permet de ne garder trace que des mots jugés les plus pertinents au regard des idées du slameur

 

Diapositive2Il s’agit ensuite d’interroger véritablement le sens de chacun de ces mots pour amener les élèves à comprendre qu’ils sont porteurs d’un message universel s’adressant à tous les hommes : ce sont autant des entrées de l’anthologie qui résonnent ainsi au fil de l’échange qui se construit avec les élèves et qui trouvent sa matérialisation au tableau : les mots retenus invitent ainsi chacun d’entre nous à être humain : apprendre, à parler, à refuser la cruauté, l’intolérance ou la barbarie, à accepter la diversité.

débat valeurs

Cette réflexion est poursuivie et conclut avec la lecture du texte de Lilian Thuram anrthologie page : 98  qui parachève cet itinéraire humaniste construit dans la classe en remontant aux origines de l’humanité. Chacun des élèves choisit un des passages de l’extrait qu’il devra apprendre par cœur pour faire résonner en lui ces valeurs fondamentales et poursuivre le débat avec ses camarades, via le blog de la classe accessible sur l’espace numérique de travail.

 

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→Retour vers la séance : « débattre des valeurs humaniste au collège 

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Proposer sa mise en scène de Rhinocéros de Ionesco


Rappel du sujet 

Sujet :

Vous réaliserez un travail sur Rhinocéros en proposant à votre tour des pistes pour une mise en scène de la pièce.

Vous rechercherez sur internet d’autres types de mises en scène que celles vues en cours et justifierez vos propres choix, en vous référant à vos analyses et interprétations des personnages, de l’intrigue et des conversations,  de la progression dramatique et surtout de la fin. Vous indiquerez quel type de métamorphose vous proposeriez de représenter et à quelle(s) rhinocérite(s) vous feriez référence.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, réaliser ce travail sous forme numérique.

Morgane 

Sabine et Deborah 

Adèle 

←Retour vers l’humanisme est périmé?

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Mettre en scène Rhinocéros Ionesco : Morgane

Rappel du sujet 

Vous réaliserez un travail sur Rhinocéros en proposant à votre tour des pistes pour une mise en scène de la pièce.

Vous rechercherez sur internet d’autres types de mises en scène que celles vues en cours et justifierez vos propres choix, en vous référant à vos analyses et interprétations des personnages, de l’intrigue et des conversations,  de la progression dramatique et surtout de la fin. Vous indiquerez quel type de métamorphose vous proposeriez de représenter et à quelle(s) rhinocérite(s) vous feriez référence.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, réaliser ce travail sous forme numérique.

Rhinocéros, Ionesco  : Proposition de mise en scène 

Morgane 1E1

Rhinocéros est une pièce en trois actes de Eugène Ionesco qui est un dramaturge contemporain qui s’inscrit dans le courant de l’absurde. Dans cette pièce, nous assistons à l’apparition d’une maladie étrange, appelée rhinocérite, qui transforme les habitants d’un village en rhinocéros.

Pour ce travail, j’ai décidé de me concentrer sur quatre scènes de la pièce que je trouve importantes : La première est la conversation Jean/Bérenger/Logicien/Vieux Monsieur, la deuxième sera l’apparition du premier rhinocéros, la troisième sera la métamorphose de Jean et la dernière sera le dénouement. La rhinocérite à laquelle je ferais référence serait tout simplement la mode car, aujourd’hui, les vêtements prennent une place très importante pour être accépté dans la société. Dans rhinocéros, les personnages deviennent l’un après l’autre rhinocéros, ils suivent un mouvement de foule ; dans la vie les individus suivent ce même mouvement en commençant à porter des vêtements « à la mode » pour finir comme des clones, vêtus tous de la même façon. Dans les deux cas il y a une perte de l’individualité.

– Dans le premier acte de la pièce, nous trouvons une scène dans laquelle Bérenger converse avec Jean et un vieux monsieur discute avec un Logicien. Les deux conversations finissent par se mélanger et le lecteur se retrouve perdu. Les personnages : Bérenger, anti-héros de nature dépressive ; on apprend dans cette scène qu’il ne fait pas attention à son apparence, ce qui ne plait pas à son ami Jean. Il serait joué par un acteur plutôt petit avec un peu d’embonpoint et les cheveux totalement décoiffés. Pour montrer son laisser aller, il porterait des vêtements froissés et éventuellement sales. Sa démarche serait lente, trainante, le regard vers le sol. Il marquerait en fait un contraste avec le personnage de Jean qui, lui, un personnage plein de confiance, très sûr de lui et qui est certain de connaître le modèle à suivre et de le représenter (dans cette scène il explique à Bérenger comment se tenir et se vêtir) serait joué par un acteur plutôt grand et mince, vêtu d’un costume tout à fait propre et de chaussures parfaitement cirées. Le logicien ressemble beaucoup à Jean : Il est comme une caricature du discours de Jean. Comme lui, il affirme des choses et pense connaître la réponse à tout mais ils se contredisent et ce qu’ils disent n’a, en fait, aucun sens. Après avoir lu le discours du logicien, le lecteur peut penser que n’importe qui pourrait être logicien, c’est pour cela que dans ma mise en scène le logicien serait grand et mince, porterait le même costume et les mêmes chaussures que Jean mais avec des lunettes en plus : ce simple petit détail fait de lui un logicien. Le Vieux Monsieur, comme dans la mise en scène de Demarcy Mota, serait plutôt un jeune homme car on peut supposer qu’un Vieux Monsieur a plus d’expérience de la vie qu’un jeune homme. Le jeune homme sera donc plus facilement influençable et suivra le non-sens du logicien, croyant tout ce qu’il raconte.

Pour le décor de cette scène, je suivrais les didascalies de Ionesco au début de l’Acte I : « Une place dans une petite ville de province […] Ciel bleu, lumière crue, murs très blancs » en éliminant l’ « arbre poussiéreux » qui me semble inutile à l’action et qui serait encombrant sur scène. Je remplacerais aussi la lumière crue par une lumière se rapprochant du jaune pour créer un ambiance pesante et accentuer l’idée de chaleur et de maladie.

Pour la scène, Bérenger et Jean seraient assis face à face à une table et le Logicien et le Vieux Monsieur face à face à une autre table. Les deux tables seraient proches l’une de l’autre de sorte que le Logicien et Jean soient dos à dos. Les deux personnages emploieraient le même ton lorsque les répliques se répètent et adopteraient la même posture pour montrer leurs similitudes. Au contraire, Bérenger et le Vieux Monsieur n’auraient pas le même ton car Bérenger doit se démarquer, le spectateur doit sentir qu’il sera celui qui résistera à la rhinocérite. Bérenger parlerait lentement, d’une voix douce et monotone. Le résultat final serait une totale mise à part de Bérenger avec trois personnages parlant de façon dynamique ( Jean et le Logicien exposant leurs raisonnements et le Vieux Monsieur suivant avec intérêt le raisonnement du Logicien ) et un personnage visiblement fatigué de la vie. Contrairement à la mise en scène de Demarcy Mota, les personnages ne bougeraient pas des tables car les spectateurs pourraient se perdre encore davantage entre les deux conversations.

– Ma mise en scène de l’apparition du premier rhinocéros serait très proche de celle de Demarcy Mota. Il n’y aurait pas d’acteur déguisé en rhinocéros sur scène mais un faisceau de lumière traversant la scène accompagné de barrissements et de bruits de sabots. Les autres lumières sur scène perdraient en intensité de sorte que l’attention des spectateurs soit fixée sur le faisceau de lumière. En plaçant les lumières dans un certain angle, j’ajouterais une ombre sur le mur vers lequel se dirigerait le rhinocéros, le spectateur pourrait alors l’apercevoir durant quelques secondes. Le faisceau de lumière et l’ombre créeraient une atmosphère inquiétante.

