Imprimer l'article

Mettre en scène Rhinocéros Ionesco : Morgane

Rappel du sujet 

Vous réaliserez un travail sur Rhinocéros en proposant à votre tour des pistes pour une mise en scène de la pièce.

Vous rechercherez sur internet d’autres types de mises en scène que celles vues en cours et justifierez vos propres choix, en vous référant à vos analyses et interprétations des personnages, de l’intrigue et des conversations,  de la progression dramatique et surtout de la fin. Vous indiquerez quel type de métamorphose vous proposeriez de représenter et à quelle(s) rhinocérite(s) vous feriez référence.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, réaliser ce travail sous forme numérique.

Rhinocéros, Ionesco  : Proposition de mise en scène 

Morgane 1E1

Rhinocéros est une pièce en trois actes de Eugène Ionesco qui est un dramaturge contemporain qui s’inscrit dans le courant de l’absurde. Dans cette pièce, nous assistons à l’apparition d’une maladie étrange, appelée rhinocérite, qui transforme les habitants d’un village en rhinocéros.

Pour ce travail, j’ai décidé de me concentrer sur quatre scènes de la pièce que je trouve importantes : La première est la conversation Jean/Bérenger/Logicien/Vieux Monsieur, la deuxième sera l’apparition du premier rhinocéros, la troisième sera la métamorphose de Jean et la dernière sera le dénouement. La rhinocérite à laquelle je ferais référence serait tout simplement la mode car, aujourd’hui, les vêtements prennent une place très importante pour être accépté dans la société. Dans rhinocéros, les personnages deviennent l’un après l’autre rhinocéros, ils suivent un mouvement de foule ; dans la vie les individus suivent ce même mouvement en commençant à porter des vêtements « à la mode » pour finir comme des clones, vêtus tous de la même façon. Dans les deux cas il y a une perte de l’individualité.

– Dans le premier acte de la pièce, nous trouvons une scène dans laquelle Bérenger converse avec Jean et un vieux monsieur discute avec un Logicien. Les deux conversations finissent par se mélanger et le lecteur se retrouve perdu. Les personnages : Bérenger, anti-héros de nature dépressive ; on apprend dans cette scène qu’il ne fait pas attention à son apparence, ce qui ne plait pas à son ami Jean. Il serait joué par un acteur plutôt petit avec un peu d’embonpoint et les cheveux totalement décoiffés. Pour montrer son laisser aller, il porterait des vêtements froissés et éventuellement sales. Sa démarche serait lente, trainante, le regard vers le sol. Il marquerait en fait un contraste avec le personnage de Jean qui, lui, un personnage plein de confiance, très sûr de lui et qui est certain de connaître le modèle à suivre et de le représenter (dans cette scène il explique à Bérenger comment se tenir et se vêtir) serait joué par un acteur plutôt grand et mince, vêtu d’un costume tout à fait propre et de chaussures parfaitement cirées. Le logicien ressemble beaucoup à Jean : Il est comme une caricature du discours de Jean. Comme lui, il affirme des choses et pense connaître la réponse à tout mais ils se contredisent et ce qu’ils disent n’a, en fait, aucun sens. Après avoir lu le discours du logicien, le lecteur peut penser que n’importe qui pourrait être logicien, c’est pour cela que dans ma mise en scène le logicien serait grand et mince, porterait le même costume et les mêmes chaussures que Jean mais avec des lunettes en plus : ce simple petit détail fait de lui un logicien. Le Vieux Monsieur, comme dans la mise en scène de Demarcy Mota, serait plutôt un jeune homme car on peut supposer qu’un Vieux Monsieur a plus d’expérience de la vie qu’un jeune homme. Le jeune homme sera donc plus facilement influençable et suivra le non-sens du logicien, croyant tout ce qu’il raconte.

Pour le décor de cette scène, je suivrais les didascalies de Ionesco au début de l’Acte I : « Une place dans une petite ville de province […] Ciel bleu, lumière crue, murs très blancs » en éliminant l’ « arbre poussiéreux » qui me semble inutile à l’action et qui serait encombrant sur scène. Je remplacerais aussi la lumière crue par une lumière se rapprochant du jaune pour créer un ambiance pesante et accentuer l’idée de chaleur et de maladie.

