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Lecture comparée de Nuit et Brouillard (J. Ferrat) et Comme toi (JJ Goldman)

Annick Desandère

Collège Val de la Sensée, Arleux

 Séance de lecture analytique.

Comparaison des deux chansons suivantes : « Nuit et brouillard » (page 223) et « Comme toi ». (JJ Goldman )

Démarche :

On fait écouter Nuit et brouillaren premier car les élèves ne l’ont jamais entendue (on trouve des enregistrements vidéo en ligne). L’autre chanson fait partie des chansons reprises par La Génération Goldman. Les élèves l’ont entendue souvent mais avouent ne pas avoir fait attention au sens des paroles.

On leur propose de remplir un tableau à double entrée

(texte 1 : Nuit et brouillard ;  texte 2 : Comme toi et de conclure ensuite.

  • Auteur, compositeur, interprète, date :

Texte 1 : Jean Ferrat (auteur, compositeur, interprète), 1963.

Texte 2 : Jean-Jacques Goldman (auteur, compositeur, interprète), 1982 (reprise par la Génération Goldman).

  • Titre de la chanson :

Texte 1 : Un décret promulgué en 1941 a préparé l’extermination des juifs. Il portait le nom de Nacht und Nebel.

Texte 2 : titre qui annonce la comparaison entre « Sarah » et la petite fille d’ « ici et maintenant ».

  • Thème commun aux deux chansons :

Les deux textes racontent que des vies ont été brisées. Jean Ferrat évoque explicitement la déportation et l’extermination de personnes juives et non juives. Jean-Jacques Goldman raconte que des gens (qui) en avaient décidé autrement ont mis fin aux doux rêves d’une petite fille, sûrement juive et d’origine polonaise.

  •  Analyse des paroles :

Texte 1 : (3 axes de lecture émergent)

– La perte d’identité et la déshumanisation : grand nombre de déportés (Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers), numéro tatoué sur les bras des déportés pour les identifier (Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres), négation du corps jusqu’à la disparition (Nus et maigres, tremblants / Votre chair était tendre à leurs chiens policiers / Dès que la main retombe, Il ne reste qu’une ombre / Ils ne devaient jamais plus revoir un été / ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage).

– La lutte des déportés pour vivre et pour survivre : L’auteur souligne le combat des déportés envoyés dans les camps. (Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants / Survivre encore un jour, une heure, obstinément / Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs Qui n’en finissent pas de distiller l’espoir) mais aussi le combat de ceux qui ont survécu (Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âge Les veines de leurs bras soient devenues si bleues).

– La lutte contre l’oubli : Jean Ferrat rend un nom aux déportés (Jean Pierre, Natacha, Samuel) et s’engage à perpétuer le souvenir, à faire entrer toutes les victimes de la déportation dans la mémoire collective (Je twisterais les mots s’il fallait les twister Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez).

Texte 2 : Les premiers couplets décrivent l’existence heureuse et banale de Sarah, 8 ans. Elle est probablement  juive si l’on se fie aux  prénoms  de « Ruth », « Anna » et « Jérémie » et à l’allusion à la Torah (elle apprenait les lois). Cette petite fille  va à l’école, s’amuse avec ses amis aux jeux de tous les enfants de son âge. Le chanteur s’adresse dans le refrain à une fillette (née ici et maintenant) qui ressemble à Sarah (« tes yeux clairs« , « elle avait ton âge« ). Mais les deux fillettes n’auront pas le même destin. En effet, la vie de Sarah faite de « douceur, Rêves et nuages blancs » sera brisée par une intervention extérieure (« d’autres gens« ). Jean-Jacques Goldman n’évoque pas explicitement le sort de Sarah, il suggère une tragédie sans la nommer.

  • Destinataire inscrit dans le texte :

Texte 1 : de « ils » très général, Jean Ferrat s’adresse directement aux déportés en employant le pronom « vous ». Il reprend les mêmes paroles qu’au premier couplet mais le pronom change.

 Texte 2 : Le chanteur s’adresse dans le refrain à une fillette endormie (Toi).

  • L’œuvre poétique :

          Texte 1 : Neuf quatrains. Des alexandrins. Rimes suivies et croisées.

  • Musique (peut être abordée en cours d’éducation musicale):

    Texte 1 : Les timbales introduisent la chanson (cela fait penser au roulement du train, à une marche vers la mort). Les élèves reconnaissent le son de la flûte (la fuite monotone et sans hâte du temps). Ils trouvent la musique lente et triste. Elle crée une ambiance pesante.

Texte 2 : Musique grave et triste. On peut attirer l’attention sur  le morceau de violon, air traditionnel de la musique yiddish entre la 2è et le 3è strophe.

CONCLUSION : Les deux auteurs ont écrit et composé pour que l’on n’oublie pas les victimes de la seconde guerre mondiale. L’évocation de ces victimes (juives et non juives) est beaucoup plus directe, même violente dans le texte de Jean Ferrat. Ce dernier explicite dans les derniers couplets son engagement. Dans le texte de Jean-Jacques Goldman, l’évocation de la petite fille juive commence de manière anodine. Ce qui lui arrive ensuite est seulement suggéré (cela n’empêche pas l’émotion). En s’adressant dans le texte à « toi » une petite fille d’ « ici et maintenant », l’auteur montre aussi à la génération qui écoute sa chanson qu’il ne faut pas oublier ce qui s’est passé.

PROLONGEMENT  ET PREPARATION DE LA PRODUCTION FINALE:

En prolongement de l’étude de Nuit et brouillard, on montre aux élèves l’affiche du film d’Alain Resnais Nuit et Brouillard (qu’ils ont vu en cours d’Histoire).

Il s’agit de celle divisée en deux parties distinctes. On s’attend à ce que les élèves identifient les différents éléments de l’affiche (les « bourreaux » en haut, la victime en bas qui semble crier de douleur ou même mourir, les barbelés qui évoquent les camps), qu’ils mettent en évidence la construction en deux parties, qu’ils parlent des couleurs

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