Tous les articles par Claude Carpentier

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Un itinéraire humaniste , Serge et Beate Klarsfeld

Retour sur le concours 2017 des « Itinéraires Humanistes »…

Le lycée Victor Hugo de Florence a reçu le prix de l’engagement

Dans le cadre de la 3ème édition du concours  des Itinéraires humanistes, consacré cette année à l’exploration de « Territoires Humanistes « , les élèves de Première L du lycée Victor Hugo de Florence ont en effet été récompensés pour leur remarquable travail, sous la direction de leur professeur de français, Sophie-Bernard Léger.

Après la lecture de  Si c’est un homme  (Itinéraires Humanistes pour notre temps, p. 238), récit dans lequel Primo Levi  relate son expérience de la déportation, les élèves ont eu la curiosité de demander à Serge et Beate Klarsfeld, dans le cadre d’un atelier de philosophie animé par Bernard Léger, d’expliquer et de revenir sur leur parcours de « chasseurs de nazis ».

Ils parviennent, dans cette passionnante aventure, à saisir les ressorts et le profond engagement  qui continue à  animer le couple, et à mettre au jour le territoire humaniste qu’ils ont créé et qu’ils invitent chacun de nous à explorer.

Vous apprécierez la qualité de la réflexion et la pertinence de leurs questions faisant de cette interview un saisissant  témoignage.

Nous avons le plaisir de vous la faire découvrir, soit en cliquant ici, soit en en feuilletant les pages qui suivent.

 Excellente lecture à tous!

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Des mots pour produire une lecture sensible de l’incipit du « Rapport de Brodeck »

Retour sur le concours 2017 des « Itinéraires humanistes »…

Entrer dans Le rapport de Brodeck , l’explorer , en produire une interprétation , en faire son territoire, c’est l’itinéraire qu’a choisi d’emprunter la classe de 1ère S3 de Véronique Perrin. Les élèves sont partis des mots et ont convoqué à travers eux les valeurs humanistes pour nous révéler leur vision du monde. 

Ce projet a remporté à l’unanimité le grand prix du jury du concours des Itinéraires humanistes 2017.

Telle en est la description, faite le professeur :
L’incipit en constitue la frontière, une sorte de sas qui nous permet de nous extraire de notre réalité pour nous faire basculer dans la fiction. Chaque élève s’en est approprié un mot, telle une boussole orientant la lecture complète de l’œuvre. Il a ainsi voyagé à la rencontre de l’Autre, l’Anderer, Brodeck et des Autres, car le roman constitue un véritable territoire humaniste.
La classe vous convie à sillonner cette première page en vous dévoilant divers parcours possibles pour pénétrer plus avant dans l’univers de Claudel. Elle s’excuse d’ores et déjà des redites mais les routes ne sont-elles pas faites pour se croiser ? Chaque élève a butiné dans ses souvenirs de lecture pour traduire « la couleur » du roman . Il a souhaité faire partager son expérience sensible de lecteur, tentant de privilégier le rendu de l’atmosphère sur le suspense. Bonne promenade!

Guidés par Madame Perrin, les élèves ont en effet sélectionné les mots qu’ils ont jugés les plus frappants, à partir desquels ils ont produit de nouveaux écrits venant enrichir à leur tour le texte premier de l’auteur.  C’est donc une double entrée dans l’oeuvre, par le lexique et par l’écriture, que la classe a réalisée.

Les mots sélectionnés dans l’incipit par les élèves sont les suivants. Vous pouvez cliquer sur chacun d’eux pour découvrir les productions réalisées en lien.

Je m’appelle  Les autres  De Anderer 
Brodeck  Forcé  l’Autre 
Je n’y suis pour rien  Ils  Différent 
Je tiens à le dire  Etudes  La vérité ;  Variations 
Ligoter  Souvenir  La guerre 
Ma mémoire  Machine  Notre Village 

Accéder à l’intégralité du travail 

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Habiter l’espace intime de Brodeck

Retour sur le concours 2017 des                          Itinéraires humanistes…                               

Le lycée de Wingles a reçu le Grand Prix du jury        

Dans le cadre du concours 2017 des « Itinéraires humanistes », consacré cette année à l’exploration de « territoires humanistes », les élèves de Première S3 de Madame Véronique Perrin ont produit une passionnante lecture hypermédiatique de l’incipit du Rapport de Brodeck de Philippe Claudel (Itinéraires humanistes, p.153). A la faveur de la création d’hyperliens,  ils ont forgé leurs propres territoires de lecture et vous invitent à créer le vôtre tout en renouvelant notre pensée sur l’homme et le monde.  A découvrir absolument!

Madame Véronique Perrin présent ainsi le projet :

L’incipit en constitue la frontière, une sorte de sas qui nous permet de nous extraire de notre réalité pour nous faire basculer dans la fiction. Chaque élève s’en est approprié un mot, telle une boussole orientant la lecture complète de l’œuvre. Il a ainsi voyagé à la rencontre de l’Autre, l’Anderer, Brodeck et des Autres, car le roman constitue un véritable territoire humaniste.
La classe vous convie à sillonner cette première page en vous dévoilant divers parcours possibles pour pénétrer plus avant dans l’univers de Claudel. Elle s’excuse d’ores et déjà des redites mais les routes ne sont-elles pas faites pour se croiser ? Chaque élève a butiné dans ses souvenirs de lecture pour traduire « la couleur » du roman . Il a souhaité faire partager son expérience sensible de lecteur, tentant de privilégier le rendu de l’atmosphère sur le suspense. 

A l’origine du projet, il y a cette question que tout professeur et élève se posent : 

Comment entrer dans une oeuvre?  Comment s’en emparer ?

La formidable inventivité du projet, sa remarquable pertinence aussi, résident précisément dans le fait d’avoir amené les élèves à pénétrer au coeur du texte et de s’être emparé de ses mots avant de transformer ces derniers en hyperliens, support d’une expérience unique de lecture.