– Pour la transformation de Jean, ma mise en scène serait inspirée de celle de Demarcy-Mota et de celle de Dominique Lamour. De la mise en scène de Demarcy Mota, je reprendrais l’idée d’une musique ou plutôt d’une onde sonore allant crescendo tout au long de la scène. La mise en scène de Dominique Lamour suit toutes les didascalies, Jean ne cesse de passer de la salle de bain à la chambre. Néanmoins, dans cette mise en scène, Jean ne fait pas l’apparition effrayante annoncée par Ionesco (« Bérenger s’interrompt car Jean fait une apparition effrayante. »), nous ne le voyons donc pas se transformer mais nous voyons une lumière verte sortir de la salle de bain lorsque la transformation est achevée. Je reprendrais cette idée de lumière mais en ajoutant une ombre sur le mur qui permettrait aux spectateurs de voir Jean sans réellement le voir. L’ombre amplifiant les mouvements, elle rendrait la scène encore plus inquiétante. La combinaison de l’onde sonore et de l’ombre pourrait même effrayer le spectateur. Comme dans les deux mises en scène, il n’y aurait pas de corne dans ma mise en scène car la corne serait plus un élément comique que tragique et je souhaite faire ressortir le côté tragique de cette pièce au maximum. Lors de sa transformation, Jean ne parlerait pas normalement mais hurlerait pour montrer la montée de la violence chez ce personnage.

– Pour le monologue de Bérenger, l’onde sonore serait de nouveau utilisée, marquant le retour de l’atmosphère inquiétante de la transformation, accompagnée de bruits de sabots et de barrissements. Bérenger devrait presque crier pour couvrir les bruits alentour. Je suivrais le texte de Ionesco que je trouve déjà assez tragique car on y trouve un être perdu et sans repère mais je supprimerais l’imitation des rhinocéros de Bérenger qui, comme la corne, serait un élément comique. L’objectif est d’obtenir une ambiance encore plus inquiétante que celle de la transformation avec la présence des têtes de rhinocéros, apparues plus tôt lorsque Daisy était encore avec Bérenger, sur tous les murs autour de la scène.

Pour conclure, ma mise en scène mettrait en valeur le côté tragique de cette pièce. Je pense que le tragique doi→ prendre le dessus car cette pièce dénonce quelque chose de violent ayant pris une place importante au XXème siècle : le totalitarisme. Mon objectif est de créer une atmosphère de plus en plus effrayante au fur et à mesure des scènes.

 

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Mettre en scène Rhinocéros Ionesco : Sabrine et Deborah


Rappel de la consigne :

Vous réaliserez un travail sur Rhinocéros en proposant à votre tour des pistes pour une mise en scène de la pièce.

Vous rechercherez sur internet d’autres types de mises en scène que celles vues en cours et justifierez vos propres choix, en vous référant à vos analyses et interprétations des personnages, de l’intrigue et des conversations,  de la progression dramatique et surtout de la fin. Vous indiquerez quel type de métamorphose vous proposeriez de représenter et à quelle(s) rhinocérite(s) vous feriez référence.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, réaliser ce travail sous forme numérique.

Proposition de mise en scène de Rhinocéros

Sabrine /  Déborah 1E1

Nous  souhaiterions tout d’abord faire ressortir le côté comique de la pièce à travers :

– Les personnages, en les caricaturant pour leur donner un aspect ridicule :

Jean : personnage frêle, maigre mais sûr de lui, et propre sur lui. Ses cheveux sont peignés, très bien coiffé. Il porte un costume / cravate mais son pantalon est trop petit et on peut donc voir ses chaussettes, il porte des chaussures bien cirées, sa chemise est rentrée dans son pantalon qui est monté bien au dessus de sa taille. Il fait des gestes très précis, c’est un personnage très soigneux et précieux.

Bérenger : personnage très négligé; pas propre sur lui contrairement à Jean, il a sa barbe de trois jours, les cheveux ébouriffés, une chemise à carreaux sale et froissée, il porte un jean sale et troué, sans ceinture, les lacets de ses chaussures sont défaits. Son visage est terne et pâle, son dos recourbé et il ne marche pas droit. Il donne l’impression, à travers sa manière de parler et ses mouvements, d’avoir totalement perdu goût à la vie.

Daisy : représentée comme une femme ‘’moderne’’, jeune et classe, bien habillée, avec de beaux cheveux, une femme très jolie naturellement. Elle paraît hautaine mais c’est en fait pour cacher le fait qu’elle a peur et n’a pas confiance en elle dans ses choix, autant dans sa relation avec Béranger que dans son opinion sur les rhinocéros.

Le logicien : représenté comme un ‘’savant fou’’, avec la blouse blanche, la chemise à carreaux fermé jusqu’au dernier bouton et les chaussettes multicolores. Il porte des lunettes rondes et une moustache grise. Il veut se donner un air intellectuel et a confiance en tout ce qu’il dit.

Le vieux monsieur : vieil homme qui paraît fragile. Il porte un béret et utilise une canne.

Mme Bœuf : femme ronde qui porte des vêtements très colorés, haute en couleur, elle réagit toujours très vivement.

Botard : personnage sombre, habillé d’un costume qui lui donne une allure stricte. C’est un personnage de mauvaise foi, susceptible. Il s’emporte assez facilement et s’enferme rapidement dans ses idées, comme lorsqu’il refuse de voir la vérité en face sur les rhinocéros.

 

Dudard : homme grand et mince, habillé très simplement avec un pantalon et un haut de couleur uni.

Il doute en permanence et n’arrive pas à se faire ses propres idées, il préfère rejoindre le plus grand nombre, ce qui explique pourquoi il se transforme lui aussi en rhinocéros.

 

La Rhinocérite :

La rhinocérite serait l’addiction aux nouvelles technologies (ordinateur, téléphone, tablette…). Le fait que tout le monde veuille avoir le dernier modèle sorti sous prétexte que tout le monde le possède et que c’est « à la mode » alors qui n’en ont pas forcément besoin. Le renouvellement incessant de ces nouveaux types d’appareils ne cesse d’accroître et pousse ainsi à la consommation en masse, une consommation pas forcément nécessaire. En effet, l’abus de ces produits peut mener à des maladies ou alors une totale addiction à ces appareils. De plus, ces outils numériques sont présents partout : dans les maisons, les tickets de métro qui ont été remplacés par des cartes à puce… De nombreux objets sont crées pour remplacer l’humain comme la potentielle création des voitures ne nécessitant pas de conducteurs, roulant toutes seules. Cette technologie touche tout le monde:  les jeunes peuvent passer un temps fou sur internet, ceci devenant presque une obsession. Cela a de nombreuses conséquences sur cette partie de la population notamment sur les  études et sur les relations sociales. Cependant, cette technologie touche aussi les adultes qui font de plus en plus leur travail sur un ordinateur ou qui veulent aussi posséder les dernières technologies. Enfin, on a constaté l’apparition de tablettes tactiles pour jeunes enfants (moins de trois ans) ce qui est inquiétant car on vise à remplacer les relations humaines et vraies par des objets prétendant être indispensables à l’éveil éducatif. On peut alors se demander jusqu’où vont-nous mener ces nouvelles techniques certes utiles, mais qui peuvent parfois pousser à la dérive.

– La lumière :

Des lumières chaudes et concentrées sur plusieurs personnages à la fois pour avoir cet aspect chaleureux qui ferait ressortir davantage le côté comique, une lumière constamment présente.

