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Etre un homme au cœur de la Guerre

« Quelles valeurs humanistes possibles après un siècle de conflits ? »

 Peggy Dumont – Collège Jules Ferry (Anzin)

                                                                   Niveau : Collège, 3ème

 

Objet d’étude, thème du programme :

Cette séquence répond à l’une des entrées du programme de 3ème : Formes du récit au XXème et XXIème siècle. Plus précisément, la séquence s’appuie sur un groupement de textes « porteurs d’un regard sur l’histoire et le monde contemporain. »

Le thème retenu est celui de la guerre et le corpus des œuvres littéraires et cinématographiques étudiées,  mettant en scène les grands conflits du XXème siècle, permettra de se demander quelles valeurs humanistes sont possibles en temps de guerre et si  ces valeurs peuvent  survivre à la guerre.

Ce thème permettra, à travers un parcours de lecture de textes appartenant à l’anthologie « Itinéraires humanistes pour notre temps », de la lecture cursive d’une œuvre intégrale,  Le garçon au pyjama rayé de John Boyne, et de l’analyse filmique d’extraits de 2 films évoquant les deux conflits mondiaux du XXème siècle, de questionner les élèves sur ce que sont les valeurs humanistes et des effets de la guerre sur ces valeurs.

Le professeur pourra également bâtir, en lien avec le programme d’Histoire, un projet Histoire des Arts dont l’objet d’étude intitulé « La Guerre dans les Arts au XXème siècle » répondra à la problématique suivante : « Quelles valeurs humanistes possibles après un siècle de conflits ? »

Objectifs généraux du projet :

lecture 2 lettres de poilus : (extrait de « Paroles de Poilus ». Lettres et carnets du front (1914-1918). Sous la direction de Jean-Pierre Guéno et d’Yves Laplume. Paris : Radio France 1998 : pp. 78 à 79 et 112 à 113.)-Un corpus de textes extraits de l’anthologie : 

  • Primo Levi : Si c’est un homme (Anthologie p.238 à 241)
  • Jean Ferrat : Nuit et brouillard (Anthologie p.222 à 223)
  • J.C. Grumberg : L’atelier (Anthologie p.228 à 229)
  • Tim O’Brien : A propos de courage (Anthologie p.356 à 357)

– Lecture cursive  : Le garçon au pyjama rayé de John Boyne

 

culture humaniste / histoire des arts
  • Thème  : « Arts, Etats et pouvoirs »
  • Domaines : « Art du langage », « Art du Son », « Art du Visuel »
  • Période : XXème siècle
  • Objet d’Etude : « La Guerre dans les Arts au XXème sièclle
  • problématique :
  • « quelles valeurs humanistes possibles après un siècle de conflits ? » 
  • La Grande Illusion de Jean Renoir : Analyse filmique de 4 extraits
  • (Extrait 1 : 2 min35 à 10 min02 / Extrait 2 : 1h03min11 à 1h06 / Extrait 3 : 1h 30 min31 à 1h 34 min 04 / Extrait 4 : 1h 50min58 à fin)- La Vie est Belle de Roberto Benigni : 48min23 à 49 min
Types d’écrits travaillés 
  • Des écrits fonctionnels : écrits de synthèse après différentes lectures analytiques
  • Un écrit fictionnel : faisant suite au visionnement d’un extrait filmique
  • Grammaire : le système hypothétique et propositions subordonnées circonstancielles de condition
  • lexique : « extermination » et « anéantissement »
Oral 
  • Travail de la lecture expressive
  • Entraînement à l’oral d’histoire des Arts
Utilisation des TICE 
  • Utilisation de lasalle pupitre pour faciliter l’analyse des textes, l’enregistrement de lectures expressives, la mise en images grâce à un logiciel de montage type Windows Movie Maker.
  • Utilisation du TBI au service de lalecture de l’image
  • Exploitaion de ressources numériques en ligne pour aider les élèves à mieux écrire (dictionnaires électroniques)
  • Réalisation en salle pupitre de diaporamas support de l’oral Histoire des Arts.