Car c’est bien de cela dont il s’agit : une expérience inédite, à travers laquelle chacun est invité à construire son propre itinéraire de lecture en fonction des hyperliens qu’il choisit d’activer ou non. Laissez-vous prendre dans ce plaisir de lecture, prenez le temps de lire tout autant que de voir ce texte s’enrichir pour renouveler votre manière d’apprécier l’oeuvre de Claudel. Eprouvez cette « part sensible du sens du texte numérique¹ » à la faveur d’une implication nouvelle du corps dans l’acte de lecture. Acceptez surtout de « prendre le risque de la manipulation pour savoir si l’autre texte existe² » et vivez une « expérience temporelle² » et humaniste unique!

1- Nous faisons nôtre ici une réflexion, extraite de l’essai de Alexandra Saemmer, Rhétorique du texte numérique : figures de la lecture, anticipations de pratiques,  Presses de l’ENSSIB, col. Papiers, 2015, p. 45.

2- op. cit., p. 23.


 Nous vous proposons deux manières d’apprécier le projet et peut-être de vous en emparer pour construire vous aussi, à l’occasion de nouvelles lectures, des territoires humanistes inédits :   

  • La première consiste en une totale recréation du texte au sein de l’espace numérique. Celui-ci a en effet été réécrit,  enrichi et rendu accessible sur un site web, crée grâce à la plateforme « Wix ». 
  • La seconde consiste en une réécriture du texte à l’aide d’un traitement de texte  en y insérant des hyperliens.

A vous ainsi de choisir la forme que vous retiendriez pour vos propres travaux, en fonction de vos conditions d’exercices et des moyens à votre disposition.

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Village

Des centaines de templates

« L’unique morale qui prévaut, c’est la vie. Seuls les morts ont toujours tort. »

   Nous sommes dans un jardin, plein été, bouquet de lavande près du cerisier, les Rex flammae l’ont envahi. Ils sont une vingtaine à y vivre, ces lépidoptères vivent en harmonie.

   Un jour, un papillon tout à fait différent arriva dans le jardin, ses ailes étaient très sombres, se rapprochant du noir tandis que celles des Rex flammae étaient d’un rouge foncé étincelant. Mais les Rex flammae l’acceptèrent non comme l’un des leurs mais plutôt comme un visiteur sans trop de lien avec eux. Les jours passèrent et le papillon noir était toujours là, il se fondait presque dans la masse. Les mâles Rex flammae dirigeaient le clan, c’était eux qui prenaient les décisions protégeant le groupe. Si les Rex flammae devaient se cacher, c’était eux qui donnaient l’alerte ; s’ils changeaient de lieu de vie, c’étaient encore eux qui le décidaient. Mais impossible de quitter le bouquet de lavande, chaque papillon étant très attaché à ses origines. Un lien presque surnaturel soudait la communauté de l’espèce. Etant très peu nombreux, ils se connaissaient tous, ainsi que leurs origines. Sauf ce papillon noir : aucun lien avec les Rex flammae, personne ne sait de quel jardin il vient, quels problèmes lui sont arrivés pour qu’il vienne dans la lavande, sans communiquer les Rex flammae. Il y a des bouquets de lavande dans chaque jardin des environs, alors pourquoi celui-ci ?

Un jour changea littéralement le village lorsqu’un aigle fut repéré non loin du jardin. Le conseil des papillons se réunit alors :

   « Vous savez, dit le chef, un habitant de la lavande va être obligé de mourir, il faut donc choisir ce papillon.

Je pense que le choix semble clair pour chacun d’entre vous : soit un papillon que vousconnaissez depuis votre temps de chenille, avec lequel vous avez tout partagé, soit un papillon étranger au village, sans aucun lien avec vous, dont vous ne connaissez rien. Alors, quel est votre choix ?

Les Rex flammae doivent être préservés, ce n’est pas très moral pour ce papillon noir mais rien n’est plus moral que la vie des nôtres. Votons. »

   Le jour de l’attaque de l’aigle, tous les Rex flammae étaient prévenus sauf le papillon noir qui fut avalé en une seule bouchée. L’équilibre des papillons Rex flammae était donc préservé.

Le Rapport de Brodeck, éd. Livre de poche (P.276)

Martin Rose

Espace intime de Brodeck                                         ⇒Quels mots pour entrer dans le Procès?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La guerre

Cette satanée guerre, quel dégât n’a-t-elle pas causé dans ce village ! D’ailleurs notre histoire est rythmée par la guerre, notre monde,  aujourd’hui,  résulte des conséquences de celles-ci. Tout le monde. Tout le monde en est responsable, elle est là, elle est présente, et cela depuis très longtemps. Malheureusement, malgré les moyens dont nous disposons aujourd’hui, personne n’a le pouvoir d’arrêter son éternel recommencement. Elle a existé, elle existe et elle existera. Quand j’entends ce mot, je fais référence aux deux conflits mondiaux que j’ai moi-même vécus et qui causèrent la mort de plus de soixante millions de soldats, d’hommes, de femmes, d’innocents.