– Le décor :

Comme dans un monde de dessin animé, tous les bâtiments se ressemblent, seul des pancartes écrites avec des lettres noires  très visibles définissent chaque endroit. On peut apercevoir dans le fond un nombre indéfini de buildings. Devant le café, il a plusieurs tables et chaises en métal. Mis à part deux, trois arbustes poussiéreux cachés dans les coins, il n’y a aucun élément de la nature, pour appuyer la rhinocérite qui est la technologie. Avant le lever de rideau, il n’y a que de très courtes conversations entre les personnages pour montrer le manque de communication, toujours en rapport avec la rhinocérite. C’est un univers simple qui est représenté, avec peu de meubles et peu de nature, un vide qui est de plus en plus marqué au fil de la pièce.

– Les transformations :

 

Inspirées par la mise en scène de Rhinocéros de Jean-Guy Legault que nous pouvons voir ci-dessous, nous avons pensé qu’un costume représentant un ‘’réel’’ rhinocéros serait peu cohérent à notre rhinocérite, mais plutôt un masque dans le même genre. Avec l’apparition de toute ces technologies l’humain disparaît (ex : avec le manque de communication, le remplacement de l’homme par des machines etc..) et ce type de masque à gaz montrerait clairement la déshumanisation.

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Rhinocéros

Mise en scène de Jean-Guy Legault

 

Comme le décor et la transformation sont liés à la rhinocérite, ils reflètent le côté tragique de la pièce. Toutefois, cet aspect ne serait pas trop présent ou trop important, pour faire dominer l’aspect gai et comique jusque la fin, à travers le jeu et les costumes caricaturés des personnages.  Concernant justement la fin, Bérenger serait dévasté : il fond en larmes lors du départ de Daisy, ce qui accentue le comique. Suite à cela, Bérenger essaye de se transformer et devient fou, il fait des grimaces pour essayer de leur ressembler tout en pleurant et s’agitant sur toute la scène ce qui lui donne un côté/air ridicule. Pendant tout ce temps, une musique de fond l’accompagne, une musique intrigante provoquant le doute chez le spectateur qui se demande s’il va réellement se transformer. Mais lorsqu’il se rend compte qu’i ne peut pas se transformer, il sèche ses larmes et reprend du poil de la bête pour enfin avoir un sourire et être fier du fait qu’il reste un résistant, il lève alors le poing en l’air et clame qu’il ne capitulera pas. Enfin une musique triomphante clôture la scène laissant un Bérenger fier et déterminer à ne pas capituler. Cette fin est donc un synonyme d’espoir.

Nous avons vraiment voulu accentuer le côte comique de la pièce, étant donné que nous avions déjà vu l’aspect tragique de la pièce, souligné dans la mise en scène d’Emmanuel Demarcy Mota, ayant ainsi la possibilité de laisser un spectateur comblé avec un message d’espoir.

 


Voici quelques photos de mise en scènes qui reflètent en quelque sorte l’aspect que l’on souhaiterait donner à notre pièce :

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La cantatrice chauve

Mise en scène, de Théo Kailer

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Rhinocéros

 

Mise en scène, d’Alexandre Fecteau

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La cantatrice chauve

Mise en scène, de Jean-Luc Lagarce

 

 

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Mettre en scène Rhinocéros Ionesco : Adèle

Rappel de la consigne 

Vous réaliserez un travail sur Rhinocéros en proposant à votre tour des pistes pour une mise en scène de la pièce.

Vous rechercherez sur internet d’autres types de mises en scène que celles vues en cours et justifierez vos propres choix, en vous référant à vos analyses et interprétations des personnages, de l’intrigue et des conversations,  de la progression dramatique et surtout de la fin. Vous indiquerez quel type de métamorphose vous proposeriez de représenter et à quelle(s) rhinocérite(s) vous feriez référence.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, réaliser ce travail sous forme numérique.

Mise-en-scène Rhinocéros, Ionesco.

Adèle 1E1

Si je devais mettre en scène Rhinocéros, je ferais une tout autre représentation que celle de E.Demarcy-Mota, l’ambiance angoissante est trop pompeuse, en tant que metteur-en-scène, je me concentrerais sur l’aspect absudre proposé par Ionesco, et, pour les scènes uniquement dramatiques, je les rendraist juste folles dans un sens gai.

Dans un premier lieu, mon décor serait comme cela : je suivrais toutes les instructions des didascalies du dramaturge à la lettre près, ainsi, le café, l’épicerie, le bureau… seraient à la place indiquée et les objets seraient tous présents, toujours trés colorés et originaux.  Pour annoncer l’aspect absurde et comique de ma représentation, chaque bâtiment serait de couleur, avec des tons pastels de préférence, et de couleurs variés, deux bâtiments ne peuvent pas être de même couleur, si l’un est bleu, le suivant sera jaune et l’autre rouge. Le sol serait recouvert de pelouse synthétique, la scène ressemblerait à un manège, un dessin animé, un jouet… Les bâtiments seraient donc colorés, les vêtements seraient ceux que l’on pouvait voir dans les années 50,  le chapeau de Jean serait de couleur, son peigne aussi.

La lumière serait blanche et forte, ma scène serait très éclairée et aucun personnage ni même rhinocéros ne serait jamais plongé dans l’obscurité. La transformation en rhinocéros ne serait d’ailleurs pas inquiétante, les personnages se fixeraient une corne (en plastique, en papier maché voire un chapeau de fête en carton) au front à l’aide de rubans blancs assez visibles.

La musique serait calme, très discrète et entraînante et amusante à certains moments (par exemple, lorsque Madame Boeuf saute sur le dos de son mari, désormais rhinocéros).

La scène aurait une ambiance ressemblante à celle de certaines comédies musicales, ou d’un film très coloré.

Exemple de couleurs :

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Chapeau en carton qui pourrait remplacer la corne :

 

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En tant que metteur-en-scène, j’oublierais l’aspect effrayant, dramatique et engagé de la pièce.

D’après mes recherches, la représentation de Pierre Lévesque correspond assez à mon interprétation, hormis le fait qu’il n’y a pas la lumière que je proposerais.

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La progression dramatique se ferait tout de même sentir pas une montée des personnages vers la folie. Mais une folie qui ne semblera pas dramatique ni violente comme le montre E.Demarcy-Mota mais une folie gaie, entrainante, quoique un peu effrayante tellement elle finira joyeuse. Dans une apogée vers la joie, Bérenger finira fou. Ses regrets de ne pas être rhinocéros ne se sentiront pas par une envie de suivre les autres mais car il semblera qu’être rhinocéros est amusant, comme un jeu universel. Mais il sera fier, à la fin, d’avoir gagné la partie.

Il aura d’ailleurs chez lui, à la dernière scène, des petits rhinocéros faits en papier.

 

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Lecture analytique Acte I Rhinocéros Ionesco

II Lecture analytique des pp 44 à 52 (acte I)  

 

Description de  la démarche  

On peut prévoir un court temps de lecture en groupe, à l’issue duquel certains sont invités à proposer une lecture théâtralisée de l’extrait. Celle-ci peut permettre de cerner assez rapidement les spécificités de l’extrait et les caractéristiques des personnages.

Ce passage de l’acte I permet d’approfondir la réflexion sur la spécificité du comique et de l’absurde de Ionesco : incohérence du dialogue entre le logicien et Le Vieux Monsieur ; juxtaposition des répliques et cacophonie des discours superposés.

En lien avec la réflexion sur l’homme et sur l’humanisme, on peut assister déjà dès ce début de pièce à une défaite de la pensée : absurdité de la leçon de logique ; folie de cette logique qui contamine l’ensemble du dialogue ; clichés, autoritarisme, ton sentencieux  et langage vide de Jean ; absurdité de sa leçon d’humanisme (cf p. 54 : Visitez des musées, lisez des revues littéraires, allez entendre des conférences […].En quatre semaines, vous êtes un homme cultivé » !).

