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Entrer dans l’anthologie en étudiant un photogramme extrait du film « Playtime » de Jacques Tati

 

 Une étude du photogramme extrait du film de Jacques Tati, Playtime :

Interroger le post-humanisme à la lumière d’une œuvre artistique en croisant séances de français et de mathématiques

 

 Travail mené au collège Mendès France de Tourcoing

Carole Guérin-Callebout (professeur de français) et Norbert Nagy (professeur de mathématiques)

 

Objet d’étude, thème du programme :

Ce projet se propose de répondre à une des entrées du programme de 3ème en français: quel regard les artistes portent-ils sur l’histoire et le monde contemporain. Il s’inscrit plus largement dans le cadre de la préparation à l’épreuve d’Histoire des Arts, en articulant deux disciplines –le français et les mathématiques- au service de la découverte d’une œuvre cinématographique, inscrite dans les Arts du visuel et répondant à la thématique « Arts, ruptures et continuités »

photogrammeplaytime

Le thème retenu est celui de la culture numérique. C’est à partir de celle-ci que la place de l’homme dans le monde d’aujourd’hui sera débattue : l’homme a-t-il encore une place dans un monde uniformisé par la technique ? L’homme est-il voué à se perdre ?

La présentation de l’œuvre peut être préparée par la lecture de deux textes extraits de l’anthologie, un extrait de La 25ème heure de Virgil Gheorghiu, p. 294 et du Passeur de Lois Lowry, p. 338. Le premier décrit en effet un monde tout autant utopique que tragique dans lequel les hommes sont réduits au rang d’« esclaves techniques ». « L’individu n’aura plus droit à l’existence, sera traité comme un piston ou une pièce de machine […] ». Le second invite à se projeter dans un monde où tout est uniformisé, le monde de « l’Identique », dans lequel la couleur n’est plus qu’un lointain souvenir.

Ces deux textes questionnent le monde et la place de l’homme dans un futur utopique. L’œuvre de Tati offre des résonances intéressantes avec ces deux textes et permet de comprendre ce qui pourrait être les origines d’une telle mutation. Ces œuvres se répondent donc et permettent aux élèves d’entrer efficacement dans l’anthologie à travers cette interrogation sur la place de l’homme présente et future.

Objectifs généraux du projet :

 

lecture

 – un photogramme extrait du film de Jacques Tati, p. 292

culture humaniste/histoire des arts

–  un travail interdisciplinaire entre les cours de français et de mathématiques.

types d’écrits travaillés

–  un écrit personnel de synthèse sous la forme d’un dossier de présentation de l’œuvre en vue de l’oral d’Histoire des Arts.

oral

Entraînement à l’oral d’Histoire des Arts. De nombreux débats interprétatifs en classe

Présentation synthétique du projet

Séance 1 : séance d’observation en cours de français/ Lancement de la séance avec vidéo-projection du photogramme.

L’objectif est de recueillir les premières impressions des élèves :

  • Un univers monochrome : l’univers se décline en gris, seul un dossier de travail de couleur chaude, presque orange, contraste avec l’ensemble.
  • Un monde cloisonné, rectiligne et même géométrique : les élèves peuvent ainsi aisément décrire l’image à l’aide de termes géométriques : des cubes, des lignes parallèles, des angles droits, des axes de symétrie, avec comme point central, l’hôtesse qui ressemble davantage à un robot qu’à un humain.
  • Un monde froid, sans couleur ni communication : On peut observer la présence d’un téléphone à l’intérieur de chacun des cubes. Les gens semblent se croiser sans se parler.

 Ce premier travail d’observation permet de dresser une synthèse intermédiaire, de manière collective :

 Ce monde apparaît finalement comme un labyrinthe, un dédale, dans lequel les hommes se perdent et dans lequel le personnage principal, vu de dos et qui observe la scène en nous invitant à faire de même, en plongée, ne semble avoir aucun repère.

 A l’issue de cette première étape, la séquence complète d’où est extrait le photogre, est diffusée aux élèves pour leur permettre de mieux comprendre la scène.

Séance 2 : séance de mathématiques pour poursuivre le travail avec une observation plus fine de l’œuvre 

→ Voir la  séance de mathématiques 

L’objectif de la séance est de préciser, en s’appuyant sur des mesures mathématiques, les caractéristiques de l’environnement dans lequel évoluent les personnages de la scène.

Il s’agit de mesurer l’espace pour en saisir l’uniformité, et la norme géométrique, en questionnant en parallèle les notions de perspective.

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 Séance 3 : Séance d’interprétation en cours de français

Le photogramme est à présent repris pour en faire une analyse dans le cadre plus large de la séquence du film.

Le travail est enrichi par la diffusion d’une interview du réalisateur présentant le projet de « Tativille » (interview réalisée par la chaîne ABC, dans le cadre du programme ABC Tempo, dans l’intégrale Jacques Tati).

Celle-ci permet de comprendre les intentions du réalisateur et de lire avec un regard plus aiguisé le photogramme.

La scène apparaît en effet, certes comme une dénonciation des dérives du  technicisme et du modernisme, mais avec humour et dérision comique, à la différence des textes de Virgil Gheorghiu et Lois Lowry.

Le personnage de M. Hulot apparaît ainsi comme le trublion qui va venir rompre la machine parfaitement huilée. Le monde même représenté est marqué du sceau de la répétition comique, voire farcesque.

 Au terme de l’étude, les élèves sont donc amenés à comparer l’œuvre de Tati et les extraits de textes pour comprendre que chacun interroge la place de l’homme dans notre société moderne et post-moderne avec des outils et des tonalités qui leur sont propres : satire, comédie, utopie tragique peuvent être convoquées.

Séance 4 : Séance d’expression écrite

Les élèves rédigent enfin un écrit de synthèse pour présenter leur analyse et révéler leur appropriation personnelle de l’œuvre.