L’anthologie et les programmes

L’anthologie des itinéraires humanistes pour notre temps, composée de plus de 100 textes et documents iconographiques littéraires, scientifiques, philosophiques ou encore politiques est d’une très grande richesse. Jugée parfois ardue, à tout le moins résistante, mais surtout engagée, elle constitue un levier fécond pour développer l’esprit critique des élèves, aiguiser leur jugement et les aider à devenir des citoyens cultivés et éclairés de leur temps prêts à s’intégrer dans un monde en pleine mutation, en pleine « conversion numérique » pour reprendre les propos de Milad Doueihi.

L’anthologie et le socle commun de connaissances, de compétences et de culture 

L’année 2016 est en effet celle de la préparation de la réforme du collège avant l’application des nouveaux programmes et d’une nouvelle structure des enseignements à la rentrée de septembre. Comment lire cette réforme ? Quelle place surtout pour l’anthologie des Itinéraires humanistes pour notre temps ?

Elle s’offre comme un formidable outil pour répondre aux objectifs majeurs de l’Ecole, tels qu’ils sont définis dans les programmes de l’école primaire, du collège et du lycée. Multilingue, elle est ainsi faite de « langages pour penser et communiquer » (domaine 1) . Elle est fondamentalement un appel à « la formation de la personne et du citoyen »(domaine 3) et peut se lire comme autant de « représentations du monde et de l’activité humaine »(domaine 5). Les itinéraires humanistes pour notre temps portent ainsi en eux 3 des 5 domaines définis dans le nouveau socle commun des connaissances, de compétences et de culture entrant en vigueur à la rentrée 2016.

Ajoutons que la participation aux concours qui lui sont dédiés, invitant les classes à s’engager dans une pédagogie de projet, à travers le travail de classe qui s’y déroule, convoque alors non pas 3 domaines du socle commun de connaissances, de compétences et de culture mais bien  l’ensemble des cinq domaines.  Pour concevoir leurs productions, les élèves, en articulant naturellement « lectures, écritures, recherches et oral » développent bel et bien les capacités du domaine 2 où il s’agit de s’approprier « des méthodes et des outils pour apprendre ». De même, concernant le domaine 4  intitulé « Les systèmes naturels et les systèmes techniques « où l’on invite les élèves à « découvrir, écrire, questionner le monde à travers des supports et des méthodes littéraires », comment ne pas y voir un écho des problématiques des sujets proposés par les concours de ces deux années?

• La complémentarité des disciplines
La réforme du collège, à travers la réécriture des programmes et la mise en place des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) fait de la complémentarité entre les disciplines un des enjeux majeurs de l’enseignement. Les 8 thématiques définies constituent à l’évidence des clés d’entrée intéressantes pour développer de nouvelles exploitations de l’anthologie et faire de l’étude de quelques-uns de ses textes un des axes autour duquel construire des projets interdisciplinaires. Les voici pour rappel :

– Langues et culture de l’Antiquité
– Monde économique et professionnel
– Langues et cultures étrangères et régionales
– Transition écologique et développement durable
– Science, technologie et société
– Corps, santé, bien-être et sécurité
– Information, communication et citoyenneté
– Culture et création artistique

Ces thématiques d’EPI permettent surtout de comprendre comment exploiter au mieux l’anthologie. Si s’en saisir pour elle-seule peut s’apparenter à une mission très difficile, en faire un contrepoint, un prolongement, un enrichissement d’une séquence disciplinaire inscrite a fortiori dans un projet interdisciplinaire constitue une des clés de la réussite de son exploitation au service des élèves et du développement de leurs compétences.

Cette pédagogie déjà à l’oeuvre dans de nombreuses séquences présentes dans ce site , n’interdit pas bien au contraire de mettre en place des moments forts de formalisation, de mentalisation, de restitution en en recourant à une exploitation variée et très ouvert de différents langages.

Les élèves au cours de ces projets y apprennent à développer l’esprit de responsabilité  et d’engagement , à coopérer avec les autres. En étant confrontés à l’expérience des regards différents portés sur des objets communs,  ils sont amenés à faire des choix, à adopter des procédures adaptées pour résoudre un problème, trancher un débat, arrêter leur choix.

Et c’est bien ce que révèlent quelques-uns des projets primés lors des deux éditions du concours dédié à son exploitation justement. Citons, par exemple et révélant ainsi combien l’anthologie se prête à une exploitation dans le premier comme dans le second degré, le travail réalisé par des élèves de seconde du Grand lycée franco-libanais Rêver Beyrouth, ou celui réalisé par des collégiens de 4ème du lycée Verneau de Gran Canaria Le monde à l’unisson ou encore celui réalisé par 25 élèves de première du lycée français de Palma : Dessine moi le monde en réponse à cette citation de Claude Levi Strauss : « un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres êtres avant l’amour propre ».

• Le sens des enseignements
La réforme des programmes réorientant l’ensemble de l’enseignement du primaire et du collège rappelle surtout combien il est nécessaire de donner du sens aux apprentissages, comme en témoignent les entrées volontairement anthropologiques –humanistes- du programme de lettres pour les nouveaux cycles 3 (CM1-CM2-6ème) et 4 (5ème-4ème-3ème). Il s’agit bien de faire de l’élève un acteur de ses apprentissages, de l’ériger en être de raison, de question tout à la fois sensible, cultivé et critique : il « œuvre au développement de ses compétences » pour se saisir de « la complexité du monde (naturel et humain) », comme le précise le préambule aux nouveaux programmes du cycle 4. L’apprentissage se décline ainsi en termes d’engagement, de volonté d’entreprendre, de créativité, de coopération, de responsabilité. La réécriture des programmes place finalement l’homme au cœur de la réflexion et fait de ses valeurs un enjeu majeur d’analyse. Comment ne pas réentendre ici ,en écho, l’affirmation qui introduit l’anthologie des Itinéraires humanistes pour notre temps : « Homo sum : humani nil a me alienum puto». « Je suis homme : rien de ce qui est humain ne m’est étranger » ? Ces résonances invitent surtout à reconsidérer la place de l’anthologie pour davantage s’en saisir encore, pour en faire un allié majeur au service de la construction de parcours didactiques et pédagogiques porteurs de sens et soucieux d’éclairer et de cultiver les élèves.

Les pages qui suivent se proposent plus précisément d’éclairer les nouvelles entrées du programme de lettres en mettant en regard des propositions d’exploitation de l’anthologie appelées bien évidemment à s’enrichir en fonction des projets menés en établissements. Tel est bien en effet la vocation première de ce site : devenir une plateforme collaborative, de partage et d’échanges autour des Itinéraires humanistes pour notre temps.

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