 

 

 Présentation synthétique de la séquence  puis détail de l’activité et/ou de la séance proposée :

 

Plan synthétique de la séquence,  Etre un homme au cœur de la Guerre

Séance 1 : Séance d’Histoire des Arts:

Dans le cadre de COLLEGE au CINEMA, les élèves peuvent avoir l’occasion de visionner le film de Jean Renoir, la Grande Illusion, dans son intégralité, mais le professeur peut aussi se contenter en classe de procéder à l’analyse filmique de 4 extraits parmi lesquels :

Extrait 1 : 0h2’01 à 0h10’47 : Dès le début de son film, Jean Renoir dénonce l’absurdité de la guerre. Il démontre en effet dès les 3 premières séquences, que les différences sociales divisent davantage les hommes que les différences ethniques (montage parallèle des 2 premières scènes – composition filmique du repas des officiers explicite)

Extrait 2 : 1h00’24 à 1h03’04 : le capitaine Rauffenstein reçoit de Boëldieu dans sa « chapelle» et ce dialogue entre les deux hommes met en scène les limites de la solidarité de classe : les deux personnages ont des affinités, s’apprécient, pourraient être amis…, mais la guerre continue et la réalité des combats va les rattraper et leur solidarité de classe n’aura pas raison de ce qui les sépare.

Extrait 3 : 1h 25’13 à 1h 30 ’02 : Dans la campagne allemande, Maréchal et Rosenthal se disputent à cause d’une entorse  que s’est faite Rosenthal… Maréchal part seul en affirmant qu’il n’a « jamais pu blairer les juifs »… mais il revient. Ce qui importe à ce moment du récit, ce n’est plus la réussite à tout prix de l’évasion, mais c’est ce qui fonde l’humanité, la solidarité entre les hommes : Maréchal n’abandonne pas Rosenthal, la solidarité culmine dans la reconnaissance de l’autre comme son frère humain, comme la prise de conscience de leur humanité commune. Mais le film de Renoir véhicule un autre idéal, qui s’avère être également, à la lueur des événements historiques qui suivront,  une autre illusion : l’idéal pacifiste, sensible notamment dans la dernière scène de son film :

Extrait 4 : 1h 50min58 à la fin : Dans la neige, Rosenthal se moque des illusions de Maréchal sur « la der des ders », mais chacun va repartir pour la finir… Une patrouille allemande tire puis s’arrête : « Ils sont en Suisse ». Les deux hommes disparaissent. Le pacifisme est-il une illusion ou un idéal ? Les hommes  peuvent-ils échapper à la guerre ?L’analyse filmique de ces 4 extraits pourra mettre en évidence toute l’ambivalence et la complexité du film de Renoir qui dénonce l’absurdité de tout conflit armé, tout en mettant également en exergue le caractère inéluctable de la guerre. De plus, si elle apparaît comme une composante intrinsèque de l’histoire de l’humanité, la guerre chez Renoir n’empêche pas pour autant la permanence de valeurs humanistes universelles, à commencer par la fraternité qui finit toujours par transcender les déterminismes ethniques, religieux ou sociaux.

Séance 2 : Séance de lecture analytique

Lecture analytique de 2 lettres de poilus permettant d’identifier une problématique mettant en jeu les valeurs humanistes universelles au cœur de la guerre.La valeur testimoniale de ces 2 lettres de poilus permettra de considérer les valeurs humanistes présentes de part et d’autre du front lors de la Grande Guerre, et modère la valeur utopique de l’idéal humaniste développé par Renoir dans la Grande Illusion.La séance s’achève par une trace écrite individuelle faisant la synthèse des séances 1 et 2 et présentant le questionnement qui pourra émerger de ces 2 premières séances.

La seconde partie de la séquence porte sur l’étude d’œuvres évoquant le second conflit mondial. A l’issue de cette étude les élèves pourront confronter les effets produits des deux conflits mondiaux sur la permanence des valeurs humanistes.

Séance 3 : séance mise en images d’un texte

Séance en salle pupitre : Ecoute et mise en images en salle pupitre de la chanson de Ferrat : « Nuit et Brouillard« 

Les élève écoutent en autonomie la chanson de Jean Ferrat : « Nuit et Brouillard« . Ils disposent en version papier et numérique des paroles du textes. Avant toute analyse collective, les élèves (seuls ou en binôme) doivent procéder à la mise en images de la chanson en utilisant le logiciel de montage Windows Movie Maker et en choisissant librement sur internet les images que leur évoque le texte de Ferrat.

Le professeur projette les différentes productions des élèves et de leur confrontation, de la justification de leurs auteurs, émerge le sens du texte (et sa contextualisation) ainsi qu’une possible problématique (par exemple : « suffit-il d’évoquer les victimes de la Shoa par les Arts pour leur rendre leur humanité ? » – « lutter contre l’oubli par les Arts est-ce lutter contre la barbarie ? » ).

