Archives mensuelles : mars 2014

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Cycle d’approfondissement

L’anthologie est d’autant plus légitime, qu’on peut lire dans le BO du 19 juin 2008

 Littérature

« Le programme de littérature vise à donner à chaque élève un répertoire de références appropriées à son âge, puisées dans le patrimoine et dans la littérature de jeunesse d’hier et d’aujourd’hui ; il participe ainsi à la constitution d’une culture littéraire commune. »

L’anthologie trouve d’autant mieux sa place que le cycle d’approfondissement laisse une place importante à l’histoire contemporaine, dont voici un rappel :

Le XXème siècle et notre époque
La violence du XXème siècle :
– les deux conflits mondiaux ;
– l’extermination des Juifs et des Tziganes par les nazis : un crime contre l’humanité.
-La révolution scientifique et technologique, la société de consommation.
-La Vème République.
-La construction européenne.
-1916 : bataille de Verdun ; Clemenceau ; 11 novembre 1918 : armistice de la Grande Guerre ; 18 juin 1940 : appel du général de Gaulle ; Jean Moulin ; 8 mai 1945 : fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe ; 1945 : droit de vote des femmes en France ; 1957 : traité de Rome ; 1958 : Charles de Gaulle et la fondation de la Vème République ; 1989 : chute du mur de Berlin ; 2002 : l’euro, monnaie européenne.

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Classe de CE1

En classe de CE1

La compétence 5 en CE1 est celle de la culture humaniste. « L’Articulation des programmes d’enseignement de l’école primaire (BO hors série n°3 du 19 juin 2008) avec le socle commun de connaissances et de compétences (décret n°2006-830 du 11 juillet 2006) » invite à parcourir « quelques éléments culturels d’un autre pays », de « comparer (l)es milieux familiers avec d’autres milieux et espaces plus lointains. »

L’éducation musicale est aussi centrale. Les élèves doivent ainsi mémoriser des comptines, des poèmes de nature variée.

Les élèves doivent pratiquer les arts visuels, s’éveiller à l’éducation musicale. Mais ils doivent aussi lire les œuvres de jeunesse, ou les textes du patrimoine. Ils doivent développer la maîtrise de la langue française : savoir lire seul, à haute voix un texte contenant des mots inconnus. Aussi certains textes de l’anthologie se prêtent facilement à ce type d’apprentissage : le poème de Philombe par exemple peut-être mémorisé par des CE1 sans souci.

 Le projet « Construire un itinéraire humaniste en CE1 » permet de valider certaines compétences du socle commun, en particulier:

« la maîtrise de la langue française » ( compétence 1 ) et « les compétences sociales et civiques »( compétence 6)

.En effet, ce  projet permet aux élèves de lire, et de comprendre des textes humanistes, appartenant au patrimoine de la littérature (poèmes de Senghor et de Philombe ainsi que des œuvres de jeunesse), tout en les amenant à écrire des textes courts.

l’expression  orale est particulièrement exploité dans le cadre du spectacle de Djembé, qui initie les élèves de CE1 à la culture africaine par le biais d’un instrument de musique. Les élèves doivent non seulement mémoriser leur texte, mais aussi le rythme musical. Le spectacle retrace en fait le parcours d’un petit garçon, Jean-Baptiste, qui doit aller à l’école. Les voix des enfants lui demandent de se préparer, de prendre l’école au sérieux, et de croire en son avenir. La pièce de théâtre dure une heure en tout.  

Par une pédagogie de détour, on peut par conséquent, parvenir à faire découvrir un autre continent, des auteurs de l’anthologie, pour conduire les élèves sur la voie de l’humanisme.

Concernant l’éducation civique : « Ils apprennent à reconnaître et à respecter les emblèmes et les symboles de la République (la Marseillaise, le drapeau tricolore, le buste de Marianne, la devise “Liberté, Égalité, Fraternité », ils apprennent aussi à respecter les règles de la morale.

La compétence 7 est également très importante car elle invite l’élève à acquérir une certaine autonomie, dans le but de participer à un projet collectif.

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Ionesco, extraits de Notes et contre-notes, 1966

Ionesco, extraits de Notes et contre-notes, 1966

A propos de Rhinoceros

Novembre 1960

En 1933 l’écrivain Denis de Rougemont se trouvait en Allemagne à Nuremberg au moment d’une manifestation nazie. Il nous raconte qu’il se trouvait au milieu d’une foule compacte attendant l’arrivée de Hitler. Les gens donnaient des signes d’impatience lorsqu’on vit apparaître, tout au bout d’une avenue et tout petits dans le lointain, le Führer et sa suite. De loin, le narrateur vit la foule qui était prise progressivement d’une sorte d’hystérie, acclamant frénétiquement l’homme sinistre. L’hystérie se répandait, avançait, avec Hitler, comme une marée. Le narrateur était d’abord étonné par ce délire. Mais lorsque le Führer arriva tout près et que les gens, à ses côtés, furent contaminés par l’hystérie générale, Denis de Rougemont sentit, en lui-même, cette rage qui tentait de l’envahir, ce délire qui « l’électrisait ». Il était tout prêt à succomber à cette magie, lorsque quelque chose monta des profondeurs de son être et résista à l’orage collectif. Denis de Rougemont nous raconte qu’il se sentait mal à l’aise, affreusement seul, dans la foule, à la fois résistant et hésitant. Puis ses cheveux se hérissant, « littéralement » dit-il, sur sa tête, il comprit ce que voulait dire l’Horreur Sacrée. À ce moment-là, ce n’était pas sa pensée qui résistait, ce n’était pas des arguments qui lui venaient à l’esprit, mais c’était tout son être, toute « sa personnalité » qui se rebiffait. Là est peut-être le point de départ de Rhinocéros ; Il est impossible, sans doute, lorsqu’on est assailli par des arguments, des doctrines, des slogans « intellectuels », des propagandes de toutes sortes, de donner sur place une explication de ce refus. La pensée discursive viendra, mais vraisemblablement plus tard, pour appuyer ce refus, cette résistance naturelle, intérieure, cette réponse d’une âme.

Bérenger ne sait donc pas très bien, sur le moment, pourquoi il résiste à la rhinocérite et c’est la preuve que cette résistance est authentique et profonde. Bérenger est peut-être celui qui, comme Denis de Rougemont, est allergique aux mouvements des foules et aux marches, militaires ou autres. Rhinocéros est sans doute une pièce antinazie, mais elle est aussi surtout une pièce contre les hystéries collectives et les épidémies qui se cachent sous le couvert de la raison et des idées, mais qui n’en sont pas moins des graves maladies collectives dont les idéologies ne sont que les alibis : si l’on s’aperçoit que l’histoire déraisonne, que les mensonges des propagandes sont là pour masquer les contradictions qui existent entre les faits et les idéologies qui les appuient, si l’on jette sur l’actualité un regard lucide, cela suffit pour nous empêcher de succomber aux « raisons » irrationnelles, et pour échapper à tous les vertiges.

Des partisans endoctrinés, de plusieurs bords, ont évidemment reproché à l’auteur d’avoir pris un parti anti-intellectualiste et d’avoir choisi comme héros principal un être plutôt simple. Mais j’ai considéré que je n’avais pas à présenter un système idéologique passionnel, pour l’opposer aux autres systèmes idéologiques et passionnels courants. J’ai pensé avoir tout simplement à montrer l’inanité de ces terribles systèmes, ce à quoi ils mènent, comme ils enflamment les gens, les abrutissent, puis les réduisent en esclavage. On s’apercevra certainement que les répliques de Botard, de Jean, de Dudard ne sont que les formules clés, les slogans des dogmes divers cachant sous le masque de la froideur objective, les impulsions les plus irrationnelles et véhémentes. Rhinocéros aussi est une tentative de « démystification ».

*

Je me suis souvenu d’avoir été frappé au cours de ma vie par ce qu’on pourrait appeler le courant d’opinion, par son évolution rapide, sa force de contagion qui est celle d’une véritable épidémie.

Les gens tout à coup se laissent envahir par une religion nouvelle, une doctrine, un fanatisme, enfin parce que les professeurs de philosophie et les journalistes à oripeaux philosophiques appellent le «moment nécessairement historique ». On assiste alors à une véritable mutation mentale. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais, lorsque les gens ne partagent plus votre opinion, lorsqu’on ne peut plus s’entendre avec eux, on a l’impression de s’adresser à des monstres.
Des Rhinocéros […]. Ils en ont la candeur et la férocité́ mêlées. Ils vous tueraient en toute bonne conscience si vous ne pensiez pas comme eux. Et l’histoire nous a bien prouvé au cours de ce siècle que les personnes ainsi transformées ne ressemblent pas seulement à des rhinocéros, ils le deviennent véritablement. Or, il est très possible, bien qu’apparemment extraordinaire, que quelques consciences individuelles représentent la vérité́ contre l’histoire, contre ce qu’on appelle l’Histoire. Il y a un mythe de l’histoire qu’il serait grand temps de «démythifier» puisque le mot est à la mode. Ce sont toujours quelques consciences isolées qui ont représenté́ contre tout le monde la conscience universelle. Les révolutionnaires eux-mêmes étaient au départisolés. Au point d’avoir mauvaise conscience, de ne pas savoir s’ils avaient tort ou raison. Je n’arrive pas à comprendre comment ils ont trouvé en eux-mêmes le courage de continuer tout seuls. Ce sont des héros. Mais dès que la vérité́ pour laquelle ils ont donné leur vie devient vérité́ officielle, il n’y a plus de héros, il n’y a plus que des fonctionnaires doués de la prudence et de lalâcheté́ qui conviennent à l’emploi; c’est tout le thème de Rhinocéros.
– Parlez-nous un peu de sa forme.
– Que voulez-vous que je vous en dise? Cette pièce est peut-être un peu plus longue que les autres. Mais tout aussi traditionnelle et d’une conception tout aussi classique. Je respecte les lois fondamentales du théâtre : une idée simple, une progression également simple et une chute.