    Dans ce carnet, je tiens à consigner l’histoire du village où je me trouve en ce moment, même si je crains que personne ne le lise un jour. Quand j’arrivai dans ce village, quelques mois après le conflit, je sentis une certaine froideur chez les habitants. Là, les gens me fixent du regard quand je marche dans la rue. Une fois, j’ai même entendu mon propre nom, prononcé par un des villageois. Peut-être suis-je en train de devenir fou me direz-vous, peut-être disait-il du bien de moi, mais je ne pense pas. Au fond, dans ce village, comme dans de nombreux autres à l’époque où nous vivons, règne une certaine haine de l’étranger. Cette xénophobie a notamment été renforcée par tous les crimes de guerre que les villageois ont dû vivre pendant ses six années de calvaire, par exemple de la part des Fratergekeime qui ont fait prisonniers de nombreuses personnes ou encore ont pillé ce village de fond en comble dans l’espoir de se réapprovisionner. Ou même par les habitants eux-mêmes qui étaient prêts à vendre leur voisin à l’ennemi dans le seul but de survivre. Puis, quand je parle de prisonnier de guerre, je parle surtout des camps de concentration. D’ailleurs, dans ce village, je connais une personne ayant subi ce calvaire, il se nomme Brodeck. Quelles souffrances n’a-t-il pas endurées quand on sait les malheurs qu’ont vécus les prisonniers à l’époque. Il a sûrement été maltraité par les  serviteurs d’Hitler. Je n’ose même pas imaginer. Ce que je sais aussi, c’est que la femme de Brodeck nommée Emélia est restée muette, elle chantonne, mais ne parle plus. Elle a perdu la raison quand la guerre a pris fin. A-t-elle été marquée par la disparition de son mari ? A-t-elle subi des horreurs de la part des Fratergekeime ? Ici tout le monde sait, je le sais…

    Pour le moment, je retourne peindre, c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à m’arrêter, c’est comme s’il y avait quelque chose en moi qui m’empêchait d’abandonner. Saurai-je un jour pourquoi ?

Jimmy Pawlowski

Espace intime de Brodeck                            ⇔Quels mots pour entrer dans le Procès ?

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Vérité : Variations

« Que voulez-vous de moi ? Raconter la vérité ou votre vérité ? Votre vérité n’est peut-être pas la même que d’autres, demander le pardon en mentant ne servira pas. Je ne veux pas être le bouc émissaire. Ce n’est pas parce qu’ils me croiront que votre vérité sera conforme à leurs attentes. Je ne veux pas que vos idées soient de votre imagination et qu’il en sorte un mensonge. Si je dois le faire, je ne veux que la vérité. Etes-vous sûrs que vous, vous y teniez ? Alors quelle est votre vérité ? Pourquoi cet acte était-il une nécessité ? Le rapport sera basé sur vos témoignages et ma propre enquête si bien que la vérité sera toujours difficile à distinguer du mensonge même si elle est pourtant raisonnable enfin… si elle existe ici. Pourquoi avez-vous tant besoin de pardon si c’était une nécessité ? La vérité est que vous voulez qu’on vous pardonne pour avoir la conscience tranquille alors que cet acte était prémédité. Vous avez peur, voilà tout. La vérité peut couper les mains. Pour pouvoir faire de mon mieux, il faut que je sache si vous voulez établir la vérité ou vous faire croire ? »

Sarah Blanchard

    » Chers villageois, c’est le moment de vous quitter mais il y a une chose dont je dois vous faire part.

   Vous m’avez demandé de rédiger un rapport sur la mort de l’Anderer, afin de ne pas vous sentir coupables de son meurtre. J’ai cependant des doutes sur les circonstances et sur la raison pour laquelle il a été tué. Au tout début de mon enquête, je me suis rendu chez le maire afin d’en savoir un peu plus. Quand il m’a servi une tranche de lard, je regardais son couteau, ce couteau qui lui servait le plus naturellement du monde, ce matin-là, à se nourrir et qui la veille au soir s’était sans doute planté à plusieurs reprises dans le corps de l’Anderer. Puis je lui ai demandé de voir le corps et celui-ci m’a clairement fait comprendre qu’il n’y en avait plus, ce qui a renforcé mes soupçons .

    Quand j’avais enfin fini de rédiger ce rapport, je suis allé le porter tôt le matin chez lui. Et celui-ci l’a lu avec la plus grande attention et s’est mis à tourner autour de la table tout en marchant lentement en me racontant une histoire de moutons.  J’avais compris : c’était Orschwir le berger et vous les moutons.  Le troupeau a besoin de son berger afin d’assurer la cohésion du groupe mais jusqu’à quel point ? Après ces paroles, il s’est rapproché du poêle où de grandes flammes réchauffèrent toute la pièce, il ouvrit la trappe et jeta le rapport dans le feu ne me disant : « il est  temps de tout oublier, Brodeck. Les hommes ont besoin d’oubli. »  Maintenant que vous connaissez toute l’histoire, il est temps que je parte et que je vous chasse de ma mémoire à tout jamais. « 

Brodeck

Charlotte Tiberghien

Espace intime de Brodeck                                ⇒ Quels mots pour entrer dans le procès?

 

 

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Vérité

 

Je ne peux y croire. Comment peut-il brûler autant de travail en si peu de temps ? J’aurais dû me douter que cette version de l’Ereigniës ne lui plairait pas. Le maire, il n’aime pas voir la vérité en face. La vérité, ça peut couper les mains et laisser des entailles à ne plus pouvoir vivre avec, je l’ai déjà dit. Ce qu’Orschwir veut, c’est garder, en apparence, les mains vierges de tout vice. Après tout, peut-être que la vérité n’est pas bonne à dire. Mais il fallait que je le dénonce, ce meurtre ! J’ai été forcé de faire ce rapport, ils voulaient tous que ce soit moi, ils voulaient que je raconte. Je pensais avoir raconté la vérité, mais personne ici ne l’aime la vérité. J’en ai pris conscience pendant le repas qu’avant organisé l’Anderer. Il avait alors exposé les tableaux qu’il avait réalisés, révélant le vrai visage de chacun d’entre nous et ils n’avaient pas accepté d’être confrontés à la réalité. Je me rappelle bien qu’ils ont tout saccagé. Personne n’aime la vérité ici.

    Quand je suis allé chez Orschwir pour lui poser des questions, il a refusé de me répondre et s’est contenté de me montrer ses porcs. Sur le moment, je n’ ai pas prêté attention à l’enchaînement des événements mais quand j’ai demandé à voir le corps, il m’a emmené à la porcherie. Le corps s’y trouvait-il ? J’en ai la quasi certitude désormais. Il a brûlé le rapport car quelque chose le dérangeait : la vérité.