 Séance 4 : Séance de lecture analytique

Afin de prolonger le questionnement de la séance 3, on procède à la lecture analytique du texte de Primo Lévi, Si c’est un homme. Il s’agira davantage ici de comprendre le processus de déshumanisation qui fut mis en place dans les « campi di annientamento » (camp d’anéantissement) traduit par « camp d’extermination« .La séance s’achève par un écrit de synthèse individuel reprenant les grands thèmes abordés lors de la lecture analytique collective :- Quel processus de « démolition de l’homme » les camps d’extermination ont-ils instauré ? A quelle fin ?- Pourquoi dire l’indicible ?- Qu’est ce qu’être un homme ?

Séance 5 : Séance lexicale

Cette séance vient en prolongement de la lecture analytique de la séance 4. Primo Lévi parlant du double sens de « camp d’extermination », on pourra procéder à une mise au point lexicale sur les mots « extermination » et « anéantissement »et comprendre par là même les enjeux de la traduction.

A partir de l’étymologie de ces mots, de leur composition en passant par leur évolution historique, les élèves réaliseront une carte heuristique autour de ces notions lexicales.

Séance 6 : séance de langue

A la relecture des deux derniers paragraphes du texte de Primo Lévi, le professeur pourra revenir sur l’observation des outils de langue permettant le fonctionnement du système hypothétique et des propositions subordonnées circonstancielles de condition : par la maîtrise de ce fait grammatical, les élèves pourront comprendre l’utilisation de l’éventuel là où l’on pourrait attendre l’irréel, tant les faits passés soumis à condition présentés par l’auteur portent une valeur universelle intemporelle et tragique.

Séance 7 : séance de lecture analytique

Lecture analytique de  l’extrait de la pièce de J.C. Grumbert : L’Atelier

Au terme de la lecture analytique collective, le professeur propose aux élèves de procéder en binôme à l’enregistrement de la lecture expressive du texte, accompagnée d’une note d’intention de lecture. Il s’agit notamment de rendre compte de l’impossible dialogue entre le Presseur et Simone : l’un incapable d’écouter car trop préoccupé par les révélations qu’il a à faire, l’autre incapable d’entendre car trop préoccupée par le désir de ne pas savoir.

Séance 8 : Expression écrite

Ecrit fictionnel :

Après avoir vu l’extrait 1 du film « La Vie est Belle » de Roberto Benigni, imaginez une lettre écrite par le petit Giosué à sa grand-mère qui vit à San Francisco, aux Etats-Unis.Dans cette lettre, ce jeune enfant italien vivant sous le régime fasciste de Mussolini pendant la guerre de 1940-45, raconte à sa grand-mère la scène qu’il a  vécu avec son père le matin même et s’interroge sur le sens de toutes les interdictions qui sont apparues ces derniers temps sur les vitrines de Rome…Il imagine ensuite un monde où les hommes pourraient vivre sans se soucier des différences entre les hommes (réinvestissement du système hypothétique).

Séance 9 : séance de lecture analytique

Lecture analytique : A propos de courage de Tim O’BrienTexte bilan : Comment retrouver sa part d’humanité malgré la guerre : ce texte est-il complémentaire ou contradictoire avec les œuvres précédemment étudiées ?

Séance 10 : séance BILAN : expression orale puis écrite

Il s’agit ici de dresser le bilan de tout le parcours de cette séquence intitulée « Etre un homme au cœur de la guerre » en tachant de formuler une problématique générale qui pourraient interroger chacune des œuvres étudiées.Les élèves travaillent en binôme ou en petit groupe pour formuler une proposition de problématique générale. La mise en commun sera l’occasion de confronter les différentes œuvres et d’approfondir la réflexion sur ce que sont les valeurs humanistes fondatrices de notre civilisation et des effets que la guerre peut avoir sur ces valeurs. Au terme de cette première étape orale et collective, les élèves sont invités à produire une synthèse écrite individuelle rendant compte de la problématiques et des différentes réponses rencontrées au fil des lectures.

Séance 11 : séance d’oral bilan : préparation à l’épreuve orale HDAe

En salle pupitre, les élèves élaborent des diaporamas qui seront les supports de présentation de leur oral HDA.Par groupe où individuellement, les élèves doivent présenter à la classe, à l’aide de leur diaporama, un exemple d’oral HDA selon la problématique qu’ils auront retenue.La classe dispose du barème officiel retenu dans l’établissement et procède à l’évaluation justifiées des prestations orales de leurs camarades

.Prolongement : Lecture cursive

Au terme de la lecture cursive (autonome) du roman de John Boyne, Le garçon au pyjama rayé, les élèves renroman de John Boyne, Le garçon au pyjama rayé, les élèves rendront udrontn texte argumenté précisant en quoi cette lecture peut, elle aussi, enrichir la problématique de la séquence.