 

*

Le propos de la pièce a bien été de décrire le processus de la nazification d’un pays ainsi que le désarroi de celui qui, naturellement allergique à la contagion, assiste à la métamorphose mentale de sa collectivité. Originairement, la « rhinocérite » était bien un nazisme. Le nazisme a été, en grande partie, ente les deux guerres, une invention des intellectuels, idéologues et demi-intellectuels à la page qui l’ont propagé. Ils étaient des rhinocéros. […] Ils ne pensent pas, ils récitent des slogans « intellectuels ». […]Je me demande si je n’ai pas mis le doigt sur une plaie brûlante du monde actuel, sur une maladie étrange qui sévit sous différentes formes, mais qui est la même, dans son principe. Les idéologies devenues idolâtries, les systèmes automatiques de pensée s’élèvent, comme un écran entre l’esprit et la réalité́, faussent l’entendement, aveuglent. Elles sont aussi des barricades entre l’homme et l’homme qu’elles déshumanisent, et rendent impossible l’amitié́ malgré́ tout des hommes entre eux; elles empêchent ce qu’on appelle la coexistence, car un rhinocéros ne peut s’accorder avec celui qui ne l’est pas, un sectaire avec celui qui n’est pas de sa secte.

Je pense que Jean-Louis Barrault a parfaitement saisi la signification de la pièce et qu’il l’a parfaitement rendue. Les Allemands en avaient fait une tragédie. Jean-Louis Barrault une farce terrible et une fable fantastique. Les deux interprétations sont valables, elles constituent les deux mises en scène types de la pièce.

*

[La pièce] n’est pas drôle ; bien qu’elle soit une farce, elle est surtout une tragédie […] Nous assistons à la transformation mentale de toute une collectivité ; les valeurs anciennes se dégradent, sont bouleversées, d’autres naissent et s’imposent. Un homme assiste impuissant à la transformation de son monde contre laquelle il ne peut rien. Il ne sait plus s’il a raison ou non, il se débat sans espoir, il est le dernier de son espèce. Il est perdu […] Il s’agissait bien, dans cette pièce, de dénoncer, de démasquer, de montrer comment le fanatisme envahit tout, comment il hystérise les masses, comment une pensée raisonnable, au départ, et discutable à la fois, peut devenir monstrueuse lorsque les meneurs, puis dictateurs totalitaires, chefs d’îles, d’arpents ou de continents en font un excitant à haute dose dont le pouvoir maléfique agit monstrueusement sur le « peuple » qui devient foule, masse hystérique. (…)

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Rhinocéros, Ionesco, dénouement

Rhinocéros, Ionesco, dénouement

 

Je suis tout à fait seul maintenant. (Il va fermer la porte à clé, soigneusement, mais avec colère) On ne m’aura pas, moi. (Il ferme soigneusement les fenêtres.) Vous ne m’aurez pas, moi. (Il s’adresse à toutes les têtes de rhinocéros.) Je ne vous suivrai pas, je ne vous comprends pas ! Je reste ce que je suis. Je suis un être humain. Un être humain. (Il va s’asseoir dans le fauteuil.) La situation est absolument intenable. C’est ma faute, si elle est partie. J’étais tout pour elle. Qu’est-ce qu’elle va devenir ? Encore quelqu’un sur la conscience. J’imagine le pire, le pire est possible. Pauvre enfant abandonnée dans cet univers de monstres ! Personne ne peut m’aider à la retrouver, personne, car il n’y a plus personne. (Nouveaux barrissements, courses éperdues, nuages de poussière.) Je ne veux pas les entendre. Je vais mettre du coton dans oreilles. (Il se met du coton dans les oreilles et se parle à lui-même dans la glace.) Il n’y a pas d’autre solutions que de les convaincre, les convaincre, de quoi? Et les mutations sont-elles réversibles ? Hein, sont-elles réversibles ? Ce serait un travail d’Hercule, au dessus de mes forces. D’abord, pour les convaincre, il faut leur parler. Pour leur parler, il faut que j’apprenne leur langue. Ou qu’ils apprennent la mienne ? Mais quelle langue est-ce que je parle ? Quelle est ma langue ? Est-ce du français, ça ? Ce doit bien être du français ? Mais qu’est-ce que du français ? On peut appeler ça du français, si on veut, personne ne peut le contester, je suis seul à le parler. Qu’est-ce que je dis ? Est-ce que je me comprends, est-ce que je me comprends ? (Il va vers le milieu de la chambre.) Et si, comme me l’avait dit Daisy, si c’est eux qui ont raison ? (Il retourne vers la glace.) Un homme n’est pas laid, un homme n’est pas laid ! (Il se regarde en passant la main sur sa figure.) Quelle drôle de chose ! A quoi je ressemble alors ? A quoi ? (Il se précipite vers un placard, en sort des photos, qu’il regarde.) Des photos ! Qui sont-ils tous ces gens-là ? M. Papillon, ou Daisy plutôt ? Et celui-là, est-ce Botard ou Dudard, ou Jean ? Ou moi, peut-être ! (Il se précipite de nouveau vers le placard d’où il sort deux ou trois tableaux.) Oui, je me reconnais ; C’est moi, c’est moi. (Il va raccrocher les tableaux sur le mur du fond, à coté des têtes des rhinocéros.) C’est moi, c’est moi. (Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles. Bérenger s’écarte pour contempler les tableaux.) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, d’une nudité décente, sans poils, comme la leur ! (Il écoute les barrissements) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. (Il essaye de les imiter.) Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr ! Non, non, ce n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer, je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte ! (Il tourne le dos à la glace.) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité ! (Il a un brusque sursaut.) Eh bien, tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant :) Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas !

 

RIDEAU

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Rhinocéros , Eugène Ionesco , Acte 1

Rhinocéros, Eugène Ionesco, acte I

 

Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir à l’une des tables de la terrasse, un peu à droite et derrière Jean et Bérenger.
Bérenger, à Jean : Vous avez de la force.
Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisé. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pèse en réalité.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat.
Bérenger, à Jean : Moi, j’ai à peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-être.
Le Vieux Monsieur, au Logicien après avoir longuement réfléchi : Donc logiquement mon chien serait un chat.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai.
Bérenger, à Jean : La solitude me pèse. La société aussi.
Jean, à Bérenger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pèse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est très beau la logique.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser.
Bérenger, à Jean : C’est une chose anormale de vivre.
Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit.
Bérenger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares.
Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !… Ah ! ah !… (Gros rire) Ceux-là aussi vous pèsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ?
Bérenger: Je me demande moi-même si j’existe !
Jean, à Bérenger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat.
Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate.
Le Logicien : Vous voyez…
Jean, à Bérenger : Vous êtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intéresse pas. Quelqu’un, cependant, vous intéresse !
Bérenger : Qui ?
Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en êtes amoureux !
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate était donc un chat !
Le Logicien : La logique vient de nous le révéler.
Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste état où vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indifférent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit séduite par un ivrogne ?
Le Logicien : Revenons à nos chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous écoute.
Bérenger, à Jean : De toute façon, je crois qu’elle a déjà quelqu’un en vue.
Jean, à Bérenger : Qui donc ?
Bérenger, à Jean : Dudard. Un collègue du bureau : licencié en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cœur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes.
Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ?
Le Logicien : C’est donné par hypothèse.
Bérenger, à Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothèse !
Jean, à Bérenger : Et vous renoncez, comme cela…
Bérenger, à Jean : Que pourrais-je faire ?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ?
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou séparément ?
Jean, à Bérenger : La vie est une lutte, c’est lâche de ne pas combattre !
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Ensemble, ou séparément, c’est selon.
Bérenger, à Jean : Que voulez-vous, je suis désarmé.
Jean, à Bérenger : Armez-vous, mon cher, armez-vous.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Huit, huit pattes.
Le Logicien : La logique mène au calcul mental.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Elle a beaucoup de facettes !
Bérenger, à Jean : Où trouver les armes ?
Le Logicien : La logique n’a pas de limites !
Jean, à Bérenger : En vous-même. Par votre volonté.
Bérenger, à Jean : Quelles armes ?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Vous allez voir…
Jean, à Bérenger : Les armes de la patience, de la culture, les armes de l’intelligence. (Bérenger bâille) Devenez un esprit vif et vrillant. Mettez-vous à la page.
Bérenger, à Jean : Comment se mettre à la page ?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : J’enlève deux pattes à ces chats. Combien leur en restera-t-il à chacun ?
Le Vieux Monsieur : C’est compliqué.
Bérenger, à Jean : C’est compliqué.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : C’est simple au contraire.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est facile pour vous, peut-être, pas pour moi.
Bérenger, à Jean : C’est facile pour vous, peut-être, pas pour moi.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Faites un effort de pensée, voyons. Appliquez-vous.
Jean, à Bérenger : Faites un effort de pensée, voyons. Appliquez-vous.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je ne vois pas.
Bérenger, à Jean : Je ne vois vraiment pas.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : On doit tout vous dire.
Jean, à Bérenger : On doit tout vous dire.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Prenez une feuille de papier, calculez. On enlève six pattes aux deux chats, combien de pattes restera-t-il à chaque chat ?
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Attendez…
Il calcule sur une feuille de papier qu’il tire de sa poche.