Un personnage cependant retient notre attention : Bérenger, plus humain, moins « absurde » que les autres, présenté ici sous le signe du malaise existentiel. Lui seul se pose des questions sur lui-même, sur le sens de la vie, sur l’homme – il apparaît ainsi le seul humain véritable de la pièce en dépit de son aspect fondamentalement antihéroïque (lequel précisément le préservera de la rhinocérite).

 

Il serait intéressant, à ce propos, d’éclairer ce passage d’extraits d’entretien avec Eugène Ionesco lui-même, afin de montrer le lien entre ce personnage et son auteur. Ces extraits sont disponibles sur le DVD de la pièce édité par le SCEREN-CRDP de Champagne-Ardenne et la Comédie de Reims (Entrer au théâtre ; Texte et représentation ») ou sur le site de l’INA (http://www.ina.fr/video/CPC78052607 ).

 

A ce stade, peut être posée la question de la représentation de l’extrait : quels choix ont fait les groupes ? Quelles difficultés les élèves ont-ils rencontré ? L’échange peut introduire l’étude comparée de deux mises en scène différentes (celle d’Emmanuel Demarcy-Mota d’une part et l’une des nombreuses mises en scène disponibles sur le site You tube)

Un entraînement à l’écrit (et/ou à l’oral de l’EAF) pourrait consister à faire répondre à la question suivante : Trouvez-vous ce dialogue comique ? / Ce dialogue vous fait-il rire ?

 

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            →vers l’extrait :

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Cycle d’approfondissement

L’anthologie est d’autant plus légitime, qu’on peut lire dans le BO du 19 juin 2008

 Littérature

« Le programme de littérature vise à donner à chaque élève un répertoire de références appropriées à son âge, puisées dans le patrimoine et dans la littérature de jeunesse d’hier et d’aujourd’hui ; il participe ainsi à la constitution d’une culture littéraire commune. »

L’anthologie trouve d’autant mieux sa place que le cycle d’approfondissement laisse une place importante à l’histoire contemporaine, dont voici un rappel :

Le XXème siècle et notre époque
La violence du XXème siècle :
– les deux conflits mondiaux ;
– l’extermination des Juifs et des Tziganes par les nazis : un crime contre l’humanité.
-La révolution scientifique et technologique, la société de consommation.
-La Vème République.
-La construction européenne.
-1916 : bataille de Verdun ; Clemenceau ; 11 novembre 1918 : armistice de la Grande Guerre ; 18 juin 1940 : appel du général de Gaulle ; Jean Moulin ; 8 mai 1945 : fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe ; 1945 : droit de vote des femmes en France ; 1957 : traité de Rome ; 1958 : Charles de Gaulle et la fondation de la Vème République ; 1989 : chute du mur de Berlin ; 2002 : l’euro, monnaie européenne.

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Classe de CE1

En classe de CE1

La compétence 5 en CE1 est celle de la culture humaniste. « L’Articulation des programmes d’enseignement de l’école primaire (BO hors série n°3 du 19 juin 2008) avec le socle commun de connaissances et de compétences (décret n°2006-830 du 11 juillet 2006) » invite à parcourir « quelques éléments culturels d’un autre pays », de « comparer (l)es milieux familiers avec d’autres milieux et espaces plus lointains. »

L’éducation musicale est aussi centrale. Les élèves doivent ainsi mémoriser des comptines, des poèmes de nature variée.

Les élèves doivent pratiquer les arts visuels, s’éveiller à l’éducation musicale. Mais ils doivent aussi lire les œuvres de jeunesse, ou les textes du patrimoine. Ils doivent développer la maîtrise de la langue française : savoir lire seul, à haute voix un texte contenant des mots inconnus. Aussi certains textes de l’anthologie se prêtent facilement à ce type d’apprentissage : le poème de Philombe par exemple peut-être mémorisé par des CE1 sans souci.

 Le projet « Construire un itinéraire humaniste en CE1 » permet de valider certaines compétences du socle commun, en particulier:

« la maîtrise de la langue française » ( compétence 1 ) et « les compétences sociales et civiques »( compétence 6)

.En effet, ce  projet permet aux élèves de lire, et de comprendre des textes humanistes, appartenant au patrimoine de la littérature (poèmes de Senghor et de Philombe ainsi que des œuvres de jeunesse), tout en les amenant à écrire des textes courts.

l’expression  orale est particulièrement exploité dans le cadre du spectacle de Djembé, qui initie les élèves de CE1 à la culture africaine par le biais d’un instrument de musique. Les élèves doivent non seulement mémoriser leur texte, mais aussi le rythme musical. Le spectacle retrace en fait le parcours d’un petit garçon, Jean-Baptiste, qui doit aller à l’école. Les voix des enfants lui demandent de se préparer, de prendre l’école au sérieux, et de croire en son avenir. La pièce de théâtre dure une heure en tout.  

Par une pédagogie de détour, on peut par conséquent, parvenir à faire découvrir un autre continent, des auteurs de l’anthologie, pour conduire les élèves sur la voie de l’humanisme.

Concernant l’éducation civique : « Ils apprennent à reconnaître et à respecter les emblèmes et les symboles de la République (la Marseillaise, le drapeau tricolore, le buste de Marianne, la devise “Liberté, Égalité, Fraternité », ils apprennent aussi à respecter les règles de la morale.

La compétence 7 est également très importante car elle invite l’élève à acquérir une certaine autonomie, dans le but de participer à un projet collectif.

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Ionesco, extraits de Notes et contre-notes, 1966

Ionesco, extraits de Notes et contre-notes, 1966

A propos de Rhinoceros

Novembre 1960

En 1933 l’écrivain Denis de Rougemont se trouvait en Allemagne à Nuremberg au moment d’une manifestation nazie. Il nous raconte qu’il se trouvait au milieu d’une foule compacte attendant l’arrivée de Hitler. Les gens donnaient des signes d’impatience lorsqu’on vit apparaître, tout au bout d’une avenue et tout petits dans le lointain, le Führer et sa suite. De loin, le narrateur vit la foule qui était prise progressivement d’une sorte d’hystérie, acclamant frénétiquement l’homme sinistre. L’hystérie se répandait, avançait, avec Hitler, comme une marée. Le narrateur était d’abord étonné par ce délire. Mais lorsque le Führer arriva tout près et que les gens, à ses côtés, furent contaminés par l’hystérie générale, Denis de Rougemont sentit, en lui-même, cette rage qui tentait de l’envahir, ce délire qui « l’électrisait ». Il était tout prêt à succomber à cette magie, lorsque quelque chose monta des profondeurs de son être et résista à l’orage collectif. Denis de Rougemont nous raconte qu’il se sentait mal à l’aise, affreusement seul, dans la foule, à la fois résistant et hésitant. Puis ses cheveux se hérissant, « littéralement » dit-il, sur sa tête, il comprit ce que voulait dire l’Horreur Sacrée. À ce moment-là, ce n’était pas sa pensée qui résistait, ce n’était pas des arguments qui lui venaient à l’esprit, mais c’était tout son être, toute « sa personnalité » qui se rebiffait. Là est peut-être le point de départ de Rhinocéros ; Il est impossible, sans doute, lorsqu’on est assailli par des arguments, des doctrines, des slogans « intellectuels », des propagandes de toutes sortes, de donner sur place une explication de ce refus. La pensée discursive viendra, mais vraisemblablement plus tard, pour appuyer ce refus, cette résistance naturelle, intérieure, cette réponse d’une âme.