     Comme Diodème et la lettre qu’il m’a laissée, j’ai voulu dénoncer la vérité, aussi effrayante soit-elle.  Le fameux soir où je suis venu chercher le beurre, les villageois m’ont fait l’avocat du diable et je devais de rendre ce rapport. J’ai donc choisi d’expliquer ma version des faits. J’étais arrivé à l’auberge Schloss peu après que l’Anderer ait été traversé de plusieurs coups de couteau. Ensuite le corps a été emmené dans  l’enclos des porcs puis réduit à néant, faisant oublier ce qui était arrivé. J’ai écrit le rapport, entre deux paniers garnis que je recevais en guise de paiement puis Orschwir a fini par le brûler puisque ce n’était pas le genre de « vérité » qu’il voulait lire.

    Je sais que la vérité peut faire souffrir, j’en ai fait l’expérience par les lettres de Diodème mais elle reste toujours enfouie dans la mémoire de quelqu’un et tôt ou tard elle finit par ressurgir : elle ne reste jamais éternellement muette.

Noémie Neveu

⇐Espace intime de Brodeck                                        ⇒Quels mots  pour entrer dans Le procès ?

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Différent

                                                        La différence
La différence apporte méfiance
Cet étranger venu de nulle part
Fut assassiné pour sa clairvoyance
Venu pour réanimer la mauvaise conscience,
Venu pour briser les remparts
Venu pour révéler les secrets  enfouis
Venu dans un but divinatoire.
 
Différents, l’étaient-ils face à ces villageois
Il  disait : « c’était un peu moi »,
Mais bien que Brodeck fût des leurs
Il se sentait beaucoup plus proche de l’Anderer.
 
Leurs différences provoquèrent trahison.
« Assassins » criait l’un d’une voix vengeresse,
Son ombre pesant sur les coupables.
Injuste, pensait l’autre envoyé dans les camps
Revenu et faisant partie des seuls survivants,
Ayant cru leur avoir servi de leçon
Mais l’ancienne délation ressurgit de toute façon.
 
Le différend créé par l’exposition de leurs péchés
Montrés grâce à ses peintures extralucides,
Œuvres perçues comme perfides
Conduisit à l’assassinat de l’étranger.
 
Cette différence amenant crainte et haine
Evidence partagée par le monde entier
N’est que redondance de la bêtise humaine.

Benjamin Duplouy

Habiter l’espace intime de Brodeck               ⇔Quels mots pour entrer dans Le Procès?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’Autre

 

Discrètement mais sans hasard,  il apparait,Dans ce petit village parmi ces quelques âmes. Malheureusement pour lui il les observera, Malheureusement il constatera, il percevra,  il écrira, et il dessinera.Cet homme « extra-ordinaire » Cet homme qui parle aux animaux mais peu aux hommes Et qui pourtant en perçoit les moindres secrets…

Toi, « l’étranger », « De Anderer », à leurs yeux différent, original, dérangeant.Comme je te comprends pourtant : tes origines te sont reprochéesLes miennes m’ont mené en enfer, l’enfer des camps, des camps de l’indicible. Toi, l’étranger, tu l’es surtout pour ces habitants, à l’étroit dans leur village, à l’étroit dans leur esprit.Jamais ils n’ont comme toi voyagé, jamais ils n’ont connu d’autres contrées, d’autres modes de vie et de pensée.Toi le rêveur, comme moi, tu observes, comme moi tu ressens, tu comprends.J’observe la nature, je l’écoute, je la consigne dans mon carnet. Tu habites leur village, tu leur souris, tu suscites leur intérêt, leurs interrogations, Sans parler, tu révèles leurs défauts, la distance qu’avec toi ils instaurent, par méfiance. Et puis, tu le notes. Toi, l’étranger, tu portes des habits cossus, un chapeau, tu parles à ton âne, ton cheval,Et puis tu bois du thé, dans des tasses de porcelaine d’Asie !Schloss, l’aubergiste, accepte de te loger, surtout par vénalité. Mais tu n’es pas intégré, parce que tu es étrange, étranger !Aux Fratergekeime, ils m’ont livré, pour acheter leur tranquillité, Pour donner à l’ennemi ce qu’il traquait, et ainsi échapper à sa sanction. Toi, le voyageur, tu en as découvert des civilisations ! Tu n’as pas rejeté la nouveauté !Toi, le frère, tu m’as écouté, à toi je me suis confié, avec générosité et sensibilité tu m’as accueilli.Toi, Petit Prince, tu te confies à la nature, à tes animaux, tu flânes le long de la  rivière StaubiLoin de toi, l’avarice, la bêtise, l’intolérance, la méchanceté !Toi, Petit Prince, tu ne demandes pas qu’on te dessine un mouton, mais tu les représenteras, eux les villageois Sur des toiles que chez Schloss tu exposeras. Toi le prophète, par ces peintures tu tenteras de les révéler à eux-mêmesSans les sermonner, tu essaieras de les ouvrir à l’Autre, à la différence Mais tu échoueras et leur bêtise triomphera.D’abord, ils s’en prennent à ce que tu as de plus cher : tes compagnons à quatre pattes. Toi, le prophète, tu deviens fou de douleur, d’incompréhensionEt pour la première fois, tu t’exprimes, tu cries ton désespoir. Toi, le prophète, ils te sacrifient, ils te battent à mort, c’est « l’Ereigniës ».Toi, l’étranger, le frère, le prophète, tu voulais les laver de leurs péchés Mais ils n’ont pas compris, ils sont restés aveugles et t’ont exécuté.Mais moi, Brodeck, je t’ai compris….Et tu rêves, tu penses….

«  La guerre ravage et révèle » –  Philippe Claudel 
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». – Saint-Exupéry  
Mathis Tryla

Espace intime de Brodeck                           ⇔ Quels mots pour entrer dans le Procès?