Jean : Voilà ce qu’il faut faire : vous vous habillez correctement, vous vous rasez tous les jours, vous mettez une chemise propre.

Bérenger, à Jean : C’est cher, le blanchissage…

Jean, à Bérenger : Economisez sur l’alcool. Ceci pour l’extérieur : chapeau, cravate comme celle-ci, costume élégant, chaussures bien cirées.

En  parlant des éléments vestimentaires, Jean montre avec fatuité son propre chapeau, sa propre cravate, ses propres souliers.

Le vieux Monsieur, au Logicien : Il y a plusieurs solutions possibles.

Le logicien, au Vieux Monsieur : Dites.

Bérenger, à Jean : Ensuite, que faire ? Dites…

Le logicien, au Vieux Monsieur : Je vous écoute.

Bérenger, à Jean : Je vous écoute.

Jean,  à Bérenger : Vous êtes timide, mais vous avez des dons.

Bérenger, à Jean : Moi, j’ai des dons ?

Jean : Mettez-les en valeur. Il faut être dans le coup. Soyez au courant des événements littéraires et culturels de notre époque.

Le Vieux Monsieur, au Logicien : Une première possibilité : un chat peut avoir quatre pattes, l’autre deux.

Bérenger, à Jean : J’ai si peu de temps libre

Le logicien : Vous avez des dons, il suffisait de les mettre en valeur

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Lecture analytique Rhinocéros (Anthologie p 202) : la métamorphose de Jean

III Lecture analytique de l’extrait de l’anthologie p. 202 :acte II, tableau 2 :

la métamorphose de Jean

 

Passage-clé de l’œuvre, la scène de la métamorphose de Jean donne à voir l’irreprésentable et fait glisser la pièce vers la tragédie, même si les genres et les registres continuent à se mêler. Elle permet aussi de souligner le caractère vide des propos de Jean et de ses incitations à se cultiver repérées dans l’extrait précédent.

Une simple lecture théâtralisée par les élèves aidera à saisir son ambiguïté : les élèves seront sensibles à l’effet comique créé par l’onomatopée (« Brrr… »), par le jeu d’acteur indiqué dans les didascalies et par la rapidité de la scène ; ils peuvent néanmoins facilement cerner, par la lecture, l’horreur de la déshumanisation donnée à voir. Cette indécision permet de mieux comprendre la spécificité du théâtre absurde, qui parvient à nous faire rire de l’horreur, créant ainsi un sentiment de malaise que l’on retrouvera dans d’autres textes complémentaires ou d’autres lectures cursives (La leçon de Ionesco, En attendant Godot et/ou l’extrait de Fin de partie de Samuel Beckett disponible dans l’anthologie (p. 262)).

L’évolution du personnage de Bérenger est ici patente : son discours est empreint de valeurs humanistes ; il argumente et refuse de croire à la fin de l’humanité de son ami (« Vous plaisantez, vous faites de la poésie »). Car c’est bien en ami qu’il vient voir Jean et au nom de l’amitié qu’il tentera de lutter contre cette métamorphose. Jean, lui, répond à cette sollicitude par la violence, par le retour à la bestialité et par la volonté de destruction, au nom d’un état de « nature » supérieur aux « siècles de civilisation humaine » revendiqués par Bérenger. La parole laisse place au bruit, Jean s’exprime par slogans et par clichés (« Il faut dépasser la morale » ; « La morale est antinaturelle »…).

On peut à ce stade poser la question de la représentation en proposant une réflexion par groupe : Comment représenter cette scène ? Quels choix opéreriez-vous ? Quels effets souhaiteriez-vous créer sur le spectateur ? Vous argumenterez vos choix.

Aux propositions d’élèves l’on peut utilement confronter les mises en scène de Jean-Louis Barrault et d’Emmanuel Demarcy-Mota qui proposent des réponses tout à fait opposées à ces questions (voir DVD publié par le SCEREN –CRDP)

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L’humanisme est périmé? Rhinocéros Eugène Ionesco

« L’humanisme est périmé » ?…  

Approche d’une œuvre intégrale : Rhinocéros, Eugène Ionesco

 

 

Gwenn-Aëlle Geffroy,

Lycée Montebello, Lille

 

 Niveau : Première et  Troisième

 

Objet d’étude, thème du programme :

Au lycée on intégrera cette séquence dans les objets d’étude suivants :

– Le texte théâtral et sa représentation du XVIIème siècle à nos jours ;

– La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVIème siècle à nos jours ;

Au collège on pourra étudier cette pièce en classe de 3ème 

Troisième : De la tragédie classique au tragique contemporain

Objectifs généraux du projet : Comprendre les enjeux humanistes de la pièce ; lire une fable sur l’homme ; réfléchir aux liens entre texte et représentation

 

lecture

Lectures analytiques et cursives ; lecture de l’image 

culture humaniste / histoire des arts

Etude et confrontations de mises en scène

Types d’écrits travaillés

Invention ; Commentaire ; Dissertation

oral

 Mises en voix ; mise en jeu ; exposés et présentations de travaux

 

  I Pistes pour entrer dans l’œuvre :

 

A/ « La question de l’homme »

Les archives INA et plus largement le net fourmillent de documents photographiques ou vidéo représentant des images de foules fanatisées, par exemple sous le régime nazi d’Hitler. On peut d’ailleurs choisir la photographie d’August Landmesser, photographié le 13 juin 1936, lors de l’inauguration du navire Horst Wessel par Adolf Hitler à Hambourg : les bras croisés, dans une foule se tenant debout bras droits tendus, il refuse de faire le salut nazi : : http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/wp-content/uploads/2012/12/August-Landmesser-Hambourg-1936.jpg

On peut inciter la classe à une réflexion à partir de ces documents : comment expliquer qu’une foule se laisse ainsi fanatiser ? Qu’un homme résiste en silence ?

Les premiers échanges peuvent aider les élèves à établir un lien entre une réalité historique et la situation a priori absurde représentée dans Rhinocéros, situation dont ils ne perçoivent pas immédiatement les enjeux dès la première lecture.

B/ Lecture de l’exposition et jeu théâtral pour représenter l’acte I, pp. 34 à 40 de l’édition folio

 

Ce passage permettra de mieux saisir la progression tragique de la pièce ainsi que l’évolution du personnage de Bérenger, marqué d’abord par l’indifférence face au surgissement d’un insolite inquiétant.

C’est bien d’un conflit qu’il s’agit, mais traité sur le mode comique. On peut à ce stade proposer une première caractéristique du théâtre de l’absurde et l’étayer par la représentation de conflits dans La cantatrice chauve, par exemple entre Monsieur et Madame Smith au début de la pièce (la projection de la représentation de Jean-Luc Lagarce peut aider l’élève à bien cerner le comique). On axera la définition sur l’usage du langage et sur l’effet créé sur le lecteur-spectateur.

Selon le temps dont on dispose, on peut proposer une activité d’écriture qui permettrait de cerner la spécificité – et le « réalisme ! » – de l’écriture de Ionesco. Cette activité peut d’ailleurs lancer la lecture de l’extrait, en début de séance.

Vous écrirez une scène de dispute entre deux personnages ordinaires, que vous tenterez de rendre dénuée d’intérêt et comique, à la façon de Ionesco.

 

 

II Lecture analytique des pp 44 à 52 (acte I)  

lire  l’extrait :

On peut prévoir un court temps de lecture en groupe, à l’issue duquel certains sont invités à proposer une lecture théâtralisée de l’extrait. Celle-ci peut permettre de cerner assez rapidement les spécificités de l’extrait et les caractéristiques des personnages.

Ce passage de l’acte I permet d’approfondir la réflexion sur la spécificité du comique et de l’absurde de Ionesco : incohérence du dialogue entre le logicien et Le Vieux Monsieur ; juxtaposition des répliques et cacophonie des discours superposés.

En lien avec la réflexion sur l’homme et sur l’humanisme, on peut assister déjà dès ce début de pièce à une défaite de la pensée : absurdité de la leçon de logique ; folie de cette logique qui contamine l’ensemble du dialogue ; clichés, autoritarisme, ton sentencieux  et langage vide de Jean ; absurdité de sa leçon d’humanisme (cf p. 54 : Visitez des musées, lisez des revues littéraires, allez entendre des conférences […].En quatre semaines, vous êtes un homme cultivé » !).

Un personnage cependant retient notre attention : Bérenger, plus humain, moins « absurde » que les autres, présenté ici sous le signe du malaise existentiel. Lui seul se pose des questions sur lui-même, sur le sens de la vie, sur l’homme – il apparaît ainsi le seul humain véritable de la pièce en dépit de son aspect fondamentalement antihéroïque (lequel précisément le préservera de la rhinocérite).

Il serait intéressant, à ce propos, d’éclairer ce passage d’extraits d’entretien avec Eugène Ionesco lui-même, afin de montrer le lien entre ce personnage et son auteur. Ces extraits sont disponibles sur le DVD de la pièce édité par le SCEREN-CRDP de Champagne-Ardenne et la Comédie de Reims (Entrer au théâtre ; Texte et représentation ») ou sur le site de l’INA (http://www.ina.fr/video/CPC78052607 ).

