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Le travail à la chaîne de Louis Ferdinand Céline à Charlie Chaplin

 Rappel de la consigne : 

 Dans le cadre de la séquence : « Où va le travail humain? » et pour évaluer les acquis de l’exploitation d’un extrait de Céline Voyage au bout de la nuit  et des Temps modernes de Charlie Chaplin  un travail de synthèse est proposà la classe:

 Q. De Céline ou de Chaplin, lequel des deux auteurs vous a paru le plus efficace pour dénoncer le travail à la chaîne ?

Valentine 1ère ES1)

Lycée Voltaire Wingles

     Le travail à la chaîne… un thème commun qu’ont choisi deux grands personnages : Louis-Ferdinand Céline, dans Voyage au bout de la nuit, paru en  1932 et Charlie Chaplin dans son film  Les Temps  modernes, sorti en 1936. Tous deux en font la critique mais lequel semble le plus efficace pour dénoncer le travail à la chaîne ? Dans un premier temps, nous verrons quels sont les points communs entre ces deux différentes œuvres et ensuite, dans une seconde partie, nous verrons leurs points forts, ce qui est le plus efficace.

Premièrement, il s’agit de montrer les points communs qui lient le texte de Céline au film de Chaplin. Tout d’abord les ouvriers sont soumis à leur machine, ils en sont prisonniers. Comme nous avons  pu le voir dans le film de Chaplin, quand ils descendent du métro pour aller à l’usine, ils sont comme un troupeau de moutons ; c’est une métaphore qui signifie qu’ils sont comme un troupeau d’hommes. Cette animalisation est aussi présente dans  le texte de Céline. En effet, à la ligne 5, les hommes tremblent de toute leur « viande ». Il y a donc une déshumanisation de l’homme dans ces deux œuvres. De plus chez Céline, ils sont aussi comme un troupeau  mais l’esprit prisonnier est plus présent quand ils sont répartis en « files traînardes » (L.1)

Ensuite les conditions de travail sont dures. Chez Céline l’hyperbole « ce bruit de rage énorme » (L.5) qui représente l’usine comme une bête sauvage montre que les ouvriers sont des victimes. Dans le film de Chaplin, cet aspect de l’usine est montré au tout début quand l’usine est filmée de haut et que nous voyons que les machines sont disproportionnées par rapport aux hommes qui apparaissent comme de fourmis. Dans ces usines, le danger est donc toujours présent.

Enfin les ouvriers sont impuissants face à leur hiérarchie. Chez Céline, la voix passive est présente dès la première ligne. De plus ils ne peuvent « ni se parler ni s’entendre » (L.9) ce qui montre que la hiérarchie domine et que les ouvriers ne peuvent rien faire contre les patrons. Chez Chaplin, la représentation du monde patronal est la même. En effet, dans l’extrait que nous avons vu, seul le patron parle, il a donc tout le pouvoir de parole. Il surveille aussi ses ouvriers : il a des caméras partout même aux toilettes ; quand Charlot va fumer pendant sa  pause, le patron lui dit de retourner travailler.

Dans cette seconde partie, il s’agit de monter quels sont les points forts de ces œuvres. Chaplin, en faisant un film, permet  à tous de le voir, c’est-à-dire que l’image permet de mieux comprendre ce que Chaplin veut faire passer  comme message donc même les plus jeunes peuvent le regarder. Chez Céline, les mots sont faciles à comprendre, donc on peut facilement comprendre de quoi il veut parler.

Enfin, chez Chaplin, le ton est burlesque, c’est-à-dire un type de comique qui traite un sujet sérieux, grave, de façon comique. Il repose sur un comique de gestes comme quand Charlot est représenté comme un clown et qu’il reçoit des coups de pied dans les fesses par son collègue.  Au contraire, Céline a mis un ton un peu tragique à son texte, comme quand les ouvriers sont représentés comme des prisonniers, en « files traînardes » (L.1) On peut être touché par ces propos.

Pour conclure, les deux sont autant efficaces l’un que l’autre. Certes d’une façon différente, Chaplin, par le comique, qui peut faire rire et Céline par le tragique, qui peut émouvoir. Mais ils dénoncent tous les deux les mêmes choses.  De plus, on ne peut pas dire que l’un est plus efficace que l’autre ils ont deux aspects différents, le film et le texte, donc  ils ne dénoncent pas de la même façon. Le film est cependant plus marquant que le texte car les images restent souvent dans les mémoires, on se remémore les scènes dans nos têtes. ← 

 

    Exploitation pédagogique :

En cours de correction, cette copie a été distribuée aux élèves afin d’être retravaillée :

–       A l’oral, les élèves ont été invités à réfléchir sur ce qui caractérise plus spécifiquement chacun des  extraits  : la cadence infernale dans le film ; l’opposition de classes sociales, plus prononcée dans l’œuvre de Chaplin ; la dislocation de l’individu restituée par une dislocation syntaxique dans le texte de Céline.

–       La réflexion sur les registres, initiée  par la copie,  a été redéveloppée , en complétant le repérage des éléments tragiques dans le texte de Céline.  Cela a donné lieu à l’écriture d’un nouveau paragraphe  au sein de la seconde partie.

–       Enfin, l’objectif  était de faire sentir aux élèves la différence de regard porté sur l’ouvrier par les auteurs : le cynisme et le dégoût  de Céline contre une certaine bienveillance chez Chaplin.

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