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ligoter

Brodeck nous dit, au début du roman, qu’il préfèrerait « ligoter sa mémoire », ce qui nous montre qu’il n’écrit pas par envie. D’ailleurs ce sont les autres qui l’y forcent. Le choix de ce terme est important, « ligoter » faisant référence aux liens qui entravent mais aussi au fil : Brodeck est donc celui qui brode l’histoire, avec ce fil. Son récit raconte les faits d’un meurtre qu’ont commis la plupart des habitants du village, mais Brodeck, lui, ne veut pas écrire : il préfère lui-même oublier tout cela. Mais dans sa quête, il interroge de nombreux habitants et, de fil en aiguille, les langues finissent par se délier : il en apprend plus sur ce meurtre, mais aussi sur son propre passé, un peu comme si sa mémoire était elle-même ligotée. Ainsi, au fur et à mesure, dans la tête de Brodeck se forme, pièce par pièce, un puzzle qui varie entre ses souvenirs et les découvertes qu’il fait sur son passé. Au fil de l’histoire, Brodeck finit par délier son passé , qui était ligoté au fond de sa mémoire.

Antoine Lenquette

Espace intime de Brodeck                                    ⇒ Quels mots pour entrer dans le procès?