A ce stade, peut être posée la question de la représentation de l’extrait : quels choix ont fait les groupes ? Quelles difficultés les élèves ont-ils rencontré ? L’échange peut introduire l’étude comparée de deux mises en scène différentes (celle d’Emmanuel Demarcy-Mota d’une part et l’une des nombreuses mises en scène disponibles sur le site You tube)

Un entraînement à l’écrit (et/ou à l’oral de l’EAF) pourrait consister à faire répondre à la question suivante : Trouvez-vous ce dialogue comique ? / Ce dialogue vous fait-il rire ?

III Lecture analytique de lextrait de l’anthologie p. 202 : acte II, tableau 2 : la métamorphose de Jean

 

Passage-clé de l’œuvre, la scène de la métamorphose de Jean donne à voir l’irreprésentable et fait glisser la pièce vers la tragédie, même si les genres et les registres continuent à se mêler. Elle permet aussi de souligner le caractère vide des propos de Jean et de ses incitations à se cultiver repérées dans l’extrait précédent.

Une simple lecture théâtralisée par les élèves aidera à saisir son ambiguïté : les élèves seront sensibles à l’effet comique créé par l’onomatopée (« Brrr… »), par le jeu d’acteur indiqué dans les didascalies et par la rapidité de la scène ; ils peuvent néanmoins facilement cerner, par la lecture, l’horreur de la déshumanisation donnée à voir. Cette indécision permet de mieux comprendre la spécificité du théâtre absurde, qui parvient à nous faire rire de l’horreur, créant ainsi un sentiment de malaise que l’on retrouvera dans d’autres textes complémentaires ou d’autres lectures cursives (La leçon de Ionesco, En attendant Godot et/ou l’extrait de Fin de partie de Samuel Beckett disponible dans l’anthologie (p. 262)).

L’évolution du personnage de Bérenger est ici patente : son discours est empreint de valeurs humanistes ; il argumente et refuse de croire à la fin de l’humanité de son ami (« Vous plaisantez, vous faites de la poésie »).

Car c’est bien en ami qu’il vient voir Jean et au nom de l’amitié qu’il tentera de lutter contre cette métamorphose. Jean, lui, répond à cette sollicitude par la violence, par le retour à la bestialité et par la volonté de destruction, au nom d’un état de « nature » supérieur aux « siècles de civilisation humaine » revendiqués par Bérenger.

La parole laisse place au bruit, Jean s’exprime par slogans et par clichés (« Il faut dépasser la morale » ; « La morale est antinaturelle »…).

On peut à ce stade poser la question de la représentation en proposant une réflexion par groupe : Comment représenter cette scène ? Quels choix opéreriez-vous ? Quels effets souhaiteriez-vous créer sur le spectateur ? Vous argumenterez vos choix.

Aux propositions d’élèves l’on peut utilement confronter les mises en scène de Jean-Louis Barrault et d’Emmanuel Demarcy-Mota qui proposent des réponses tout à fait opposées à ces questions (voir DVD publié par le SCEREN –CRDP)

 

IV Les personnages de Dudard et de Daisy – relecture de l’acte III : Travaux de groupes et/ou lecture analytique d’extraits

 

Avant la relecture de l’acte III, on peut commencer par une question s’appuyant sur la compréhension de l’œuvre :

Pourquoi Bérenger ne se transforme-t-il pas en rhinocéros ?,  puis distribuer un extrait de Notes et contre-notes dans lequel  Ionesco explique comment son ami Rémy de Rougemont a, après un temps, instinctivement refusé de céder au mouvement de foule, de fascination face à un discours d’Hitler.

On peut ensuite inviter certains groupes à travailler sur le personnage de Dudard ; les autres s’interrogeront sur celui de Daisy.  A l’issue du travail, il sera intéressant de rendre compte à la classe des réflexions menées.

 

Dudard : « Comprendre, c’est justifier » ; l’intellectuel qui refuse d’agir puis qui cède au fanatisme et aux sirènes des totalitarismes, après avoir tenté de « comprendre » les rhinocéros.

Consignes possibles :

1/ Relevez des phrases-clés qui vous semblent expliquer la métamorphose finale de Dudard.

2/ Qui représente ce personnage, selon vous ?

3/ Ionesco explique, dans un entretien, qui est Dudard et pourquoi il a créé ce personnage.

4/ Comment représenteriez-vous ce personnage ? Vous rédigerez les conseils qu’un metteur en scène donnerait au comédien incarnant Dudard.

 

Daisy : « Il n’y a pas de raison absolue. C’est le monde qui a raison, ce n’est pas toi, ni moi. »

1/ Relevez des citations de Daisy, dans l’acte III, qui illustrent l’évolution du personnage.

2/ Comment expliquez-vous cette évolution et son choix final ? Justifiez votre réponse.

3/ Comment représenteriez-vous ce personnage ?

4/ Analysez l’extrait représenté par Emmanuel Demarcy-Mota.

V Commentaire sur table du dénouement (monologue de Bérenger) : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! » ; « Malheur à qui veut conserver son originalité !»

Lire l’extrait 

C’est une fin tragique que nous propose Ionesco et il est intéressant de confronter les différentes interprétations de ce dénouement : certains élèves concluent à un héroïsme de Bérenger qui reste humain et qui se bat, même de façon dérisoire (et absurde). D’autres au contraire insistent sur la violence finale de Bérenger et sur son désir de céder lui aussi aux sirènes de la métamorphose qui mettent à mal l’humanité du personnage. On peut utilement lors de la correction leur faire écouter l’extrait d’entretien avec Ionesco où l’auteur défend l’humanité de son personnage, son caractère « humain trop humain », précisément pas héroïque.

La reprise en classe du texte mettra en évidence le mouvement du monologue : l’humanité du personnage, sa culpabilité ; le questionnement sur l’identité et le langage ; le dilemme : la tentation de la rhinocérite et les renversements de valeurs vers la lutte finale.

L’étude de l’espace scénique (les têtes de rhinocéros qui encerclent Bérenger mais aussi peut-être les spectateurs eux-mêmes) permet d’interroger la représentation possible de ce dénouement et de projeter la version d’Emmanuel Demarcy-Mota, en la confrontant à d’autres mises en scène (que l’on peut notamment trouver sur le site You tube)

 

Travail final : Devoir Maison

Vous réaliserez un travail sur Rhinocéros en proposant à votre tour des pistes pour une mise en scène de la pièce.

Vous rechercherez sur internet d’autres types de mises en scène que celles vues en cours et justifierez vos propres choix, en vous référant à vos analyses et interprétations des personnages, de l’intrigue et des conversations,  de la progression dramatique et surtout de la fin. Vous indiquerez quel type de métamorphose vous proposeriez de représenter et à quelle(s) rhinocérite(s) vous feriez référence.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, réaliser ce travail sous forme numérique.

Exemples de travaux: 

Exemple 1      Exemple 2    Exemple 3

Prolongements

Exposé sur le parcours d’Eugène Ionesco

I Lectures complémentaires :

Autour de la pièce :

–       Notes et contre-notes, Eugène Ionesco

–       Extraits d’entretiens avec Eugène Ionesco

Autour de l’absurde et sa réflexion sur l’homme (à relier au contexte historique) :

–       Dénouement d’En attendant Godot, Samuel Beckett

–       Dénouement de La leçon, Eugène Ionesco

–       Début de La cantatrice chauve,  illustré par la mise en scène par Jean-Luc Lagarce

Autour de la mort de l’homme, textes de l’anthologie :

–       Fin de partie, S. Beckett (anthologie p. 262/263)

–       Les Mots et les Choses, Michel Foucault (anthologie p.264/265)

–       Tristes Tropiques, Claude Lévi-Strauss (anthologie p.266/267)

–       Une bien faible humanité : Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme (anthologie p.218/219)

 

II Propositions de sujets de dissertation :

En quoi le théâtre fait-il réfléchir sur l’homme ?

Pensez-vous avec Ariane Mnouchkine que « le théâtre a charge de représenter les mouvements de l’âme, de l’esprit, du monde, de l’histoire » ?

 

III Représentation

Choix d’autres extraits de la mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota(ex. acte II, tableau 1)

Entretien avec le metteur en scène (extraits)

Fichiers joints :

–       Extrait de l’acte I              (lecture analytique)

–       lecture analytique  « la métamorphose de Jean » ; anthologie p 202

–       Dénouement

–       Extraits de Notes et contre-notes, Ionesco

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l’anthologie et les programmes de troisième

EN CLASSE DE 3ème

Les pistes d’exploitation possibles sont nombreuses pour :

– lire et étudier un roman contemporain porteur d’un regard sur l’histoire et le monde contemporain, à l’image du parcours « des écrans et des hommes » exploitant plusieurs textes et documents extraits de l’anthologie, ou encore de celui proposé autour de l’oeuvre de Didier Daeninckx, Cannibale.

– lire et étudier un récit d’enfance et d’adolescence. L’anthologie invite ainsi à relire quelques pages du journal d’Anne Franck (p. 138 à 141) dont on peut trouver ici quelques pistes d’exploitation, en particulier pour renouveler la lecture à partir d’une activité d’écriture.

Lire et étudier la chanson à texte pour répondre à l’entrée du programme : Nouveaux regards sur le monde dans la poésie contemporaine. L’anthologie invite à à lire par exemple une  chanson de Jean Ferrat Nuit et brouillard (p: 222) dans le cadre d’une séquence intitulée « Défendre son engagement à travers la chanson » 

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l’anthologie et les programmes de quatrième

EN CLASSE DE 4ème

Les oeuvres du XIXème siècle occupent une place de choix dans le programme et à travers elles la lecture de nouvelles réalistes et/ou fantastiques.