Bérenger ne sait donc pas très bien, sur le moment, pourquoi il résiste à la rhinocérite et c’est la preuve que cette résistance est authentique et profonde. Bérenger est peut-être celui qui, comme Denis de Rougemont, est allergique aux mouvements des foules et aux marches, militaires ou autres. Rhinocéros est sans doute une pièce antinazie, mais elle est aussi surtout une pièce contre les hystéries collectives et les épidémies qui se cachent sous le couvert de la raison et des idées, mais qui n’en sont pas moins des graves maladies collectives dont les idéologies ne sont que les alibis : si l’on s’aperçoit que l’histoire déraisonne, que les mensonges des propagandes sont là pour masquer les contradictions qui existent entre les faits et les idéologies qui les appuient, si l’on jette sur l’actualité un regard lucide, cela suffit pour nous empêcher de succomber aux « raisons » irrationnelles, et pour échapper à tous les vertiges.

Des partisans endoctrinés, de plusieurs bords, ont évidemment reproché à l’auteur d’avoir pris un parti anti-intellectualiste et d’avoir choisi comme héros principal un être plutôt simple. Mais j’ai considéré que je n’avais pas à présenter un système idéologique passionnel, pour l’opposer aux autres systèmes idéologiques et passionnels courants. J’ai pensé avoir tout simplement à montrer l’inanité de ces terribles systèmes, ce à quoi ils mènent, comme ils enflamment les gens, les abrutissent, puis les réduisent en esclavage. On s’apercevra certainement que les répliques de Botard, de Jean, de Dudard ne sont que les formules clés, les slogans des dogmes divers cachant sous le masque de la froideur objective, les impulsions les plus irrationnelles et véhémentes. Rhinocéros aussi est une tentative de « démystification ».

*

Je me suis souvenu d’avoir été frappé au cours de ma vie par ce qu’on pourrait appeler le courant d’opinion, par son évolution rapide, sa force de contagion qui est celle d’une véritable épidémie.

Les gens tout à coup se laissent envahir par une religion nouvelle, une doctrine, un fanatisme, enfin parce que les professeurs de philosophie et les journalistes à oripeaux philosophiques appellent le «moment nécessairement historique ». On assiste alors à une véritable mutation mentale. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais, lorsque les gens ne partagent plus votre opinion, lorsqu’on ne peut plus s’entendre avec eux, on a l’impression de s’adresser à des monstres.
Des Rhinocéros […]. Ils en ont la candeur et la férocité́ mêlées. Ils vous tueraient en toute bonne conscience si vous ne pensiez pas comme eux. Et l’histoire nous a bien prouvé au cours de ce siècle que les personnes ainsi transformées ne ressemblent pas seulement à des rhinocéros, ils le deviennent véritablement. Or, il est très possible, bien qu’apparemment extraordinaire, que quelques consciences individuelles représentent la vérité́ contre l’histoire, contre ce qu’on appelle l’Histoire. Il y a un mythe de l’histoire qu’il serait grand temps de «démythifier» puisque le mot est à la mode. Ce sont toujours quelques consciences isolées qui ont représenté́ contre tout le monde la conscience universelle. Les révolutionnaires eux-mêmes étaient au départisolés. Au point d’avoir mauvaise conscience, de ne pas savoir s’ils avaient tort ou raison. Je n’arrive pas à comprendre comment ils ont trouvé en eux-mêmes le courage de continuer tout seuls. Ce sont des héros. Mais dès que la vérité́ pour laquelle ils ont donné leur vie devient vérité́ officielle, il n’y a plus de héros, il n’y a plus que des fonctionnaires doués de la prudence et de lalâcheté́ qui conviennent à l’emploi; c’est tout le thème de Rhinocéros.
– Parlez-nous un peu de sa forme.
– Que voulez-vous que je vous en dise? Cette pièce est peut-être un peu plus longue que les autres. Mais tout aussi traditionnelle et d’une conception tout aussi classique. Je respecte les lois fondamentales du théâtre : une idée simple, une progression également simple et une chute.

 

*

Le propos de la pièce a bien été de décrire le processus de la nazification d’un pays ainsi que le désarroi de celui qui, naturellement allergique à la contagion, assiste à la métamorphose mentale de sa collectivité. Originairement, la « rhinocérite » était bien un nazisme. Le nazisme a été, en grande partie, ente les deux guerres, une invention des intellectuels, idéologues et demi-intellectuels à la page qui l’ont propagé. Ils étaient des rhinocéros. […] Ils ne pensent pas, ils récitent des slogans « intellectuels ». […]Je me demande si je n’ai pas mis le doigt sur une plaie brûlante du monde actuel, sur une maladie étrange qui sévit sous différentes formes, mais qui est la même, dans son principe. Les idéologies devenues idolâtries, les systèmes automatiques de pensée s’élèvent, comme un écran entre l’esprit et la réalité́, faussent l’entendement, aveuglent. Elles sont aussi des barricades entre l’homme et l’homme qu’elles déshumanisent, et rendent impossible l’amitié́ malgré́ tout des hommes entre eux; elles empêchent ce qu’on appelle la coexistence, car un rhinocéros ne peut s’accorder avec celui qui ne l’est pas, un sectaire avec celui qui n’est pas de sa secte.

Je pense que Jean-Louis Barrault a parfaitement saisi la signification de la pièce et qu’il l’a parfaitement rendue. Les Allemands en avaient fait une tragédie. Jean-Louis Barrault une farce terrible et une fable fantastique. Les deux interprétations sont valables, elles constituent les deux mises en scène types de la pièce.

*

[La pièce] n’est pas drôle ; bien qu’elle soit une farce, elle est surtout une tragédie […] Nous assistons à la transformation mentale de toute une collectivité ; les valeurs anciennes se dégradent, sont bouleversées, d’autres naissent et s’imposent. Un homme assiste impuissant à la transformation de son monde contre laquelle il ne peut rien. Il ne sait plus s’il a raison ou non, il se débat sans espoir, il est le dernier de son espèce. Il est perdu […] Il s’agissait bien, dans cette pièce, de dénoncer, de démasquer, de montrer comment le fanatisme envahit tout, comment il hystérise les masses, comment une pensée raisonnable, au départ, et discutable à la fois, peut devenir monstrueuse lorsque les meneurs, puis dictateurs totalitaires, chefs d’îles, d’arpents ou de continents en font un excitant à haute dose dont le pouvoir maléfique agit monstrueusement sur le « peuple » qui devient foule, masse hystérique. (…)

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Rhinocéros, Ionesco, dénouement

Rhinocéros, Ionesco, dénouement

 