 

 

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L’Anderer

 

Après le massacre de ses animaux, l’Anderer est effondré de tristesse, cet épisode l’a marqué et blessé, les villageois cruels ont réussi à lui faire du mal indirectement en s’en prenant à ses animaux. L’Anderer rentre alors à l’auberge, dans sa chambre, il s’isole du reste du monde, il est abattu, pensif, souffre, pleure en repensant à ses animaux, à ses meilleurs amis. Soudain la colère l’envahit et un désir de vengeance apparaît. Il sort de la poche de son manteau, son carnet noir, l’ouvre et commence à écrire, son écriture est rapide et violente :

    « Aujourd’hui vous voulez me faire souffrir, me détruire une nouvelle fois, cependant cette fois ce sera différent, vous m’avez oublié , moi non, maintenant c’est à moi de vous faire souffrir, je vais vous faire payer ce que vous m’avez fait.  Il  y a maintenant plus de vingt ans, vous m’avez tout pris, lorsque je ne pouvais plus payer mon loyer, le maire Orschwir m’expulsa avec ma femme et mes deux enfants, n’ayant plus de tout où dormir durant cet hiver.  Nous sommes allés voir le curé Peiper pour dormir dans l’église au chaud, cependant il ne nous laissa pas entrer, ensuite dans un dernier espoir et comme je ne savais plus quoi faire, nous allâmes demander une chambre pour passer la nuit à l’Auberge Schloss. Cependant  comme je n’avais pas d’argent, il affirma que toutes les chambres étaient prises, alors que ce n’était pas la pleine saison et qu’il n’y avait jamais personne dans cette auberge pour passer la nuit. J’ai perdu mes deux enfants en passant des nuits dans le froid et ma femme succomba de la grippe et mourut peu de temps après, voilà la raison de ma venue au village, vous allez mourir et je vais détruire vos maisons et vos vies, comme vous avez détruit la mienne. »

    Après avoir lu le passage de la mort des animaux, j’ai imaginé comment l’Anderer aurait pu réagir. Ce personnage étant de nature sage avec les villageois qu’il côtoie  au cours de l’histoire, cet extrait serait une des nombreuses confidences qu’il a écrites dans son carnet noir dans lequel il libèrerait ses pensées sombres telles la souffrance, la colère et son désir de vengeance afin de ne pas laisser paraître sa rage . Je me suis permis en tant que lecteur d’imaginer la vie de l’Anderer avant son arrivée au village et la raison de sa venue. Après tout, Claudel ne l’a-t-il pas rendu énigmatique pour que nous nous appropriions librement son destin…

Allan Thery

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forcé

Au commencement était la violence. L’Ereigniës est le meurtre collectif  perpétré  par une partie des habitants du village contre un étranger, l’Anderer, en raison de ses différences.

Au commencement était la contrainte. Brodeck, allant simplement chercher du beurre à l’auberge du village pour sa famille, se retrouve embarqué de force dans l’écriture d’un rapport racontant cet étrange meurtre dont il ne connaît même pas l’histoire.

Forcé 

Au commencement était l’intimidation. Le maire,  Orschwir, est un personnage manipulateur qui va menacer et faire pression sur Brodeck. Il possède une fortune, ses cochons. A quoi pourraient-ils bien servir ? De quoi serait-il capable ?

Au commencement était la surveillance. Forcé d’écrire le rapport, Brodeck est constamment épié par les villageois. L’un d’eux, Gobbler, son propre voisin notamment va l’espionner, rentrant chez lui à son insu, afin d’inspecter l’avancement de son écrit, s’étonnant de l’entendre autant taper à la machine pour un simple rapport. Un personnage écoeurant et malhonnête, qui soumettra au maire des informations en défaveur de Brodeck suite à ses fourberies. Jusqu’où les habitants du village, si peu bienveillants, pourraient-ils aller ?

A la fin naît un récit où Brodeck raconte sa vie truffée d’épreuves auxquelles on ne pouvait s’attendre, ainsi que celle de ses compagnons de déportation. Il se libère donc de la contrainte qui lui est imposée en faisant part, dans son écrit, du mépris et des différentes sortes de violences qu’il a pu subir.

Marion Tonolo

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Les autres

Qui sont les autres ? 

Les autres, un pronom indéfini

Désignant une réalité imprécise

Ces quelques lettres n’abritent pas l’individu

Mais tout le monde à la fois.

Les autres signifient-ils la différence ?

Brodeck ainsi que Frippman

Sont désignés comme autres

Eux, ils sont des Fremders.

Mais pour Brodeck, qui sont les autres ?

De quelle façon peut-on les percevoir ?

Est-ce les gentils ou les méchants ?

Ce sont les médisants.

Les autres sont les personnes lâches.

Ils portent en eux la haine,

Ils sont racistes

Envers tous ceux qui sont différents d’eux.

Pour eux « étranger » et « mort » se conjuguent.

Si on n’est pas né au village,

Qu’on ne se ressemble pas,

On passe de vie à trépas.

Les autres sont des personnes sans valeur,

Ils sont hypocrites,

Ils respirent le mal,

Ils le répandent autour d’eux.

Les autres, enfants, font déjà preuve de cruauté :

Jeter à l’eau un pauvre enfant,

Geler sa langue,

Est-ce un jeu amusant ?

Pour les autres,  l’Autre, c’est l’Anderer,

C’est Brodeck, qui a fait des études

A croire que l’intelligence

Marginalise.

Ces autres-là, si différents

Peuvent être accaparés par la peur,

Celle d’être rejetés,

Celle d’être bannis

Les autres, les autres…

Nous sommes toujours l’Autre pour quelqu’un

C’est ce qui nous différencie.

Aline Hennache

 « Les autres », un groupe de différentes personnes mais sans aucune distinction entre les individus du groupe.

    « Les autres » sont les commanditaires du rapport auprès de Brodeck, qui sera destiné à d’autres individus qui lui sont alors inconnus. Les autres, ces commanditaires, se retrouvent dans l’auberge Schloss.

   Les autres

   Schloss, le propriétaire de l’auberge où les hommes du village se réunissent pour parler et c’est lui qui héberge l’Anderer. Il va alors apporter son aide à Brodeck pour l’écriture du rapport.

