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Lecture analytique Acte 1 Scène 2 Montserrat

 

Titre : Montserrat, ou le choix de la liberté

Problématique : Montserrat, « la chance de l’Homme ? »

 Annette Deschamps

Lycèe Camille Desmoulin Le Cateau Cambrésis

 

 

Séance n°3 : L’irruption de la violence sur scène

 

 

 

Présentation synthétique de la séance : A ce stade de la séance, les élèves ont pu appréhender les enjeux de l’œuvre. Partis à la découverte de Montserrat (séance 2), il faut maintenant découvrir cet « autre » auquel le héros va s’opposer résolument, absolument : Izquierdo, l’officier espagnol qui ordonne les massacres, qui participe avec un plaisir répugnant aux horreurs perpétrées sur le peuple vénézuélien.

Comment la violence d’Izquierdo se voit-elle ? se montre-t-elle ? se propage-t-elle véritablement autour de lui, semant révolte et terreur? Telles sont les pistes de notre première lecture analytique.

Izquierdo entre en scène avant Montserrat, acte I scène 2. Scène d’exposition ? Oui, car il va faire le récit de l’attaque manquée de la nuit. Mais pas seulement : Izquierdo vient de subir un échec cuisant (Bolivar vient de lui échapper) ; mais il a obtenu – par la violence – le « portrait-robot » du traître. Il va donc vouloir se venger et rattraper le temps perdu, mettre un terme définitivement à la révolte vénézuélienne. Mais du temps, il en a très peu (une journée) : l’urgence temporelle va l’obliger à élaborer une vengeance exceptionnelle. Voilà l’intrigue lancée, ainsi que son caractère exceptionnel.

La violence est partout : dans le passé – son  récit -, le présent – Izquierdo sur scène – et l’avenir – l’annonce d’une vengeance exceptionnelle. On ne peut que trembler devant un personnage construit de façon monolithique autour d’un seul sentiment : la haine.

 

 

Zoom sur la démarche pour : analyser des didascalies en ne se fondant pas seulement sur la sémantique des verbes, mais en intégrant une analyse grammaticale : la construction des verbes. Le but de cette activité est de montrer que la violence inhérente à Montserrat n’est pas seulement la manifestation d’un trait de caractère, mais une véritable nécessité intérieure, d’ordre ontologique. Le personnage ne peut pas se comporter différemment (c’est pour cela qu’il ne peut que s’opposer à Montserrat – ce qui serait d’ailleurs valable dans l’autre sens : Montserrat ne peut que s’opposer à Izquierdo)

1. Les élèves ont tout d’abord relevé les différentes didascalies. Ce qui les frappe tout de suite, c’est le ton de voix utilisé par Izquierdo : il « hurle » presque à chaque réplique.

2. Les élèves ont ensuite repéré tous les éléments lexicaux montrant que le personnage est en proie à la colère : haine – ressentiment – sourcils froncés – irrité (l’étymologie latine « ira » a pu conforter ce relevé, même si en français moderne le mot a perdu de sa force).

3. Les élèves ont ensuite repéré que les éléments physiques exprimant la haine se concentraient essentiellement sur le visage, jusqu’à le transformer : « visage décomposé par la haine ». Je voulais aller plus loin que seulement l’idée de violence extrême, de personnage effrayant et dangereux. D’où le recours à une analyse grammaticale de deux didascalies : « on le devine encore plein de ressentiment » et « il a le visage décomposé par la haine ».

« il a le visage décomposé par la haine » : étude de la voix (passive) pour montrer que le sentiment « la haine » est complément d’agent, comme si Izquierdo ne se maîtrisait plus, comme s’il y avait quelque chose (ici un sentiment érigé à l’état de force vivante) qui le dominait complètement, jusqu’à donner à Izquierdo un nouveau persona (au sens étymologique du terme). Les élèves ont ainsi émis l’hypothèse d’un personnage incontrôlable car entièrement soumis à une force supérieure, maléfique, véritablement destructrice. Izquierdo apparaît donc comme le représentant du Mal.

« on le devine encore plein de ressentiment » : la même idée apparaît avec cette didascalie, de façon encore plus évidente. Au sens propre du terme, il est envahi d’un sentiment qui ne passe pas, qui reste en Izquierdo, qui l’occupe tout entier. Il n’y a donc plus de place pour quoi que ce soit d’autre. Or ce plein intérieur suppose de faire le vide à l’extérieur de lui. Les élèves ont ainsi bien perçu que le personnage d’Izquierdo ne faisait que semer la destruction sur son passage, puisque c’est la résultante de sa possession intérieure. Les élèves ont pensé tout de suite aux films d’horreur comme l’Exorciste. D’une certaine façon, Izquierdo est lui aussi un personnage tragique, puisque son « moi » n’est définissable que par un sentiment qu’il ne maîtrise pas.

 

 

 

Bilan : compétences mobilisées au cours des différentes activités du projet

– Lecture et compréhension des textes de façon à construire le sens du texte : toutes les séances

– culture humaniste : toutes les séances

– comprendre et organiser les liens entre les séances, les textes, la problématique et les Objets d’Etude : toutes les séances

– acquisition d’une réflexion personnelle et d’une argumentation efficace : toutes les séances.

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