Je suis tout à fait seul maintenant. (Il va fermer la porte à clé, soigneusement, mais avec colère) On ne m’aura pas, moi. (Il ferme soigneusement les fenêtres.) Vous ne m’aurez pas, moi. (Il s’adresse à toutes les têtes de rhinocéros.) Je ne vous suivrai pas, je ne vous comprends pas ! Je reste ce que je suis. Je suis un être humain. Un être humain. (Il va s’asseoir dans le fauteuil.) La situation est absolument intenable. C’est ma faute, si elle est partie. J’étais tout pour elle. Qu’est-ce qu’elle va devenir ? Encore quelqu’un sur la conscience. J’imagine le pire, le pire est possible. Pauvre enfant abandonnée dans cet univers de monstres ! Personne ne peut m’aider à la retrouver, personne, car il n’y a plus personne. (Nouveaux barrissements, courses éperdues, nuages de poussière.) Je ne veux pas les entendre. Je vais mettre du coton dans oreilles. (Il se met du coton dans les oreilles et se parle à lui-même dans la glace.) Il n’y a pas d’autre solutions que de les convaincre, les convaincre, de quoi? Et les mutations sont-elles réversibles ? Hein, sont-elles réversibles ? Ce serait un travail d’Hercule, au dessus de mes forces. D’abord, pour les convaincre, il faut leur parler. Pour leur parler, il faut que j’apprenne leur langue. Ou qu’ils apprennent la mienne ? Mais quelle langue est-ce que je parle ? Quelle est ma langue ? Est-ce du français, ça ? Ce doit bien être du français ? Mais qu’est-ce que du français ? On peut appeler ça du français, si on veut, personne ne peut le contester, je suis seul à le parler. Qu’est-ce que je dis ? Est-ce que je me comprends, est-ce que je me comprends ? (Il va vers le milieu de la chambre.) Et si, comme me l’avait dit Daisy, si c’est eux qui ont raison ? (Il retourne vers la glace.) Un homme n’est pas laid, un homme n’est pas laid ! (Il se regarde en passant la main sur sa figure.) Quelle drôle de chose ! A quoi je ressemble alors ? A quoi ? (Il se précipite vers un placard, en sort des photos, qu’il regarde.) Des photos ! Qui sont-ils tous ces gens-là ? M. Papillon, ou Daisy plutôt ? Et celui-là, est-ce Botard ou Dudard, ou Jean ? Ou moi, peut-être ! (Il se précipite de nouveau vers le placard d’où il sort deux ou trois tableaux.) Oui, je me reconnais ; C’est moi, c’est moi. (Il va raccrocher les tableaux sur le mur du fond, à coté des têtes des rhinocéros.) C’est moi, c’est moi. (Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles. Bérenger s’écarte pour contempler les tableaux.) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, d’une nudité décente, sans poils, comme la leur ! (Il écoute les barrissements) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. (Il essaye de les imiter.) Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr ! Non, non, ce n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer, je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte ! (Il tourne le dos à la glace.) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité ! (Il a un brusque sursaut.) Eh bien, tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant :) Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas !

 

RIDEAU

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Rhinocéros , Eugène Ionesco , Acte 1

Rhinocéros, Eugène Ionesco, acte I

 

Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir à l’une des tables de la terrasse, un peu à droite et derrière Jean et Bérenger.
Bérenger, à Jean : Vous avez de la force.
Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisé. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pèse en réalité.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat.
Bérenger, à Jean : Moi, j’ai à peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-être.
Le Vieux Monsieur, au Logicien après avoir longuement réfléchi : Donc logiquement mon chien serait un chat.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai.
Bérenger, à Jean : La solitude me pèse. La société aussi.
Jean, à Bérenger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pèse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est très beau la logique.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser.
Bérenger, à Jean : C’est une chose anormale de vivre.
Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit.
Bérenger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares.
Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !… Ah ! ah !… (Gros rire) Ceux-là aussi vous pèsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ?
Bérenger: Je me demande moi-même si j’existe !
Jean, à Bérenger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat.
Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate.
Le Logicien : Vous voyez…
Jean, à Bérenger : Vous êtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intéresse pas. Quelqu’un, cependant, vous intéresse !
Bérenger : Qui ?
Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en êtes amoureux !
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate était donc un chat !
Le Logicien : La logique vient de nous le révéler.
Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste état où vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indifférent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit séduite par un ivrogne ?
Le Logicien : Revenons à nos chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous écoute.
Bérenger, à Jean : De toute façon, je crois qu’elle a déjà quelqu’un en vue.
Jean, à Bérenger : Qui donc ?
Bérenger, à Jean : Dudard. Un collègue du bureau : licencié en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cœur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes.
Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ?
Le Logicien : C’est donné par hypothèse.
Bérenger, à Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothèse !
Jean, à Bérenger : Et vous renoncez, comme cela…
Bérenger, à Jean : Que pourrais-je faire ?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ?
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou séparément ?
Jean, à Bérenger : La vie est une lutte, c’est lâche de ne pas combattre !
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Ensemble, ou séparément, c’est selon.
Bérenger, à Jean : Que voulez-vous, je suis désarmé.
Jean, à Bérenger : Armez-vous, mon cher, armez-vous.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Huit, huit pattes.
Le Logicien : La logique mène au calcul mental.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Elle a beaucoup de facettes !
Bérenger, à Jean : Où trouver les armes ?
Le Logicien : La logique n’a pas de limites !
Jean, à Bérenger : En vous-même. Par votre volonté.
Bérenger, à Jean : Quelles armes ?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Vous allez voir…
Jean, à Bérenger : Les armes de la patience, de la culture, les armes de l’intelligence. (Bérenger bâille) Devenez un esprit vif et vrillant. Mettez-vous à la page.
Bérenger, à Jean : Comment se mettre à la page ?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : J’enlève deux pattes à ces chats. Combien leur en restera-t-il à chacun ?
Le Vieux Monsieur : C’est compliqué.
Bérenger, à Jean : C’est compliqué.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : C’est simple au contraire.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est facile pour vous, peut-être, pas pour moi.
Bérenger, à Jean : C’est facile pour vous, peut-être, pas pour moi.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Faites un effort de pensée, voyons. Appliquez-vous.
Jean, à Bérenger : Faites un effort de pensée, voyons. Appliquez-vous.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je ne vois pas.
Bérenger, à Jean : Je ne vois vraiment pas.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : On doit tout vous dire.
Jean, à Bérenger : On doit tout vous dire.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Prenez une feuille de papier, calculez. On enlève six pattes aux deux chats, combien de pattes restera-t-il à chaque chat ?
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Attendez…
Il calcule sur une feuille de papier qu’il tire de sa poche.

Jean : Voilà ce qu’il faut faire : vous vous habillez correctement, vous vous rasez tous les jours, vous mettez une chemise propre.

Bérenger, à Jean : C’est cher, le blanchissage…

Jean, à Bérenger : Economisez sur l’alcool. Ceci pour l’extérieur : chapeau, cravate comme celle-ci, costume élégant, chaussures bien cirées.

En  parlant des éléments vestimentaires, Jean montre avec fatuité son propre chapeau, sa propre cravate, ses propres souliers.

Le vieux Monsieur, au Logicien : Il y a plusieurs solutions possibles.

Le logicien, au Vieux Monsieur : Dites.

Bérenger, à Jean : Ensuite, que faire ? Dites…

Le logicien, au Vieux Monsieur : Je vous écoute.

Bérenger, à Jean : Je vous écoute.

Jean,  à Bérenger : Vous êtes timide, mais vous avez des dons.

Bérenger, à Jean : Moi, j’ai des dons ?

Jean : Mettez-les en valeur. Il faut être dans le coup. Soyez au courant des événements littéraires et culturels de notre époque.

Le Vieux Monsieur, au Logicien : Une première possibilité : un chat peut avoir quatre pattes, l’autre deux.

Bérenger, à Jean : J’ai si peu de temps libre

Le logicien : Vous avez des dons, il suffisait de les mettre en valeur

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Lecture analytique Rhinocéros (Anthologie p 202) : la métamorphose de Jean

III Lecture analytique de l’extrait de l’anthologie p. 202 :acte II, tableau 2 :

la métamorphose de Jean

 

Passage-clé de l’œuvre, la scène de la métamorphose de Jean donne à voir l’irreprésentable et fait glisser la pièce vers la tragédie, même si les genres et les registres continuent à se mêler. Elle permet aussi de souligner le caractère vide des propos de Jean et de ses incitations à se cultiver repérées dans l’extrait précédent.