   Les autres

   Wilhem Vurtenhau, un paysan très riche possédant de nombreuses terres ; il rappelle alors sa tâche à Brodeck et est très en colère contre lui. Il le tiendra pour responsable de quoi qu’il arrive.

    Les autres

    Rudi Gott, le maréchal ferrant du village ; il a été défiguré par un sabot  de cheval qui lui a écrasé le nez ; celui-ci va alors recadrer Brodeck alors qu’il écrit son rapport. Il va le surveiller de près.

    Les autres sont de simples personnes qui, seules, n’ont pas le même poids qu’en groupe. Les foules sont auteurs de mauvaises actions, on ne peut donc trouver le coupable. Les individus en groupe peuvent réaliser des actes qu’ils ne peuvent faire seuls, par manque de pouvoir. Un groupe ne peut plaire à tout le monde ; il nuit toujours à un autre groupe. Un individu en foule peut donc combattre une cause avec plus de pouvoir qu’individuellement.

Maxime Dujardin

Espace intime de Brodeck                                 ⇔ Quels Mots pour entrer dasns Le Procès?

 

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Machine

Le rapport, c’est moi qui l’ai écrit, en quelque sorte. Brodeck aurait dû seulement écrire un rapport sur l’Anderer mais il a décidé de raconter sa vie en marge de celui-ci, c’était plus fort que lui. C’est peut-être à cause de ce mur… Brodeck a eu la bonne idée de mettre le secrétaire face au mur, ce qui lui a rappelé le camp et comme, il dit « sa boîte ». Il fallait qu’il le dise à quelqu’un. En parlant du secrétaire, mon ancien propriétaire s’appelait Diodème. Lui  savait la vérité et c’est ce qui l’a poussé à se suicider. L’Anderer lui aussi connaissait la vérité et on sait tous ce qui lui est arrivé. Et Brodeck, lui, veut bien sûr la connaître aussi. Il n’a pu s’empêcher d’ouvrir le tiroir du secrétaire qui contenait les notes de Diodème et la lettre qu’il avait laissée à son intention. Mais quel est  ce mystère ? Que s’est-il vraiment passé ?

Andréa Courcol

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Mémoire

 

    Non, Monsieur le Maire, je n’écrirai pas un rapport mais des mémoires, plus spécialement MES mémoires. Je ne pourrai pas écrire un rapport sur l’Anderer  car je ne connais strictement rien de lui mis à part son passage dans notre village. Cependant je peux réaliser  un « rapport » sur mes mémoires et sur la mémoire collective du village car j’ai moi-même vécu  ici avant de me faire déporter pendant la guerre. J’ai été déporté car les villageois m’ont dénoncé à l’occupant pour obtenir leur tranquillité. Ils m’ont dénoncé car ils ont jugé que j’étais différent et étrange par rapport à eux et que je n’avais pas ma place parmi eux. Le village suit toujours le même principe qu’alors : j’ai cru entendre que ce fameux Anderer était étrange et c’est sûrement pour cela qu’il est mort ; cela me rappelle mon vécu, mon histoire. C’est pour cela que je n’écrirai pas ce rapport.

Ou plutôt si. Je l’écrirai mais il sera un alibi. En même temps que je le rédigerai, j’écrirai mes mémoires. Ces événements me taraudent, ils ont fait remonter en moi ce dont je ne voulais plus parler. C’est trop tard. La vanne est ouverte. C’est pour cela que maintenant je veux en parler. Je voudrais avoir ce rapport sur moi, sur ma vie et non pas sur un village entier.

Victor Sion

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Je n’y suis pour rien

  Tu t’appelles Brodeck et tu y es pour quelque chose. Du moins, c’est ce que je pense sinon pourquoi te sens-tu obligé de préciser ton innocence et d’insister autant dessus à part pour qu’on te dissocie de ce que tu t’apprêtes à raconter ?

    Cela sonne à mes yeux comme un témoignage lors d’un interrogatoire au commissariat. Ton histoire m’est alors devenue mystérieuse. Au début, je me suis demandée si tu n’avais pas été témoin d’un événement mais vu ton insistance, je me suis demandée si, après tout, tu n’avais pas été victime de quelque chose et si tu n’avais pas besoin de notre soutien. Mais une telle insistance m’a amenée à penser que tu es coupable Coupable  de quoi ? Je ne sais pas. Dans tous les cas, tu me sembles rongé par une forme de culpabilité. Peut-être essayes-tu avant tout de t’innocenter à tes propres yeux ? Nous convaincre serait alors te donner une image nouvelle, l’image de l’innocent que tu voudrais être.

   Après cela une autre question m’est venue en tête : de quoi veux-tu être innocenté ? Que vas-tu nous raconter ? Est-ce si grave que cela ?

Au fil du roman, nous apprenons à te connaître et nous découvrons ton passé et l’événement auquel tu faisais allusion.

    Tu as eu la malchance de connaître les camps de concentration  durant la guerre. Tu t’y es retrouvé déporté, désigné par les villageois pour « acheter leur tranquillité ». Cela a dû être horrible pour toi  d’être ainsi trahi et de vivre, ou plutôt de survivre dans ces camps. Tu as eu énormément de chance d’en réchapper et tu as fait  preuve de beaucoup de courage.

    A ton retour, tu as su reprendre une vie normale, banale au sein de la communauté du village mais cela a hélas basculé du jour au lendemain. Un soir plus exactement, alors que tu allais chercher un peu de beurre pour le souper, tu t’es retrouvé impliqué dans cette histoire. Tu n’ as pas vraiment eu le choix après tout, comment dire non à des hommes capables de tout, même de tuer ? Les villageois t’ont demandé d’écrire un rapport. Pour  toi qui as l’habitude d’en écrire sur les différentes plantes que tu étudies, cela ne devait pas être très difficile. Or le rapport en question ne concerne pas une plante, elle concerne un événement. L’Ereigniës qu’ils l’appelaient. Un terme allemand pour évoquer la mort de l’Anderer, l’autre. Tu es bel et bien innocent, tu vas juste mener ton enquête, assembler les pièces du puzzle et relater les événements comme tu le peux. Tu n’approuves pas réellement ce que tu écris et ce qui va se passer au sein du village, tu ne veux pas décevoir les villageois et subir une répression quelle qu’elle soit. Tu as peur.