– La nouvelle est un genre qui invite à questionner l’acte même de lecture et la mise en écho de textes proposant une réflexion sur le rôle et la place des livres constitue ici un apport précieux.  Soulignons par exemple la présence dans l’anthologie d’un extrait de Ces murs qui écoutent de Spôjmaï Zariâb (p. 60-61) qui permet de questionner la place des livres avant de demander aux élèves de dresser leur portrait de lecteur en précisant le rôle que les livres peuvent avoir dans leur quotidien.

– Ce questionnement de l’acte de lecture est sans doute plus vrai encore en ce qui concerne les nouvelles fantastiques. Loin de se limiter à  « l’irruption du surnaturel dans un cadre réaliste », le fantastique interroge en effet la posture du lecteur et du spectateur en proie à ses propres doutes, à ses propres angoisses. Au delà de la peur, il est donc particulièrement intéressant de se demander quel monde la littérature fantastique donne à voir. N’y a-t-il d’ailleurs qu’une seule façon de voir le monde ? On pourrait ainsi mettre en écho à l’étude de nouvelles fantastiques du XIXème siècle, de Gautier à Poe en passant par Maupassant, la nouvelle contemporaine de Pierre Bordage, dont on trouve un extrait dans l’anthologie (p. 304-305). Cette résonance contemporaine nourrit et enrichit l’analyse du genre et ses enjeux. On pourra d’ailleurs se reporter à la lecture qui proposée de cette nouvelle.

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l’anthologie et les programmes de cinquième

EN CLASSE DE 5ème

L’aventure est un des thèmes majeurs de l’année, à travers la lecture de récits de voyage et la découverte d’un personnage, devenu presque un mythe : le personnage de Robinson. Les textes officiels invitent à faire lire, intégralement ou par extraits, Robinson Crusoé de Daniel Defoe ou encore Vendredi ou la vie sauvage de  Michel Tournier. Constituer un corpus sur le personnage de Robinson permet ainsi d’interroger les valeurs de l’aventure et à travers elle, le sens de la civilisation par opposition à la barbarie. Ce travail a tout à gagner à être enrichi du texte de Patrick Chamoiseau, extrait de L’Empreinte à Crusoé (p. 34-35), pour étudier un nouvel avatar du personnage sans oublier le personnage de Mondo imaginé par Jean-Marie Gustave Le Clézio dont on peut découvrir également un extrait (p. 68-69). N’oublions pas non plus la richesse de l’iconographie de l’anthologie. L’oeuvre de Fred Edwards, Education Still Life (p. 66) pourrait justement venir éclairer efficacement ce parcours d’étude en questionnant tout à la fois les valeurs de l’aventure et du voyage et celles de la connaissance et de l’éducation.

On pourra ici mettre en regard le travail lexical construit autour du mot « barbare », proposé certes pour le lycée, mais dont les démarches sont transférables au collège.

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l’anthologie et les programmes de sixième

EN CLASSE DE 6ème

Les programmes invitent les élèves à découvrir des oeuvres fondatrices  de notre culture et de notre humanité, en particulier L’Odyssée d’Homère. Si le récit des aventures d’Ulysse séduit les jeunes élèves, il est plus difficile de les faire s’interroger sur le sens de cette épopée et comprendre précisément en quoi elle est une oeuvre fondatrice. Les entrées de l’anthologie constitue des clés d’analyse particulièrement fécondes et accessibles : Ulysse n’est-il pas en effet celui qui invite à devenir humain mais aussi à le rester?

Les entrées de l’anthologie peuvent devenir ainsi autant de mots clés qui incitent les élèves, au terme de leur parcours d’étude,  à relire l’oeuvre pour en percevoir les enjeux. Elles les guident dans l’écriture d’un bilan personnel de cette oeuvre phare de la littérature mondiale.

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Interview fictive de Didier Daeninckx

Description de la démarche :

-Rédaction d’une interview de Didier Daeninckx, à la manière d’une émission de radio dans laquelle l’auteur parle de son métier et et développe ses idées. Ce travail d’écriture permet d’évaluer la lecture des élèves et le cheminement de leur pensée.

Le travail s’effectue en plusieurs strates, associant strates écrites et orales.

Ø  Un travail d’écriture en plusieurs jets successifs avec une aide apportée aux élèves pour bien exploiter la séance de lecture.

Ø  Un travail de correction et d’enrichissement à partir de l’étude de deux interviews de Didier Daeninkx aboutissant à un travail de correction collective.

Ø  Enregistrement, via le logiciel « Audacity », des deux projets les plus aboutis (cf fichiers audio joints)

-un exemple de production avec Bélinda dans le rôle de la journaliste radio et Angélique dans le rôle de l’attachée de presse de Didier Daeninckx : interview belinda et angélique

– un second exemple de production avec Valentine dans le rôle de la journaliste et Théo dans le rôle de Didier Daeninckx : interview val et théo

 

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Les dessins d’élèves de CE1 et leurs justifications à partir de la lecture de OASIS

Mme Gajewski, Notre Dame de Lourdes, CE1

Patricia Fauquembergue

Lycée Aire sur la lys

Séance préparatoire = en classe entière, le livre  « Oasis » de Thierry Lenain et Olivier André (Editions Nathan) a été lu par le professeur des écoles, puis des groupes sont constitués, les enfants à partir de dessins, résument un passage du livre, l’expliquent à la maîtresse, qui écrit sous la dictée des élèves. Le schéma narratif est ainsi reconstitué.

 

Exemples de dessins d’élèves pour illustrer leur réception de l’histoire 

Sans titre1

MARTHE CE1

Enzo
Enzo CE1

 

Sans titre3

Loïc CE1

 

Phrases sous dictée par le professeur sur proposition des enfants qui commentent leurs dessins 

 

 

  1. l’oasis se trouve dans le désert: Marthe, Claire, Arthur, Océane (dessine le désert nu)
  2. Les hommes en noir courent dans le désert : Siméon
  3. Les hommes en bleu courent dans le désert : Louis J, Matt, Yvan
  4. Les hommes en noir arrivent dans l’oasis : Alex, Louis G, Anaïs, Matthieu
  5. Les hommes en bleu attendent : Loïc
  6. Les hommes en noir partent et les hommes en bleu arrivent à l’oasis : Elise
  7. Les hommes en noir sont pris dans la tempête : Gabriel
  8. Les hommes en bleu profitent de l’oasis : Jean-Baptiste, Maxime, Enzo, Louise
  9. Les hommes en bleu dorment, les hommes en noir reviennent : Aurélien

10. Les 2 chefs boivent le thé, la lune sourit : Pauline, Carla, Hugo, Manon, Adam, Eva, Anna, Charles

 

 Les propositions sont  négociées  et permettent à la classe  d’écrire le scénario suivant :

Situation initiale = Les hommes en noir et les hommes en bleu courent dans le désert pour trouver l’oasis.

Evénement perturbateur = les premiers arrivés à l’oasis sont les hommes en noir.

Péripétie 1= les hommes en bleu arrivent sur le lieu eux aussi, après le départ des hommes en noir.

Péripétie 2 = les hommes en noir sont pris dans la tempête, alors que les autres se reposent à l’oasis.

Elément de résolution = les hommes en noir reviennent pendant la nuit à l’oasis.

Situation finale = les deux groupes d’hommes prennent finalement le thé ensemble.

 

 

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Accompagnement personnalisée en salle informatique

Démarche :

Cette séance se déroule en classe pupitre et lors d’une sénace d’accompagnement personnalisée .  A cet effet les élèves bénéficient d’un encadrement de deux enseignants

1. le professeur a demandé aux élèves de réaliser un montage. A l’aide d’images – au choix des élèves – à eux de retranscrire comment ils se représentaient le personnage de Montserrat, son action, ainsi que l’univers dans lequel il évolue. Les élèves spontanément ont exploité la dimension symbolique étudiée lors de la première séance.

 

 

L'image permet de montrer la façon dont je vois Montserrat : comme un prisonnier désirant  être libre   Pour moi, Montserrat représente ….... -  un héros -  il symbolise des valeurs humaines et morales = liberté, fraternité, amitié -  il est courageux car il est face a un « monstre » : Izquierdo -  il est seul = solitude -  il est prêt à se sacrifier pour sa cause : liberté pour le peuple vénézuéliens et Bolivar

L’image permet de montrer la façon dont je vois Montserrat : comme un prisonnier désirant être libre
Pour moi, Montserrat représente …….
– un héros
– il symbolise des valeurs humaines et morales = liberté, fraternité, amitié
– il est courageux car il est face a un « monstre » : Izquierdo
– il est seul = solitude
– il est prêt à se sacrifier pour sa cause : liberté pour le peuple vénézuéliens et Bolivar

2. Puis le professeur a demandé aux élèves  de choisir un avatar , qu’ils intègreraient à leur montage. A eux de déterminer où placer leur avatar : en Montserrat, loin de lui, en tant que spectateur, en tant que victime… Ce choix a permis de lancer la parole, le point de vue étant ainsi déterminé ( au départ, de façon inconsciente ).