Pour la scène, Bérenger et Jean seraient assis face à face à une table et le Logicien et le Vieux Monsieur face à face à une autre table. Les deux tables seraient proches l’une de l’autre de sorte que le Logicien et Jean soient dos à dos. Les deux personnages emploieraient le même ton lorsque les répliques se répètent et adopteraient la même posture pour montrer leurs similitudes. Au contraire, Bérenger et le Vieux Monsieur n’auraient pas le même ton car Bérenger doit se démarquer, le spectateur doit sentir qu’il sera celui qui résistera à la rhinocérite. Bérenger parlerait lentement, d’une voix douce et monotone. Le résultat final serait une totale mise à part de Bérenger avec trois personnages parlant de façon dynamique ( Jean et le Logicien exposant leurs raisonnements et le Vieux Monsieur suivant avec intérêt le raisonnement du Logicien ) et un personnage visiblement fatigué de la vie. Contrairement à la mise en scène de Demarcy Mota, les personnages ne bougeraient pas des tables car les spectateurs pourraient se perdre encore davantage entre les deux conversations.

– Ma mise en scène de l’apparition du premier rhinocéros serait très proche de celle de Demarcy Mota. Il n’y aurait pas d’acteur déguisé en rhinocéros sur scène mais un faisceau de lumière traversant la scène accompagné de barrissements et de bruits de sabots. Les autres lumières sur scène perdraient en intensité de sorte que l’attention des spectateurs soit fixée sur le faisceau de lumière. En plaçant les lumières dans un certain angle, j’ajouterais une ombre sur le mur vers lequel se dirigerait le rhinocéros, le spectateur pourrait alors l’apercevoir durant quelques secondes. Le faisceau de lumière et l’ombre créeraient une atmosphère inquiétante.

– Pour la transformation de Jean, ma mise en scène serait inspirée de celle de Demarcy-Mota et de celle de Dominique Lamour. De la mise en scène de Demarcy Mota, je reprendrais l’idée d’une musique ou plutôt d’une onde sonore allant crescendo tout au long de la scène. La mise en scène de Dominique Lamour suit toutes les didascalies, Jean ne cesse de passer de la salle de bain à la chambre. Néanmoins, dans cette mise en scène, Jean ne fait pas l’apparition effrayante annoncée par Ionesco (« Bérenger s’interrompt car Jean fait une apparition effrayante. »), nous ne le voyons donc pas se transformer mais nous voyons une lumière verte sortir de la salle de bain lorsque la transformation est achevée. Je reprendrais cette idée de lumière mais en ajoutant une ombre sur le mur qui permettrait aux spectateurs de voir Jean sans réellement le voir. L’ombre amplifiant les mouvements, elle rendrait la scène encore plus inquiétante. La combinaison de l’onde sonore et de l’ombre pourrait même effrayer le spectateur. Comme dans les deux mises en scène, il n’y aurait pas de corne dans ma mise en scène car la corne serait plus un élément comique que tragique et je souhaite faire ressortir le côté tragique de cette pièce au maximum. Lors de sa transformation, Jean ne parlerait pas normalement mais hurlerait pour montrer la montée de la violence chez ce personnage.

– Pour le monologue de Bérenger, l’onde sonore serait de nouveau utilisée, marquant le retour de l’atmosphère inquiétante de la transformation, accompagnée de bruits de sabots et de barrissements. Bérenger devrait presque crier pour couvrir les bruits alentour. Je suivrais le texte de Ionesco que je trouve déjà assez tragique car on y trouve un être perdu et sans repère mais je supprimerais l’imitation des rhinocéros de Bérenger qui, comme la corne, serait un élément comique. L’objectif est d’obtenir une ambiance encore plus inquiétante que celle de la transformation avec la présence des têtes de rhinocéros, apparues plus tôt lorsque Daisy était encore avec Bérenger, sur tous les murs autour de la scène.

Pour conclure, ma mise en scène mettrait en valeur le côté tragique de cette pièce. Je pense que le tragique doi→ prendre le dessus car cette pièce dénonce quelque chose de violent ayant pris une place importante au XXème siècle : le totalitarisme. Mon objectif est de créer une atmosphère de plus en plus effrayante au fur et à mesure des scènes.

 

→Retour vers écrire sa mise en scène de Rhinocéros

←Retour vers la séquence l’humanisme est périmé?