    Tu agis sous la contrainte, tu aurais préféré ne jamais savoir et rester en dehors de tout cela. Tu es impuissant, passif, innocent ; tu subis ton destin.

    Pourquoi n’as-tu pas la conscience tranquille alors ? tu n’es pas impliqué dans le  meurtre de l’Anderer, en tous cas c’est ce qui nous apparaît suite à la lecture du roman.

    A la fin du roman, tu nous avoues avoir volé, dans un wagon… Bien que ce fût totalement involontaire et instinctif, tu ne peux t’empêcher d’y repenser, cela hante ta conscience. Tu ne peux pas supporter l’idée d’avoir tué et c’est pour cela que tu ne veux pas être associé au meurtre de l’Anderer.

    Tu vas terminer ce rapport et le rendre au maire. Contre  toute attente, une fois lu, ce rapport sera brûlé. Qu’y as-tu écrit pour qu’il parte en fumée ? Tu y as dénoncé la cruauté des hommes, leur lâcheté et la peur de l’étranger. Quels mots as-tu utilisés ? Ça, je ne le sais pas. Le brûler, c’est détruire symboliquement la vérité, la faire disparaître.

 Tu finiras par quitter le village et démarrer une nouvelle vie, cherchant à oublier la cruauté des hommes et à te mettre en sécurité, toi et ta famille. Sans doute as-tu peur de subir le même sort que l’Anderer qui a été en réalité assassiné pour avoir été différent et pour que ne soit pas divulguée la vraie nature des villageois. Maintenant, toi aussi tu le sais. Tu as beaucoup de points communs avec cet étranger et tu n’as jamais eu ta place dans ce village.

Tu clôtures cette histoire comme tu l’as commencée mais en insistant davantage sur identité. Nous savons désormais que tu es innocent face au meurtre de l’Anderer.  Tu es coupable d’un meurtre involontaire mais désormais tu désires tout oublier. Peut-être as-tu compris que le crime  perpétré par les villageois était pire que le tien. Après tout, tu n’y es pour rien.

Clémence Delbergue

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ILS

  Le pronom personnel ils représente la troisième personne du pluriel, c’est-à-dire la personne absente, celle dont on parle, que certains linguistes appellent la non-personne parce qu’elle ne participe pas à la situation d’énonciation.

    Dans cet incipit, ils est utilisé plusieurs fois : « m’ont-ils dit », « ils n’ont rien voulu savoir ».  Ils est aussi remplaçable par d’autres expressions comme « les autres », « on » ou « nous », même si Brodeck est un villageois isolé.

    Ils laisse à la première lecture une vague de mystère. Ils savent quelque chose. Ils veulent que Brodeck, le personnage principal, fasse un rapport sur le village, ce que ce dernier accepte sous la contrainte.

  Ils est une succession de il.

Il, c’est le maire du village.

L’or des Orschwir, ce sont les porcs.

Hans est laid, pas malin ni savant et plutôt lâche.

Il  ne considère pas mieux les êtres humains que ses porcs.

« Ils ne connaissent pas le remords »

Ils mangent de tout, sans jamais se poser de questions.

Ils ne laissent rien derrière eux,

Aucune trace, aucune preuve.

Il participe à  l’assassinat de l’Anderer.

Sans éprouver le moindre remords.

Sa priorité est de continuer à vivre,

Malgré les erreurs commises.

Il, c’est l’aubergiste

Chez qui l’Anderer a été assassiné.

Schloss est un homme veule, sans envergure.

« Je fais ce qu’on me dit, c’est tout.

Je ne veux pas d’histoires. »

Mais il est détruit

Suite à la mort de sa femme et de son fils.

Dieter  essaie d’aider Brodeck

En lui rapportant la  conversation

Entre Orschwir et l’Anderer.

Il, c’est l’instituteur.

Limmat a plus de quatre-vingts ans.

Brodeck éprouve de la sympathie pour lui,

Pour son érudition et sa connaissance de la forêt.

Ernst-Peter n’a pas participé à l’Ereigniës,

Il sait tout ce qu’il s’est passé sans jamais le condamner

Puisqu’il fait partie du ils.

Ils, c’est les hommes qui lisent et jugent le rapport.

Ils sont tous responsables de l’assassinat de l’Anderer.

Mélanie Piowczyk

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Je tiens à le dire

Chère Poupchette,

   Si je t’écris, c’est parce qu’à cette heure-ci, j’ai trop de choses sur la conscience, je dois te dire, je ne peux plus vivre avec cela enfoui en moi, c’est trop difficile…

   Je vais  t’apprendre des choses  que tu ne sais probablement pas. Il faut que tu saches que je n’y suis pour rien, cette guerre m’a empêché de protéger ta mère. J’ai vécu l’horreur du cratère et lors de mon absence, des choses irréparables ont été commises,  mais je n’y suis pour rien. Là-bas, on me faisait faire tant de bassesses que je regrette aujourd’hui. Cependant, sans cela, je ne serais plus là pour te parler. Mon ami, lui, l’a payé de sa vie. Je l’ai fait pour Emélia…

    Par mes actions, des personnes sont mortes. Pourquoi ai-je volé cette eau ? Pourquoi ai-je agi avec une telle cruauté ? Je regrette tellement…

    Je n’y suis pour rien dans la mort de l’Anderer, je n’y suis pour rien…

    Poupchette, je t’aime et je t’aimerai toujours. Je n’oublierai pas nos promenades, ni ton enthousiasme lors de la fête organisée en l’honneur de l’Anderer. Je n’y suis peut-être pour rien,  mais je t’aime comme ma fille. Je t’aime, Poupchette, n’oublie jamais ça…