Puis les élèves choisissent des avatars , constituent le montage et les  choix sont débattus

Montserrat est un soldat espagnol, qui pour sauver le peuple Vénézuélien a dû trahir son propre peuple. Mais dans l'ombre de cette trahison se cache un homme nommé Izquierdo, qui est prêt à tout pour pouvoir faire parler son nouvel ennemi: Montserrat.  Comment Montserrat parviendra t-il à rester muet et continuer sa « mission » jusqu'au bout, arrivera t-il à résister au terrible Izquierdo, ainsi qu'à sa torture psychologique ? Commentaire des choix: Pour nous la Colombe symbolise Montserrat car celle-ci représente la liberté, la paix, la force des sentiments et la pureté. Pour nous le Lion symbolise Izquierdo car celui-ci représente la méchanceté, la confiance en soi et la supériorité.  Pour nous l'image du fond représente la torture, le massacre des vénézuéliens par les Espagnols, ainsi que la mort. Lolita a choisi la Colombe (Montserrat) car elle se retrouve en Montserrat, elle est sentimentale, sensible, et aime se battre pour la liberté. (fusionnelle)  Camille a choisi le Lion (Izquierdo) car : Elle se retrouve en Izquierdo, elle aime avoir ce qu'elle veut à tout prix, impulsive, mêle-tout, et agressive. ( fusionnelle) Sofiane a choisi la neutralité car : Observateur

Montserrat est un soldat espagnol, qui pour sauver le peuple Vénézuélien a dû trahir son propre peuple. Mais dans l’ombre de cette trahison se cache un homme nommé Izquierdo, qui est prêt à tout pour pouvoir faire parler son nouvel ennemi: Montserrat.
Comment Montserrat parviendra t-il à rester muet et continuer sa « mission » jusqu’au bout, arrivera t-il à résister au terrible Izquierdo, ainsi qu’à sa torture psychologique ?
Commentaire des choix:
Pour nous :

– la Colombe symbolise Montserrat car celle-ci représente la liberté, la paix, la force des sentiments et la pureté.
–  le Lion symbolise Izquierdo car celui-ci représente la méchanceté, la confiance en soi et la supériorité.
– l’image du fond représente la torture, le massacre des vénézuéliens par les Espagnols, ainsi que la mort.
Lolita a choisi la Colombe (Montserrat) car elle se retrouve en Montserrat, elle est sentimentale, sensible, et aime se battre pour la liberté. (fusionnelle)
Camille a choisi le Lion (Izquierdo) car : Elle se retrouve en Izquierdo, elle aime avoir ce qu’elle veut à tout prix, impulsive, mêle-tout, et agressive. ( fusionnelle)
Sofiane a choisi la neutralité car : Observateur

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 → Comment rester Homme ?

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Choix des avatars pour représenter Monserrat

Montserrat est un soldat espagnol, qui pour sauver le peuple Vénézuélien a dû trahir son propre peuple. Mais dans l'ombre de cette trahison se cache un homme nommé Izquierdo, qui est prêt à tout pour pouvoir faire parler son nouvel ennemi: Montserrat.  Comment Montserrat parviendra t-il à rester muet et continuer sa « mission » jusqu'au bout, arrivera t-il à résister au terrible Izquierdo, ainsi qu'à sa torture psychologique ? Commentaire des choix: Pour nous la Colombe symbolise Montserrat car celle-ci représente la liberté, la paix, la force des sentiments et la pureté. Pour nous le Lion symbolise Izquierdo car celui-ci représente la méchanceté, la confiance en soi et la supériorité.  Pour nous l'image du fond représente la torture, le massacre des vénézuéliens par les Espagnols, ainsi que la mort. Lolita a choisi la Colombe (Montserrat) car elle se retrouve en Montserrat, elle est sentimentale, sensible, et aime se battre pour la liberté. (fusionnelle)  Camille a choisi le Lion (Izquierdo) car : Elle se retrouve en Izquierdo, elle aime avoir ce qu'elle veut à tout prix, impulsive, mêle-tout, et agressive. ( fusionnelle) Sofiane a choisi la neutralité car : Observateur
Commentaire des choix:
Pour nous :

– la Colombe symbolise Montserrat car celle-ci représente la liberté, la paix, la force des sentiments et la pureté.
– le Lion symbolise Izquierdo car celui-ci représente la méchanceté, la confiance en soi et la supériorité.
– l’image du fond représente la torture, le massacre des vénézuéliens par les Espagnols, ainsi que la mort.
Lolita a choisi la Colombe (Montserrat) car elle se retrouve en Montserrat, elle est sentimentale, sensible, et aime se battre pour la liberté. (fusionnelle)
Camille a choisi le Lion (Izquierdo) car : Elle se retrouve en Izquierdo, elle aime avoir ce qu’elle veut à tout prix, impulsive, mêle-tout, et agressive. ( fusionnelle)
Sofiane a choisi la neutralité car : Observateur

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Représentation de Montserrat

 

 

L'image permet de montrer la façon dont je vois Montserrat : comme un prisonnier désirant  être libre   Pour moi, Montserrat représente ….... -  un héros -  il symbolise des valeurs humaines et morales = liberté, fraternité, amitié -  il est courageux car il est face a un « monstre » : Izquierdo -  il est seul = solitude -  il est prêt à se sacrifier pour sa cause : liberté pour le peuple vénézuéliens et Bolivar

‘ Cette image permet de montrer la façon dont je vois Montserrat : comme un prisonnier désirant être libre
Pour moi, Montserrat représente …….
– l’héroïsme
– il symbolise des valeurs humaines et morales = liberté, fraternité, amitié
– il est courageux car il est face a un « monstre » : Izquierdo
– il est  seul
– il est prêt à se sacrifier pour sa cause :  la liberté pour le peuple vénézuéliens et Bolivar
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Lecture analytique du texte de Louis Armand

Véronique Perrin

lycée Voltaire, Wingles

La machine au service de l’homme

Introduction

Louis Armand (1905 – 1971) – Ingénieur, haut fonctionnaire et résistant français.  Il a fait des études supérieures à l’Ecole polytechinque. Il est dirigeant d’entreprises publiques, dans le domaine ferroviaire et de l’énergie atomique. Pendant la guerre, il organise le groupe « Résistance-fer » et sera arrêté par la Gestapo en 1944. Il sortira de prison  à la Libération de Paris et sera décoré de la Croix de la Libération. Au sortir de la guerre, il est nommé directeur général adjoint à la SNCF, puis directeur général en 1949. Il créera en 1957, la Société du tunnel sous la Manche. Un esprit tourné vers la recherche industrielle. En parallèle il a écrit des essais, dont Simples propos, paru en 1968.

Le texte = une réflexion sur le rapport entre l’homme et la machine dans le monde du travail

I.                   Un texte argumentatif rigoureux

Un texte qui présente toutes les caractéristiques d’un essai.

  1. Les marques d’un texte argumentatif

–          Des marques d’énonciation :

  •   Le présent d’énonciation ;
  • L’implication de l’émetteur : utilisation du pronom personnel « nous » + du vocabulaire d’appréciation : métiers odieux (L.11)  ; du vocabulaire connoté péjorativement (chiourme des galères, L.14) ou méliorativement (le maître de la puissance disciplinée, L. 18) + des modalisateurs (bien évidemment, L.30) + l’utilisation d’un ponctuation forte (exclamative : Quelle promotion pour le mineur {…} au pic ! (L.22)

–          Pas de « je » ; c’est le point de vue d’un technicien qui s’affirme, qui recherche une rigueur démonstrative plus que l’expression d’un ressenti personnel. D’ailleurs il invoque les statistiques (L.9)  (apparente objectivité) pour appuyer son propos. Il avance des preuves, prétend trouver la vérité  (L.10).

      2. La rigueur de construction du texte

–          La présence de connecteurs logiques qui structurent la réflexion : Bien au contraire. (L.4) Alors en effet (L.27)… + la ponctuation : les « : » à valeur explicative (L.4)

–          Un vocabulaire du raisonnement : deux thèses (L.9), la preuve (L.6), exemples (L.13), conclure (L.3) …

–          Un plan rigoureux :

1er § : présentation de deux thèses opposées ayant cours : ceux qui pensent que la machine soum(et) l’homme à un esclavage de plus (L.4)   –  les techniciens qui, eux, pensent que la machine a libéré l’esclave (L.5).

2ème § : la prise de position personnelle – la démarche typique de l’essai : repartir des différentes analyses existant et se positionner face à elles → a priori une position nuancée : Ni l’une ni l’autre de ces deux thèses ne sont tout à fait vraies, ni tout à fait fausses (L.9) Malgré tout, il se range à la seconde : c’est la seconde qui contient la plus grande part de vérité (L.10) On pouvait déjà prévoir ce ralliement car la première thèse émanait du pronom indéfini « on », ce qui lui ôtait  toute crédibilité (une sorte de rumeur) tandis que la seconde est celle des techniciens, des spécialistes, dont Armand fait partie.  Le commentaire adjacent, entre tirets, -il y en a sans doute et elles sont lourdes- (L.13)  témoigne de sa volonté de nuancer sa position.

Les deux  arguments d’Armand : 1. La technique a créé beaucoup moins de métiers ingrats qu’elle n’a supprimé de métiers odieux  (L.10/11) → un premier argument portant sur les conditions de travail (elle supprime les métiers odieux ; elle améliore les conditions de travail des métiers qui perdurent)  – 2.  La machine permet l’accès à un monde supérieur  (L.19) → le second argument est d’ordre psychologique : estime de soi

Les exemples : le propos s’appuient sur des exemples précis : la chiourme des galères (L.14);  mineurs de fond, chauffeurs de locomotive (L.14/15) Il prétend pouvoir citer mille exemples (L.17),  hyperbole  qu’il ne justifie toutefois pas.