Une simple lecture théâtralisée par les élèves aidera à saisir son ambiguïté : les élèves seront sensibles à l’effet comique créé par l’onomatopée (« Brrr… »), par le jeu d’acteur indiqué dans les didascalies et par la rapidité de la scène ; ils peuvent néanmoins facilement cerner, par la lecture, l’horreur de la déshumanisation donnée à voir. Cette indécision permet de mieux comprendre la spécificité du théâtre absurde, qui parvient à nous faire rire de l’horreur, créant ainsi un sentiment de malaise que l’on retrouvera dans d’autres textes complémentaires ou d’autres lectures cursives (La leçon de Ionesco, En attendant Godot et/ou l’extrait de Fin de partie de Samuel Beckett disponible dans l’anthologie (p. 262)).

L’évolution du personnage de Bérenger est ici patente : son discours est empreint de valeurs humanistes ; il argumente et refuse de croire à la fin de l’humanité de son ami (« Vous plaisantez, vous faites de la poésie »). Car c’est bien en ami qu’il vient voir Jean et au nom de l’amitié qu’il tentera de lutter contre cette métamorphose. Jean, lui, répond à cette sollicitude par la violence, par le retour à la bestialité et par la volonté de destruction, au nom d’un état de « nature » supérieur aux « siècles de civilisation humaine » revendiqués par Bérenger. La parole laisse place au bruit, Jean s’exprime par slogans et par clichés (« Il faut dépasser la morale » ; « La morale est antinaturelle »…).

On peut à ce stade poser la question de la représentation en proposant une réflexion par groupe : Comment représenter cette scène ? Quels choix opéreriez-vous ? Quels effets souhaiteriez-vous créer sur le spectateur ? Vous argumenterez vos choix.

Aux propositions d’élèves l’on peut utilement confronter les mises en scène de Jean-Louis Barrault et d’Emmanuel Demarcy-Mota qui proposent des réponses tout à fait opposées à ces questions (voir DVD publié par le SCEREN –CRDP)

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L’humanisme est périmé? Rhinocéros Eugène Ionesco

« L’humanisme est périmé » ?…  

Approche d’une œuvre intégrale : Rhinocéros, Eugène Ionesco

 

 

Gwenn-Aëlle Geffroy,

Lycée Montebello, Lille

 

 Niveau : Première et  Troisième

 

Objet d’étude, thème du programme :

Au lycée on intégrera cette séquence dans les objets d’étude suivants :

– Le texte théâtral et sa représentation du XVIIème siècle à nos jours ;

– La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVIème siècle à nos jours ;

Au collège on pourra étudier cette pièce en classe de 3ème 

Troisième : De la tragédie classique au tragique contemporain

Objectifs généraux du projet : Comprendre les enjeux humanistes de la pièce ; lire une fable sur l’homme ; réfléchir aux liens entre texte et représentation

 

lecture

Lectures analytiques et cursives ; lecture de l’image 

culture humaniste / histoire des arts

Etude et confrontations de mises en scène

Types d’écrits travaillés

Invention ; Commentaire ; Dissertation

oral

 Mises en voix ; mise en jeu ; exposés et présentations de travaux

 

  I Pistes pour entrer dans l’œuvre :

 

A/ « La question de l’homme »

Les archives INA et plus largement le net fourmillent de documents photographiques ou vidéo représentant des images de foules fanatisées, par exemple sous le régime nazi d’Hitler. On peut d’ailleurs choisir la photographie d’August Landmesser, photographié le 13 juin 1936, lors de l’inauguration du navire Horst Wessel par Adolf Hitler à Hambourg : les bras croisés, dans une foule se tenant debout bras droits tendus, il refuse de faire le salut nazi : : http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/wp-content/uploads/2012/12/August-Landmesser-Hambourg-1936.jpg

On peut inciter la classe à une réflexion à partir de ces documents : comment expliquer qu’une foule se laisse ainsi fanatiser ? Qu’un homme résiste en silence ?

Les premiers échanges peuvent aider les élèves à établir un lien entre une réalité historique et la situation a priori absurde représentée dans Rhinocéros, situation dont ils ne perçoivent pas immédiatement les enjeux dès la première lecture.

B/ Lecture de l’exposition et jeu théâtral pour représenter l’acte I, pp. 34 à 40 de l’édition folio

 

Ce passage permettra de mieux saisir la progression tragique de la pièce ainsi que l’évolution du personnage de Bérenger, marqué d’abord par l’indifférence face au surgissement d’un insolite inquiétant.

C’est bien d’un conflit qu’il s’agit, mais traité sur le mode comique. On peut à ce stade proposer une première caractéristique du théâtre de l’absurde et l’étayer par la représentation de conflits dans La cantatrice chauve, par exemple entre Monsieur et Madame Smith au début de la pièce (la projection de la représentation de Jean-Luc Lagarce peut aider l’élève à bien cerner le comique). On axera la définition sur l’usage du langage et sur l’effet créé sur le lecteur-spectateur.

Selon le temps dont on dispose, on peut proposer une activité d’écriture qui permettrait de cerner la spécificité – et le « réalisme ! » – de l’écriture de Ionesco. Cette activité peut d’ailleurs lancer la lecture de l’extrait, en début de séance.

Vous écrirez une scène de dispute entre deux personnages ordinaires, que vous tenterez de rendre dénuée d’intérêt et comique, à la façon de Ionesco.

 

 

II Lecture analytique des pp 44 à 52 (acte I)  

lire  l’extrait :

On peut prévoir un court temps de lecture en groupe, à l’issue duquel certains sont invités à proposer une lecture théâtralisée de l’extrait. Celle-ci peut permettre de cerner assez rapidement les spécificités de l’extrait et les caractéristiques des personnages.

Ce passage de l’acte I permet d’approfondir la réflexion sur la spécificité du comique et de l’absurde de Ionesco : incohérence du dialogue entre le logicien et Le Vieux Monsieur ; juxtaposition des répliques et cacophonie des discours superposés.

En lien avec la réflexion sur l’homme et sur l’humanisme, on peut assister déjà dès ce début de pièce à une défaite de la pensée : absurdité de la leçon de logique ; folie de cette logique qui contamine l’ensemble du dialogue ; clichés, autoritarisme, ton sentencieux  et langage vide de Jean ; absurdité de sa leçon d’humanisme (cf p. 54 : Visitez des musées, lisez des revues littéraires, allez entendre des conférences […].En quatre semaines, vous êtes un homme cultivé » !).

Un personnage cependant retient notre attention : Bérenger, plus humain, moins « absurde » que les autres, présenté ici sous le signe du malaise existentiel. Lui seul se pose des questions sur lui-même, sur le sens de la vie, sur l’homme – il apparaît ainsi le seul humain véritable de la pièce en dépit de son aspect fondamentalement antihéroïque (lequel précisément le préservera de la rhinocérite).

Il serait intéressant, à ce propos, d’éclairer ce passage d’extraits d’entretien avec Eugène Ionesco lui-même, afin de montrer le lien entre ce personnage et son auteur. Ces extraits sont disponibles sur le DVD de la pièce édité par le SCEREN-CRDP de Champagne-Ardenne et la Comédie de Reims (Entrer au théâtre ; Texte et représentation ») ou sur le site de l’INA (http://www.ina.fr/video/CPC78052607 ).

A ce stade, peut être posée la question de la représentation de l’extrait : quels choix ont fait les groupes ? Quelles difficultés les élèves ont-ils rencontré ? L’échange peut introduire l’étude comparée de deux mises en scène différentes (celle d’Emmanuel Demarcy-Mota d’une part et l’une des nombreuses mises en scène disponibles sur le site You tube)

Un entraînement à l’écrit (et/ou à l’oral de l’EAF) pourrait consister à faire répondre à la question suivante : Trouvez-vous ce dialogue comique ? / Ce dialogue vous fait-il rire ?