Brodeck

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Etudes

Cher maître,

    Il y a des soirs où, comme vous le savez, le monde s’écroule ; et justement ce soir fait partie de ceux-ci. Je vous écris donc  cette lettre afin de vous faire partager mon ressenti qui, me semble-t-il, vous concerne plus que les autres car je souhaite vous parler de mes études.  Il est vrai qu’en allant à la capitale pour celles-ci, j’ai réalisé et appris un certain nombre de choses… Je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup apprendre et lire, curiosité que, comme vous me l’aviez dit, vous aviez remarquée à mon arrivée ici. De plus j’ai rencontré des personnes formidables telles que ma chérie Emélia, ou encore Ulli Rätte…  Malheureusement j’ai ouvert une sorte de boîte de Pandore durant cette période avec l’atrocité des dizaines de personnes massacrées  lors de cette après-midi enneigée ; mais j’ai aussi fait face à la trahison de celui que je pensais être mon ami… Ulli fut par la suite  parmi ceux qui ont détruit ma vie et cela sans le vouloir puisqu’il ne m’a jamais vu ; mais évidemment j’aurais préféré ne pas le reconnaître que de le voir avec ces bourreaux…

    Au final, il se peut que vous vous en moquiez puisque j’ai eu la déception de vous voir parmi  EUX, lors de cette soirée où je fus contraint de palabrer sur l’Anderer… Vous n’étiez pas avec eux ce soir-là, mais vous saviez tout, sans vous y opposer, pourquoi ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas interposé  entre eux et cette personne juste avide de savoir ? Moi qui vous considérais comme un père, je me sens trahi par  votre attitude cette soirée…  Je tenais à vous le dire car je ne voulais pas garder cela sur le cœur éternellement. Je sais que vous comprendrez parfaitement ce que je vous exprime car vous restez à mes yeux une personne intelligente et intéressante, malgré tout, M. Limmat.

    Je vous quitte en  espérant que vous ne vous sentez pas trop méprisé, et avec tout le respect que je vous dois, je souhaite fortement vous revoir afin de peut-être en rediscuter moins maladroitement… A bientôt.

Brodeck

 Lindsy Duchâtelet

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Souvenir

 

Je me souviens de mes randonnées, des notes inutiles que je mettais des heures à faire pour finalement n’être lu par personne. Ces descriptions de la faune et de la flore nous entourant, des saisons rythmant nos vies et celle de ce cadre en perpétuel évolution

Je me souviens de cette colline. De cette montée semblant interminable mais où, de là haut, le village tenait dans la paume de la main, où tous les sommets avoisinants  se rejoignaient pour nous offrir le plus beau des spectacles. Je l’avais rencontré une fois là haut et lui avait donné, tout en admirant la vue, les différents noms de ces montagnes semblant jouer avec les nuages et  je me souviens de la culpabilité dévoilé ces noms comme si c’était la pire des fautes

Je me souviens  d’Emelia chantant sur ce sommet son éternelle et mélancolique chanson au coucher du soleil, de Poupchette jouant à ses pieds . De la grâce et de la beauté dont cette scène faisait preuve, la rendant presque irréelle

Je me souviens de la première fois où elle m’est apparue . De l’amour qu’à cet instant j’ai éprouvé pour elle presque malgré moi. Des souffrances endurées afin de pouvoir la revoir encore une fois

Je me souviens de mon voyage vers le cratère et de Kelmar. De nos interminables discussions, de la soif qui a fait de nous deux meurtriers. Je me souviens de l’arrivée au camp et de cette course qui restera à jamais gravée en moi. Peut-être aurais-je dû m’arrêter là aussi

Je me souviens du livre de l’Anderer où elle était là. La pervenche des ravines, la fleur que depuis tout ce temps je cherchais était là, sous mes yeux. D’une beauté inégalée, elle avait l’air, dans ce livre rarissime que j’avais cherché dans toutes les bibliothèques de la région, d’un trésor. Un bijou dans un écrin conservé à l’abri des regards

Je me souviens du jour où les tableaux ont été accrochés. Des premières réactions puis de la haine et de la violence qu’ils ont soulevée. De la vague de rage qui s’est abattue sur tout notre village, des choses qu’elle a détruites mais dont je me souviendrai toujours

Je me souviens de cette tâche qu’on m’a imposée : écrire ce rapport. Des nuits blanches que j’ai passées à me torturer l’esprit à savoir si la vérité devait être révélée ou non. De me remémorer ce que j’aurais préféré chasser de mon esprit. Mais les souvenirs sont ce qu’ils sont, je ne pourrai jamais les faire taire, je ne peux que les fuir.

 Léa Soualle
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ligoter

Brodeck nous dit, au début du roman, qu’il préfèrerait « ligoter sa mémoire », ce qui nous montre qu’il n’écrit pas par envie. D’ailleurs ce sont les autres qui l’y forcent. Le choix de ce terme est important, « ligoter » faisant référence aux liens qui entravent mais aussi au fil : Brodeck est donc celui qui brode l’histoire, avec ce fil. Son récit raconte les faits d’un meurtre qu’ont commis la plupart des habitants du village, mais Brodeck, lui, ne veut pas écrire : il préfère lui-même oublier tout cela. Mais dans sa quête, il interroge de nombreux habitants et, de fil en aiguille, les langues finissent par se délier : il en apprend plus sur ce meurtre, mais aussi sur son propre passé, un peu comme si sa mémoire était elle-même ligotée. Ainsi, au fur et à mesure, dans la tête de Brodeck se forme, pièce par pièce, un puzzle qui varie entre ses souvenirs et les découvertes qu’il fait sur son passé. Au fil de l’histoire, Brodeck finit par délier son passé , qui était ligoté au fond de sa mémoire.

Antoine Lenquette

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