La conclusion   :  le  paragraphe (L.24/26) reprend les deux arguments ; l’avant-dernier § reprend le second sous forme analogique.

La restriction finale : elle concède un contre-argument mais finalement renforce la thèse : la machine n’éveille, bien évidemment, de tels sentiments que chez ceux dont elle adoucit les conditions de travail, en même temps qu’elle les élève. (L.30/31) Les métiers nés conjointement  à l’apparition de la machine (par exemple routier) ne ressentent pas forcément cette amélioration, d’où la nécessité d’œuvrer  constamment pour une amélioration des conditions d’utilisation de cette machine  (par exemple, confort, sécurité pour le camionneur).

II.                La question de l’esclavage

  1. Une dialectique fondamentale

–          Le texte est parcouru par un  mouvement dialectique : esclavage / libération, ce qui transparaît par les champs lexicaux :

Soumis l’homme à un esclavage de plus (L.4)  –  mille servitudes (hyperbole) (L.5)  – sujétion qu’elle impose (L.13)…

VS

La machine a libéré l’esclave (L.5) – délivrance (L.19)

+ le verbe permettre (L.5) , la préposition grâce à (L.6) … qui rendent  positive l’action de la machine

2. L’esclavage aux yeux des détracteurs du machinisme :

–          Alors que les détracteurs de la machine voient le nouvel asservissement dans  la nature- même  des tâches effectuées sur une machine :

  • Surveillance → un ouvrier rivé à une machine-outil dont il se borne à surveiller la marche (L.1/2) . L’adjectif « rivé », le verbe « se borner » soulignent l’aspect réducteur et abrutissant du travail, sans  aucune créativité.
  • Déshumanisation → travail répétitif : à moins qu’il n’accomplisse un geste unique, mécaniquement (L.2/3)  ; l’homme ne travaille plus sur une machine censée être son « outil » ; il devient machine lui-même.

–          L’objectif implicite : cette aliénation de l’homme par la machine est finalement celle de l’homme par l’homme :  ceux qui ont inventé ce genre de travail étaient des impitoyables, insensibles à toute culture (L.3) . Le technicien devient alors un homme cruel, sans humanité  (négation de la culture humaine), au service sûrement d’impératifs économiques : la notion de  rendement  (L.15) apparaissant plus loin.

3.  L’esclavage vu par L Armand :

–          Louis Armand reprend ainsi la conception antique : Soumis l’homme à un esclavage de plus  (L.4) → l’adverbe suggère que la machine est un nouvel esclavage venant s’ajouter à celui inhérent au travail.

–          La pensée d’Armand est finalement proche de celle des Anciens : l’homme a besoin d’esclaves (mais cette fois-ci il s’agit d’esclaves mécaniques (L.7), périphrase désignant la machine) pour se libérer des  fonctions primaires, nécessaires, mais qui  ne sollicitent que la force musculaire (L.11/12) du travailleur, sans que son intellect entre en action. L’homme est alors proche de l’animal. L’exemple pris est manifeste : la chiourme des galères (L.14), c’est-à-dire une catégorie d’hommes à laquelle on déniait son statut humain (puisqu’il s’était mis en marge de la société)

–          L. Armand insiste beaucoup sur la peine humaine : le rendement du travail n’est plus fonction simple de la peine humaine (L.15). Il évoque une véritable délivrance (L.19)grâce à la machine qui se substitue  à son effort (L.19).

–          Aux yeux de L. Armand, mieux vaut un métier ingrat (L.11) qu’un métier odieux (L.11) : si le premier est regrettable, le second est intolérable (gradation dans le jugement de valeur) car avilissant, portant atteinte à la dignité humaine, l’homme étant alors considéré comme du bétail.

–          Ces métiers disparaissent ou s’humanisent (L.12)  : loin d’asservir l’homme, la machine lui rend son humanité. La mécanisation est donc compatible avec l’humanisme.

III.             L’estime de soi : pour un nouveau statut du manœuvre

–          Pour L. Armand l’estime de soi est tout aussi importante que l’amélioration des conditions de travail.

 

  1.  Un jeu de désignations nouvelles

–          Par périphrases, la machine devient  l’esclave mécanique (L.7)  ; l’ouvrier devient le maître de la puissance disciplinée (L.18), alors que certains le voient, par antithèse,  comme un simple maillon (L.18) : l’image du maillon renvoie à la parcellisation du travail, à l’encontre de l’artisanat où l’objet est conçu de A à Z par la même personne. L’homme devient donc le  maître d’une machine, déjà toute puissante, par l’énergie qu’elle dégage.

–          La « machine-outil  (L.2)  est alors vue comme un auxiliaire(L.16) , terme mélioratif ; elle aide et se met au service de l’homme.

2.  Promotion sociale :

–          Il y a double promotion :

  • D’une génération à l’autre, l’ouvrier peut mesurer combien  le progrès technique lui facilité la tâche   : du pic  à la haveuse  (L.22) dans les mines ; de la locomotive à charbon au train électrique…
  • Il se sent supérieur à la machine, qu’il dirige :  Il n’est plus le dernier dans la hiérarchie du travail.(L.25/26)  Il faut une qualification particulière pour travailler sur une machine (O.S.) ;   l’ouvrier est investi d’une responsabilité.

–          La promotion sociale s’exprime aussi au moyen d’une analogie militaire :  de fantassin (bas de la hiérarchie militaire) , l’ouvrier se sent devenir cavalier (élite). L’analogie est générée par la polysémie du mot « cheval »  dans l’unité de  puissance :   chevaux-vapeur  ou chevaux électriques  (L.26) . L’homme accède alors  à un monde supérieur (L.19) ;  … en même temps qu’elle les élève. (L.31)

 

3.   Le bonheur  de l’homme   (la quête d’un certain  humanisme)

–          La machine offre ainsi  à l’homme bonheur et épanouissement : Satisfaction professionnelle  (L.20) ; contentement intime (L.20) .

–          Il appartient  au monde  de la modernité( métier moderne ; métier technique, L.1) , joue pleinement son rôle dans une société où  le nombre (de machines) caractérise précisément le niveau de civilisation matérielle d’un pays (L.7) .  Selon Armand, la richesse d’un pays est tributaire de son degré de développement technologique. En tant que  maître de la puissance disciplinée,  l’ouvrier  participe à l’instauration de la civilisation.

–          Le technicien Armand  insiste sur l’importance de l’énergie  : c’est la production d’énergie qui crée la puissance économique d’un pays. Toute activité humaine est énergie ; la machine permet de décupler celle-ci : il s’agit de chiffrer l’énergie dont dispose  aujourd’hui l’homme grâce à la machine (L.6)  L’homme se libère et s’élève en substituant à sa propre énergie celle des machines, décuplée, et qu’il domine.

–          Il y a ainsi, grâce à la machine, adéquation entre le rendement (L.15) économique  et le respect de la dignité humaine. Alors,  Il y a progrès social, place faite pour la culture (L.16),  en redonnant à l’homme  sa vraie dimension spirituelle.

Conclusion :

–          La position d’un technicien : la machine libère davantage l’homme qu’elle ne l’asservit et elle lui permet de se valoriser ;

–          Une volonté de nuance : il ne nie pas que le travail mécanisé puisse être « ingrat », comporte des « sujétions » « lourdes ». Il faut donc œuvrer constamment pour améliorer les conditions de travail sur les machines ;

–          Un point de vue présenté comme une démonstration mais malgré tout une subjectivité (cf. résumer la  civilisation  à la  civilisation matérielle) ;

–          Un texte qui propose une position diamétralement opposée à Céline ou à Chaplin

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Entrer dans la lecture intégrale de Cannibale de Daeninckx

Etapes de la démarche pour entrer dans l’étude de Cannibale de Daeninckx

Carole Guérin

Collège Mendès France Tourcoing

 Tout démarre par une séance de lexique : savoir questionner le sens des mots pour parvenir à problématiser l’étude d’une œuvre

 

L’activité lexicale va constituer ici le moyen d’entrer dans la relecture de l’œuvre. L’objectif est d’en faire le levier pour renouveler le regard que les élèves portent sur le roman après validation de la lecture cursive :

1-  Quel sens donner au verbe « coloniser »? Comment construire une définition?

2- Comment aider les élèves à développer une posture réflexive  face à la pluralité des ressources numériques à disposition?

3- Comment exploiter les définitions d’un mot? Comment s’en servir pour construire le projet de relecture du roman?

 

  • Première étape : définir le mot coloniser

Le premier travail a pour but de parvenir à une définition du mot en s’appuyant sur une exploitation de dictionnaires électroniques. En salle pupitre, les élèves vont chercher un document de travail dans le dossier commun de la classe. Chacun le complète personnellement.

Pour tenir compte de la diversité des profils de la classe, un contrat minimal est donné visant à fixer les savoirs fondamentaux. Chacun doit parvenir à reformuler personnellement le sens du verbe, en s’appuyant sur la famille du mot.

L’objectif de l’activité est double :

–          apprendre aux élèves à construire une définition avec rigueur, précision et clarté

–          permettre aux élèves de s’interroger véritablement sur le sens des mots grâce au travail de reformulation et de synthèse des différentes sources

  • Deuxième étape : développer réflexion et esprit critique

L’objectif est de faire en sorte que les élèves dressent un bilan de la première activité proposée en comparant les différents dictionnaires électroniques exploités. Chacun s’appuie sur ses propres recherches.