III Lecture analytique de lextrait de l’anthologie p. 202 : acte II, tableau 2 : la métamorphose de Jean

 

Passage-clé de l’œuvre, la scène de la métamorphose de Jean donne à voir l’irreprésentable et fait glisser la pièce vers la tragédie, même si les genres et les registres continuent à se mêler. Elle permet aussi de souligner le caractère vide des propos de Jean et de ses incitations à se cultiver repérées dans l’extrait précédent.

Une simple lecture théâtralisée par les élèves aidera à saisir son ambiguïté : les élèves seront sensibles à l’effet comique créé par l’onomatopée (« Brrr… »), par le jeu d’acteur indiqué dans les didascalies et par la rapidité de la scène ; ils peuvent néanmoins facilement cerner, par la lecture, l’horreur de la déshumanisation donnée à voir. Cette indécision permet de mieux comprendre la spécificité du théâtre absurde, qui parvient à nous faire rire de l’horreur, créant ainsi un sentiment de malaise que l’on retrouvera dans d’autres textes complémentaires ou d’autres lectures cursives (La leçon de Ionesco, En attendant Godot et/ou l’extrait de Fin de partie de Samuel Beckett disponible dans l’anthologie (p. 262)).

L’évolution du personnage de Bérenger est ici patente : son discours est empreint de valeurs humanistes ; il argumente et refuse de croire à la fin de l’humanité de son ami (« Vous plaisantez, vous faites de la poésie »).

Car c’est bien en ami qu’il vient voir Jean et au nom de l’amitié qu’il tentera de lutter contre cette métamorphose. Jean, lui, répond à cette sollicitude par la violence, par le retour à la bestialité et par la volonté de destruction, au nom d’un état de « nature » supérieur aux « siècles de civilisation humaine » revendiqués par Bérenger.

La parole laisse place au bruit, Jean s’exprime par slogans et par clichés (« Il faut dépasser la morale » ; « La morale est antinaturelle »…).

On peut à ce stade poser la question de la représentation en proposant une réflexion par groupe : Comment représenter cette scène ? Quels choix opéreriez-vous ? Quels effets souhaiteriez-vous créer sur le spectateur ? Vous argumenterez vos choix.

Aux propositions d’élèves l’on peut utilement confronter les mises en scène de Jean-Louis Barrault et d’Emmanuel Demarcy-Mota qui proposent des réponses tout à fait opposées à ces questions (voir DVD publié par le SCEREN –CRDP)

 

IV Les personnages de Dudard et de Daisy – relecture de l’acte III : Travaux de groupes et/ou lecture analytique d’extraits

 

Avant la relecture de l’acte III, on peut commencer par une question s’appuyant sur la compréhension de l’œuvre :

Pourquoi Bérenger ne se transforme-t-il pas en rhinocéros ?,  puis distribuer un extrait de Notes et contre-notes dans lequel  Ionesco explique comment son ami Rémy de Rougemont a, après un temps, instinctivement refusé de céder au mouvement de foule, de fascination face à un discours d’Hitler.

On peut ensuite inviter certains groupes à travailler sur le personnage de Dudard ; les autres s’interrogeront sur celui de Daisy.  A l’issue du travail, il sera intéressant de rendre compte à la classe des réflexions menées.

 

Dudard : « Comprendre, c’est justifier » ; l’intellectuel qui refuse d’agir puis qui cède au fanatisme et aux sirènes des totalitarismes, après avoir tenté de « comprendre » les rhinocéros.

Consignes possibles :

1/ Relevez des phrases-clés qui vous semblent expliquer la métamorphose finale de Dudard.

2/ Qui représente ce personnage, selon vous ?

3/ Ionesco explique, dans un entretien, qui est Dudard et pourquoi il a créé ce personnage.

4/ Comment représenteriez-vous ce personnage ? Vous rédigerez les conseils qu’un metteur en scène donnerait au comédien incarnant Dudard.

 

Daisy : « Il n’y a pas de raison absolue. C’est le monde qui a raison, ce n’est pas toi, ni moi. »

1/ Relevez des citations de Daisy, dans l’acte III, qui illustrent l’évolution du personnage.

2/ Comment expliquez-vous cette évolution et son choix final ? Justifiez votre réponse.

3/ Comment représenteriez-vous ce personnage ?

4/ Analysez l’extrait représenté par Emmanuel Demarcy-Mota.

V Commentaire sur table du dénouement (monologue de Bérenger) : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! » ; « Malheur à qui veut conserver son originalité !»

Lire l’extrait 

C’est une fin tragique que nous propose Ionesco et il est intéressant de confronter les différentes interprétations de ce dénouement : certains élèves concluent à un héroïsme de Bérenger qui reste humain et qui se bat, même de façon dérisoire (et absurde). D’autres au contraire insistent sur la violence finale de Bérenger et sur son désir de céder lui aussi aux sirènes de la métamorphose qui mettent à mal l’humanité du personnage. On peut utilement lors de la correction leur faire écouter l’extrait d’entretien avec Ionesco où l’auteur défend l’humanité de son personnage, son caractère « humain trop humain », précisément pas héroïque.

La reprise en classe du texte mettra en évidence le mouvement du monologue : l’humanité du personnage, sa culpabilité ; le questionnement sur l’identité et le langage ; le dilemme : la tentation de la rhinocérite et les renversements de valeurs vers la lutte finale.

L’étude de l’espace scénique (les têtes de rhinocéros qui encerclent Bérenger mais aussi peut-être les spectateurs eux-mêmes) permet d’interroger la représentation possible de ce dénouement et de projeter la version d’Emmanuel Demarcy-Mota, en la confrontant à d’autres mises en scène (que l’on peut notamment trouver sur le site You tube)

 

Travail final : Devoir Maison

Vous réaliserez un travail sur Rhinocéros en proposant à votre tour des pistes pour une mise en scène de la pièce.

Vous rechercherez sur internet d’autres types de mises en scène que celles vues en cours et justifierez vos propres choix, en vous référant à vos analyses et interprétations des personnages, de l’intrigue et des conversations,  de la progression dramatique et surtout de la fin. Vous indiquerez quel type de métamorphose vous proposeriez de représenter et à quelle(s) rhinocérite(s) vous feriez référence.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, réaliser ce travail sous forme numérique.

Exemples de travaux: 

Exemple 1      Exemple 2    Exemple 3

Prolongements

Exposé sur le parcours d’Eugène Ionesco

I Lectures complémentaires :

Autour de la pièce :

–       Notes et contre-notes, Eugène Ionesco

–       Extraits d’entretiens avec Eugène Ionesco

Autour de l’absurde et sa réflexion sur l’homme (à relier au contexte historique) :

–       Dénouement d’En attendant Godot, Samuel Beckett

–       Dénouement de La leçon, Eugène Ionesco

–       Début de La cantatrice chauve,  illustré par la mise en scène par Jean-Luc Lagarce

Autour de la mort de l’homme, textes de l’anthologie :

–       Fin de partie, S. Beckett (anthologie p. 262/263)

–       Les Mots et les Choses, Michel Foucault (anthologie p.264/265)

–       Tristes Tropiques, Claude Lévi-Strauss (anthologie p.266/267)

–       Une bien faible humanité : Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme (anthologie p.218/219)

 

II Propositions de sujets de dissertation :

En quoi le théâtre fait-il réfléchir sur l’homme ?

Pensez-vous avec Ariane Mnouchkine que « le théâtre a charge de représenter les mouvements de l’âme, de l’esprit, du monde, de l’histoire » ?

 

III Représentation

Choix d’autres extraits de la mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota(ex. acte II, tableau 1)

Entretien avec le metteur en scène (extraits)

Fichiers joints :

–       Extrait de l’acte I              (lecture analytique)

–       lecture analytique  « la métamorphose de Jean » ; anthologie p 202

–       Dénouement

–       Extraits de Notes et contre-notes, Ionesco