C’est cette activité de comparaison qui va préparer les élèves à développer une nouvelle posture réflexive.

Il s’agit ensuite de mutualiser les travaux pour aboutir à une définition commune du verbe « coloniser ». Les élèves convoquent synonymes, antonymes, famille du mot comme autant d’indices pertinents pour faire avancer le débat et parvenir à une définition négociée collectivement.

 

  • Troisième étape : problématiser une lecture en s’appuyant sur le sens d’un mot et ses emplois

Il s’agit de dresser un bilan complet en reprenant la définition du verbe « coloniser » issue de la négociation collective et de la confronter à la définition présente dans le roman, délivrée par l’adjoint du gouverneur.

Cette confrontation va permette d’interroger le roman : que peut nous apporter la lecture de ce roman? Quelles peuvent être les intentions de l’écrivain?

Pour faciliter le débat, un document de synthèse est vidéo-projeté, reprenant quelques éléments de réponses trouvés par les élèves dans la phase de recherche initiale.

Les élèves sont invités à analyser les valeurs associées au mot selon le contexte dans lequel il est employé.  Ce travail d’analyse est enrichi par l’apport de documents iconographiques (contexte d’époque et images de l’autreet surtout par la lecture de l’extrait du roman de René Maran.

Dans ce roman en effet, le narrateur est un « colonisé » et permet d’envisager de « l’intérieur » les ravages de la colonisation.

Les élèves sont invités à rendre compte de leur compréhension globale de l’extrait pour détailler le contexte de la rencontre entre Batouala et les « maudits Blancs ». Il s’agit ensuite de les amener à interroger les conséquences de cette rencontre : tristesse, soumission et anéantissement de toute culture « par tout le pays noir ». Tout l’intérêt est de mettre ce texte en regard du roman de Daeninckx en demandant aux élèves ce que représente la danse pour les colonisés, à la lumière du texte de Maran et pour les colonisateurs, à la lumière des ordres donnés par le gouverneur lors de l’exposition coloniale dépeinte par Daeninckx.

  • Bilan et réinvestissement

La lecture de ce texte conduit donc les élèves à appréhender la tragédie de la colonisation et leur permet, dans une ultime étape, de poser les questions qui vont accompagner l’étude du roman :

–          un roman engagé?

–          un roman ou un réquisitoire?

–         un roman qui porte un regard sur l’homme ou sur la barbarie?

L’étude peut commencer…

 

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Propos d’élèves : des écrits intermédiaires pour relancer le débat

SOMMMES-NOUS DEPENDANTS AUX JEUX VIDEO ?  

Pourquoi sommes-nous tant attirée par les jeux ? (par Frédéric)

Les jeux attirent comme un moustique est attiré par le sucre. Ils nous envoûtent pour devenir maître de nous : les concepteurs font exprès de créer des jeux innovants qui nous attirent, qui nous donnent envie de jouer sans s’arrêter.

En plus de ceci la technologie fait elle aussi des miracles en augmentant les pixels,  ce qui fait que les

personnes se croient de plus en plus dans la réalité et que ses personne ne veulent plus décrocher.  Avant que la télévision, l’ordinateur , la console de jeux ne soient inventés, il y avait sans doute moins de dépendance.

Nous ne sommes pas tous dépendants dès que nous jouons, nous le devenons au moment où l’on ne peut pas dire «j’arrête ».

 

l’art des jeux vidéo (par Valentine)

Nous avons regardé un document  sur lequel il y avait toute l’évolution des jeux vidéo, passant par la Nintendo DS ou encore Mario. Mais la technologie a encore progressé, comme toujours devrais-je dire, et les jeux vidéo sont passés de la 2D à la 3D ; ce qui permet de créer et d’admirer des images plus réalistes, plus riches et plus modernes avec des contrastes plus grands. Les jeux deviennent des tableaux d’artistes.

 La séance d’aujourd’hui nous a également permis de découvrir plusieurs textes avec des personnes qui ont vécu du stress, des chocs émotionnels ou encore affectueux et qui se rabattent sur les jeux vidéo. A partir de leur vécu, nous avons pu apprendre que le jeu vidéo peut gâcher la vie,  que ce soit celles des adolescents ou des adultes. Je pense donc que ce serait bien de faire des petites initiations,  je ne dirais pas de  «contaminer» les gens, car ce n’est pas le but de rendre accro les personnes qui débutent. Tout ça permettrait de faire découvrir aux personnes qui n’y connaissent pas grand-chose, voire très peu, tous les dangers et les risques des jeux vidéo, notamment la perte de contrôle. Chacun apprendrait aussi à apprécier ces jeux, qui font partie de notre vie, et qui sont devenus un art.

 

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Le jeu vidéo, un art?

Bienvenue chez les gamers anonymes

Extraits d’un article paru dans The fix, New York, par Bryan Le, repris dans Courirer international (hors-série, oct-dec 2013, sur le thème  » La vie est un jeu »)

Aujourd’hui, le jeu vidéo est aussi largement consommé que l’alcool. Mais est-il aussi addictif, ou en passe de le devenir ? Le débat enflamme les spécialistes. Les jeux actuels sont conçus dans un objectif simple : occuper le joueur des heures durant. Avec leurs budgets dignes de blockbusters hollywoodiens, ils n’y parviennent que trop bien et monopolisent excessivement l’attention, accusent certains.
Certaines histoires sont édifiantes, telle celle de ce Texan qui a raconté à The Fix comment son couple et sa carrière ont fait les frais de sa passion pour World of Warcraft (WoW). En 2001, ce chauffeur routier est mis en arrêt de travail en raison d’une blessure au dos et il cherche un moyen de se distraire chez lui entre deux opérations. Souffrant aussi d’un syndrome de stress post-traumatique consécutif à son passage dans l’armée, il aime avoir l’esprit occupé en permanence. WoW devient sa distraction favorite : « A compter de ce jour-là, si je n’étais pas devant l’ordinateur, c’est que soit je dormais, soit j’étais dans la salle de bain. »
Cela va durer des années, jusqu’à son épouse lui pose un ultimatum : soit il quitte son écran, soit il quitte le domicile conjugal. Le soir même, il fait ses valises et abandonne sa femme et sa fille. […]
Aux Etats-Unis, on recense aujourd’hui 211 millions de joueurs de jeux vidéo, soit plus des deux tiers de la population. Parmi eux, environ 3%, soit 6,3 millions, ont une pratique « pathologique » du jeu. […] Hillarie Cash, co-PDG de reSTART, un centre de désintoxication des jeux vidéo situé à Fall City, dans l’Etat de Washington, dit accueillir très majoritairement des hommes âgés de 18 à 28 ans.
[…]. A quoi tient cette passion dévorante ? Les jeux vidéo procurent une poussée d’adrénaline quand on gagne, sans avoir la moindre conséquence concrète quand on perd. Des scanners cérébraux montrent tout le bien-être qu’apporte la victoire : elle stimule les voies nerveuses productrices de dopamine, l’hormone du plaisir qui joue précisément un rôle clé dans le processus de la dépendance.
Ces dépendances comportementales sont amplifiées dans le cas d’interactions avec d’autres jeux de rôle en ligne massivement multijoueur, où des millions de joueurs peuvent s’affronter ou s’entraider dans un monde imaginaire et virtuel.
Vis-à-vis de la dépendance, Hillarie Cash incrimine moins la conception des jeux que l’addiction elle-même. Comme toutes les personnes dépendantes, ses patients présentent une prédisposition (génétique, par exemple) et souffrent aussi pour la plupart de troubles mentaux, notamment de trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité, de phobie sociale ou de dépression, qui les rendent plus vulnérables encore. Le jeu vidéo devient tout simplement leur « substance » favorite. « Mais le plus frappant, c’est que, plus ils ont commencé tôt à jouer, plus ils sont susceptibles de tomber dans la dépendance. », note-t-elle. Aaron Delwiche , professeur de culture du jeu vidéo à l’université de Trinity, à San Antonio (Texas), balaie cette idée d’un revers de la main. « Dans notre culture contemporaine, ce ne sont pas les possibilités qui manquent pour les comportements compulsifs ou, assure-t-il. Bien sûr, on peut soutenir une théorie alambiquée sur les endorphines et la dopamine pour dire qu’il existe des parallèle avec la dépendance physique, mais ce sont deux choses totalement différentes. » Avant de médicaliser le jeu vidéo, recommande Delwiche, il vaudrait mieux engager des actions de prévention afin de sensibiliser la population aux effets de la révolution numérique sur le quotidien. « Il est clair que quelque chose est en train de changer chez l’être humain, dans le lien que nous entretenons avec nos machines. » Il préconise une stratégie de réduction des risques. « Dès lors que le joueur comprend que nous ne cherchons pas à le priver totalement du plaisir qu’il tire du jeu, il est plus enclin à trouver du temps pour interagir avec nous, dans le monde réel. »
[…] Pourtant, certains joueurs préfèrent l’abstinence. Après avoir quitté sa femme et sa fille en 2007, notre Texan accro à World of Warcraft a continué à ne vivre que par et pour sa passion –jusqu’à un soir de 2010. « J’ai reçu un coup de téléphone de ma fille, qui habite à plus de 1500 kilomètres. Je ne la vois pas souvent, et c’est rare qu’elle m’appelle, raconte-t-il. C’est mon répondeur qui a pris le message, je me suis retrouvé à écouter la voix de ma fille qui me disait : « C’est dommage, je t’ai raté. » J’ai eu les larmes.